Chapitre III

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 La pluie avait cessé pour laisser une ambiance nocturne calme. Près des arbres, se jouait le concert des cigales et le pollen voyageait un peu partout près des bandes de lucioles brillantes comme les étoiles. Les deux frères étaient rentrés après avoir fait un petit tour à l'écurie pour nourrir les chevaux. Leur rire se faisait entendre dans le village où, peu à peu, chacun gagnait son lit. Comme d'habitude, un feu était allumé au centre du campement pour les derniers réveillés qui parlaient de légendes ou de situations plus sérieuses, comme la gestion de la nourriture ou autre chose de ce genre. Ils furent étonnés, car ils n'y trouvèrent pas leur père qui avait l'habitude de se joindre à eux. L'un de ces derniers s'approcha des deux jeunes hommes avant de leur dire ;

- Le Grand Chef est parti dans son tipi. Il ne se sentait pas très bien...

Aussitôt, les deux frères accoururent et entrèrent dans le tipi sans même prévenir de leur arrivée. Ils trouvèrent leur père, étalé sur son lit, l'air blafard. Flèche tranchante alla vite poser une main sur son front ;

- Vous êtes brûlants, dit-il, avez-vous mal à la tête ?

- Une étrange faiblesse me gagne depuis deux heures déjà, répondit le vieil homme d'une voix fatiguée, je marchais vers mon tipi et je n'arrivai d'un coup plus à marcher.

L'inquiétude avait gagné les visages des deux frères. Loup Solitaire semblait plongé dans ses pensées jusqu'à ce qu'il prît la parole ;

- Père, vous avez peut-être attrapé la fièvre des rivières?

Fleur Givrée entra soudainement, tenant un petit bol de soupe à la main. Elle vint s'asseoir à côté de sa famille, essora un tissu flottant dans un récipient rempli d'eau et le posa doucement sur le front de son père. Elle saisit délicatement la cuillère en bois pour aider ce dernier à manger et sans le regarder, elle répondit à sa question ;

- Si c'est le cas, il nous faut l'antidote avant trois jours, sinon la maladie deviendra mortelle...

Flèche tranchante se redressa avant de s'exclamer ;

- Quel est cet antidote et où pouvons-nous le trouver ?

Le visage de sa petite sœur s'assombrit comme une bougie qu'on aurait éteinte subitement.

- Il nous faut une Fleur de Lune, elle a les pétales blancs avec une nuance de bleu près du pistil, dit-elle, le problème est qu'elles sont très rares, elles fleurissent entre le printemps et l'été et le seul endroit où j'en ai aperçus, c'est sur la colline au Sud, à l'ouverture des chaînes des montagnes, là où notre tribu donne ses rencontres avec celle des Apaches de l'Ouest. Elle est à presque deux jours d'ici à cheval.

- Je connais un raccourci pour arriver là-bas, affirma Loup Solitaire, mais il nous faut partir sur -le- champ !

Aigle Foudroyant prit la main de son fils, l'air toujours mourant ;

- Faites attention, le sol est devenu très glissant avec la pluie, les chemins en pente sont risqués à cheval.

- Ne t'inquiète pas, père, je connais les sentiers comme je connais mon tipi.

Les deux frères firent leur au revoir à leur père et s'en allèrent ;

- Prends soin de lui, petite sœur, dit Flèche tranchante avant de refermer l'ouverture, et ne laisse personne rentrer dans le tipi pendant notre absence.

Elle acquiesça d'un geste de la tête. Quand ils eurent disparu, elle ferma les yeux et murmura doucement ;

- Faites vite mes frères, faites vite.

Proie humaineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant