La dame en noir

Cauchemar

Il reste là, pétrifié, les yeux emplis d'horreur. Je m'en délecte. Cela fait des mois que je hante ses nuits, sans pouvoir l'approcher, sans même pouvoir le toucher. Je suis son cauchemar, qu'il croit toujours voir en dormant. Et son cauchemar est devenu réalité. Cette nuit est ma seule et unique chance. Ça fait tellement longtemps que je l'attends! Je peux me re-canaliser, je sens peu à peu mes forces revenir. Bientôt, j'aurais repris consistance, et terminée ma tache. En commençant par lui. Mais je dois encore attendre, juste quelques minutes. Je ne suis plus à cela près.

***

C'est impossible, c'est un cauchemar...mon cauchemar ! Je dors là, c'est obligé. Je n'ose plus bouger. Je me rappelle d'une vieille tactique pour se réveiller; se pincer le bras. Mais je n'ose pas bouger, de peur qu'elle ne me saute dessus. Elle ne l'a jamais fait pourtant. Je ne peut discerner son visage, qui est caché dans l'ombre... D'ailleurs je ne l'ai jamais pu. Mais c'est la première fois que je la vois comme ça! Normalement je ne fais que l'entrevoir pas l'embrasure de la porte, jouant avec ma peur. Alors que là, elle est postée devant moi, et ne bouge pas. Je dois savoir si c'est encore mon sommeil qui me joue des tours. N'osant pas bouger le bras, je me pince de toutes mes forces la cuisse, ma mains étant reposée dessus. Non ! C'est impossible ! J'ai envie de hurler, mais personne ne m'entendrait de toute manière. Tout le monde est en ville, à fêter Halloween. Pourquoi je ne les ai pas accompagné ? ! Je ne sais pas... Je ne sais plus... Je suis tout seul dans cet internat lugubre, dans ma chambre grise, celles des insolents et des cancr....

DÔNG... DÔNG... DÔNG... DÔNG... DÔNG... DÔNG... DÔNG... DÔNG... DÔNG... DÔNG... DÔNG... DÔNG.

Minuit. Il n'y a pas plus glauque quand on est en face de son cauchemar...mais était-ce un cauchemar ? Si ça se trouve, je ne dormais pas toutes ces nuits. Ou à peine une heure peut être, jusqu'à ce qu'elle ne vienne me réveiller. Je pense que si j'ai mis ça sur le dos des cauchemars, c'était pour me protéger de la peur. Si ce n'était que des cauchemars, alors pourquoi suis-je si fatigué lors des cours? Comme si je n'avais pas dormi, les yeux entourés de profondes cernes bleus. Pourquoi je m'endors au réfectoire lors des cours? Pourqu...

***

Minuit, enfin, je vais pouvoir me venger. J'ai soif de sang, hâte de voir couler cette or rouge écarlate sur le sol. Hâte de pendre tous ses gosses, un par nuit, jusqu'à ce qu'il se décident à quitter les lieux, et de voir la terreur de tous leurs camarades se refléter au fond de leurs yeux. Je m'approche. Juste d'un pas. Il ne bouge pas. Téméraire... ou terroriser?  Comment m'occuperais-je de lui? Pendu ? Non, il faut de l'originalité. Mon couteau ? Changeons un peu de tactique. Je suis curieuse de savoir si on peut mourir... de peur. Sûrement