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PDV ÉMILIE

Mon regard reste scotché sur le plafond blanc. Il est déjà 16h et ça doit déjà faire plusieurs heures que je suis là-haut, dans la chambre. À ne rien faire. J'ai tenté de me divertir avec la télévision qui est accrochée au mur mais il n'y a aucun contenu intéressant.

Je me redresse lentement, et j'étouffe un cri de douleur quand je sens mon épaule se mettre à brûler comme si elle était vraiment enflammée. Je pose ma main dessus après avoir étiré le col de mon t-shirt. Mais ça ne fait que renforcer la douleur. Mes yeux se plissent sous la pression et je me lève violemment, trébuchant presque sur la couette en me précipitant dans la salle de bain.

J'ouvre le robinet et arrose mon épaule d'eau froide. Avant de m'arrêter soudainement.

Quand je remarque que ce n'est pas mon épaule qui me brûle. C'est toute ma marque.

Qui transcende totalement mon corps. Je serre de toutes mes forces le robinet en espérant que la douleur se tarisse. Mais il n'en est rien ; au contraire elle me fait mal de plus en plus.

J'essaye de respirer, de souffler, pour me calmer.

Il m'a prévenue que j'aurais mal. Je le savais, et je ne l'ai pas écouté.

Et tout ça, c'est à cause de lui. De lui et de tout ce qu'il a fait.

Des points noirs obscurcissent ma vue. Tandis que tout mon esprit appelle à l'aide.

Je continue de projeter de l'eau glacée sur ma peau, sans vraiment voir ce que je fais. J'applique même le tissu de mon haut sur la marque pour atténuer la douleur. Mais plus je la touche plus elle grandit. Me donnant envie de hurler.

C'est pire. Pire que toutes les autres blessures, internes comme externes, que j'ai eues de toute ma vie.

Je souffre. Le martyre.

Mais je serre le lavabo de toute mes forces, risquant même de laisser la trace de mes doigts sur la céramique.

J'enflamme. Complètement.

J'ai envie de hurler, mais je me contiens du mieux que je peux.

Les minutes passent et tous mes sens sont en alerte. Quand je me rends compte que je ne respire plus et que je tremble énormément. Je ne vois plus le miroir devant moi, mais je n'ai pas besoin de me regarder pour savoir que je suis aussi livide qu'un corps sans vie.

C'est pas possible... Je vais mourir.

J'essaye de reprendre mon souffle mais je n'y parviens pas. Je sens du bruit venir d'en dehors de la chambre, mais je n'y prête pas attention. Et je finis par ne plus voir quoi que ce soit. Mes jambes se dérobent sous moi et je m'écroule.

Je m'attendais à toucher le carrelage, mais je suis rattrapée en pleine chute par des bras puissants qui me soutiennent au-dessus du sol.

- Émilie, reste avec moi !

Je ne sais pas qui me parle. Tout ce que je décèle, c'est de l'inquiétude. La douleur me tord en deux, et quelqu'un tente de calmer mon corps en ébullition.

Et puis tout s'arrête quand une main se pose sur mon front. Une main glacée qui me réconforte jusqu'au plus profond de mon être.

Je me détends en un rien de temps et la douleur disparaît instantanément à ce toucher sur mon visage.

Mon souffle est irrégulier, et je transpire à grosses gouttes. Les yeux fermés, je ne parviens pas à les ouvrir.

Je sens que la personne se redresse avec moi dans ses bras. Ma tête se pose sur son épaule et je la sens se crisper à ce contact. Elle continue cependant de marcher quelques secondes avant de me déposer dans un lit.

Je sens sa main errer sur mon visage et essuyer la larme qui s'échappe soudainement de mes cils. J'entrouvre alors les yeux, en soupirant et je tombe sur la dernière personne que je voulais voir. Quand je prends conscience qu'Aaron est en train de caresser mon visage, je me crispe violemment, en écartant sa main, mais il l'enlève de lui-même quand il voit que je reprends mes esprits.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? me demande-t-il finalement, son regard cherchant le mien que je détourne vers la fenêtre.

- Rien.

Il grogne, et me prend le menton pour me faire tourner la tête vers lui. Il semble s'inquiéter, mais je ne vois pas pourquoi il le ferait alors que tout ce qu'il veut c'est me détruire.

Il est bipolaire le type.

- Réponds.

- C'est de ta faute tout ça, merde !

J'explose de rage. Complètement. Je dégage le peu de couette qui recouvre mon corps en fulminant sous ses yeux incompréhensifs.

- Comment ça, c'est de ma faute ? Je n'ai rien fait.

- T'es sérieux là ?! Et ça c'est pas de toi peut-être ? rétorqué-je en découvrant juste un trait d'encre qui recouvre mon épaule.

Il ne répond pas, analysant le rien que je lui montre en silence, sans que je ne puisse déchiffrer quoi que ce soit sur son visage.

- Je t'avais dit que tu aurais mal. Tu as besoin que je la touche.

- Rêve toujours, Parker. Va marquer quelqu'un d'autre pour me l'enlever.

- Rêve toujours, rétorque-t-il avec un sourire.

Je m'approche furieusement de lui, jusqu'à m'arrêter à seulement quelques centimètres de son corps massif.

- Tu ne m'aimes même pas, je ne suis rien pour toi. Tout ce que tu souhaites, c'est que je me soumette à toi. Et c'est pour ça que tu me fais autant de mal. Juste pour flatter ton égo.

Je pensais qu'il ragerait mais il se contente de me regarder avant de lâcher un mot :

- Peut-être.

Je reste stoïque face à cette réponse détestable.

- Maintenant montre-la moi, ordonne-t-il en indiquant ma marque soigneusement dissimulée sous mon haut.

- Tu rêves trop, Parker. Je n'obéis pas aux ordres.

Il s'approche vers moi, et pour une fois me colle DOUCEMENT contre lui. Beau progrès.

- Je finirai par la voir un jour ou l'autre Émilie. Je me demande quel dessin ça a formé...

Je lève les yeux au ciel face à l'exposition de ses centres d'intérêt peu incroyables.

- Peut-être même que ce soir je pourrai la voir.

- Je ne dormirai pas avec toi, j'espère que c'est clair.

- C'est moi qui décide princesse...

Sa voix pleine de sous-entendus me fait plisser les yeux de frustration alors que ses lèvres s'ornent d'un joli rictus d'hypocrite. Il me presse contre lui avant de me faire reculer jusqu'au mur derrière moi.

Ses yeux jonglent entre mes yeux et mes lèvres, et pour la première fois, je déglutis complètement sous la nouvelle lueur que revêtent ses yeux noirs comme la nuit.

Ils sont magnifiques.

Je regarde le vert ressortir du noir en rougissant sous la puissance qu'il dégage. Sa main quitte le mur pour venir caresser ma mâchoire puis mon menton qu'il caresse doucement tandis que je retiens ma respiration.

Il est trop proche.

Mon cœur bat la chamade tandis que je vois sa mâchoire trembler, et ses yeux tenter de me déchiffrer... Non, il n'est pas en train d'essayer de lire en moi, il n'est plus là... Il est absent. Ses yeux sont vides, rêveurs, comme s'il se perdait dans ses pensées.

Avant que je ne le sente se serrer un peu plus contre moi, et le voie baisser sa tête sur mon visage, me coupant le souffle.

Il... Il est beaucoup trop proche.

Mais une partie de moi m'empêche d'agir... Tout mon corps m'en empêche. Se battant contre le peu de raison qu'il me reste.

- Ne bouge pas, Émilie...

Je frissonne quand son souffle se répercute sur la peau de mon cou. Au même moment, la douleur de la marque se ravive un peu et il semble le sentir car il se contente de frôler ma peau avec ses lèvres, en écartant un peu le col. Je me crispe un peu plus quand je sens une partie de mon épaule à l'air.

Et alors, je le vois approcher ses lèvres des deux trous qui ont formé le tatouage dont j'ignore encore les limites.

- Non attends, Aaron...

Mais il ne semble pas m'entendre et pose ses lèvres sur la marque.

Immédiatement un réconfort intense me traverse des pieds à la tête et je soupire de soulagement face à ce bienfait. La douleur disparaît à nouveau instantanément et je me sens légère comme toutes les fois où je vole dans le ciel.

Il passe un bout de sa langue sur ma peau, et je me cambre en retenant un gémissement. Après un dernier baiser qui enflamme mon bas-ventre, il remonte lentement jusqu'à mon visage en lâchant près de mon oreille :

- Tu perds le contrôle Émilie... comme moi.

Et sa phrase a pour seul effet de me refroidir. Parce que je reprends conscience de nos actes. Qui me font écarquiller les yeux d'horreur.

Il m'a touchée. Et je l'ai laissé me toucher.

Je le repousse brutalement, sans retirer mon regard plus haineux que jamais du sien, perdu parce qu'il vient de se passer.

Par ce rapprochement qui n'aurait jamais dû avoir lieu.

- Ne fais plus jamais ça.

Je le foudroie du regard, tout en reprenant mon souffle et en recouvrant ce qui ne doit pas être vu.

Il ne répond pas, se contentant de me regarder. Quand ses yeux reprennent tout d'un coup un air déterminé.

Et que je découvre que quelque chose a changé.

Il reprend son air impassible, et se précipite sur moi pour me plaquer à nouveau contre le mur, sous mon regard meurtrier.

- Finalement, tu craqueras bien plus tôt que tu ne peux le penser, Émilie...

- Absolument pas. C'est toi qui vas craquer et qui craqueras toujours.

Je le vois sourire et il chuchote :

- Tu veux parier, mon amour ?

- J'ai autre chose à faire que de parier inutilement.

Il ne quitte pas son sourire de connard en me fixant du regard. Et je ne baisse pas les yeux. Mes sourcils sont froncés par ce qu'il vient de se passer. Il sait que je suis chamboulée. Complètement.

- Je sais que je ne te laisse pas indifférente Émilie.

- Ne confonds pas lien et désir, je réponds en haussant les sourcils alors que ses mots m'atteignent bien plus qu'il ne peut le penser.

Et bien plus qu'ils ne le devraient.

- Tu sais bien que ce n'est pas le cas, continue-t-il.

Mais en ce moment, tout ce que je veux, c'est qu'il se taise...

- Je ne peux pas ressentir quelque chose pour toi alors que tu as détruit ma vie.

- Je n'y suis pour rien. Tu aurais dû accepter de venir avec moi dès le début, Émilie. Tu ne peux pas nier le lien qui nous unit...

- Et pourtant, je le nie. Je ne suis pas ton âme-sœur, parce que j'ai déjà Tyler, parce que je ne veux pas d'un homme comme toi, parce que tu es quelqu'un de complètement détestable et de monstrueux.

Je le vois se raidir de colère.

- Et puis si j'avais ressenti des choses pour toi, je ne t'aurais pas arrêté.

Je pensais qu'il exploserait de rage, mais au contraire, il se met à rire avant de se rapprocher de moi. Comme par instinct je recule, jusqu'à heurter le mur.

- Tu as peur, Émilie ?

- Non.

Mais je ne me crois pas moi-même. Je ne sais plus quoi penser de la situation.

- Si. Et dis-moi... Tu as peur de ce que je peux te faire, ou de ce que tu peux ressentir ? Là est la question que tu devrais te poser en premier, mon amour.

Je serre les dents en lui demandant d'arrêter de m'appeler comme ça. Mais bien sûr Monsieur l'Alpha ne fait que ce qu'il veut. Dont le fait de m'approcher.

- Oh et d'ailleurs princesse... J'ai oublié de te dire que les enfants resteront dans une cellule loin de leurs familles aussi longtemps que je le souhaite... Et que ton peuple sera privé d'eau autant que je le décide... Et que ton Tyler restera à l'écart, sans soin après ce que je lui ai infligé, jusqu'à la fin de sa vie. Je ne le relâcherai jamais... si je ne le tue pas avant.

Mes poings se serrent et la colère fuse en moi comme un éclair venant du ciel.

- Tu n'as pas intérêt...

- Pas intérêt à quoi ? Chère Émilie, moi aussi je sais.

Je le foudroie du regard sans pour autant comprendre ce qu'il peut bien savoir. Il se retrouve à quelques centimètres de mon corps et replace une de mes mèches blondes derrière mon oreille, sans que je ne puisse bouger.

- Je sais qu'ils sont ta faiblesse. Et je sais que tu n'es plus rien sans eux... Que tu es fragile, faible, incapable quand ils ne vont pas bien. Je sais que je domine et que je dominerai toujours tant qu'ils seront sous mes barreaux. Et tout simplement entre mes mains.

Je frémis.

- Et ce que je sais, c'est que sans ta mère, tu as perdu la moitié de ta force. Elle est morte. Et une partie de toi s'est éteinte avec elle. À jamais. Elle est morte et regarde ce que tu es : l'âme-sœur de son meurtrier. C'est beau non ?

Une larme coule d'elle-même de mon œil et il prend un malin plaisir à l'essuyer. Savourant l'effet de ses mots qui ont résonné jusqu'au plus profond de mon âme.

Il a raison, elle ne doit pas être fière de moi, mais ce qu'il semble oublier, c'est que je n'y suis pour rien si sa putain de déesse m'a liée au pire connard que la planète n'ait jamais porté. Et c'est bien pourquoi je ne tomberai jamais amoureuse de cet homme : parce que j'aurais l'impression de la trahir. De trahir la personne qui a le plus compté pour moi et qui n'est plus là... à cause de lui.

- Tu l'as déjà trahie, lâche-t-il violemment, son regard planté dans le mien.

Je sens un couteau s'enfoncer brusquement dans mon cœur.

- Quoi ?

- Tu l'as déjà trahie...

Une deuxième larme roule le long de ma joue, mais je détourne la tête pour ne pas qu'il la voie et surtout pour ne pas qu'il me touche. Et ma réaction semble être celle qu'il avait escomptée car je sens son bonheur s'agrandir.

Son bonheur d'avoir touché une corde sensible.

Son bonheur de me voir faible face à ses paroles qui sont vraies.

Son bonheur d'avoir écrasé ma Reine blanche et de l'avoir expulsée de l'échiquier.

- Tu m'entends ? Tu l'as trahie.

Il fait errer ses doigts sous mon menton. Pour accentuer l'Horreur qu'il me fait vivre. Parce qu'il sait... qu'il est en train de me briser complètement. Et que mon âme est en train de se fragmenter en mille morceaux. Qui porteront à jamais la marque de son carnage.

- Tu l'as trahie donc elle t'a oubliée.

Et il m'attrape la mâchoire pour me lever la tête de force. Et pour accéder à mon cou qui cache son secret.

Et je ne me débats pas. Car je suis faible. Il a raison je suis faible. Parce qu'il vient de me détruire en trois phrases.

- Pourquoi tu fais ça ? murmuré-je d'une voix éteinte.

- Pourquoi je fais quoi ?

- Pourquoi est-ce que tu veux absolument me détruire ? Et détruire tout ce que je représente ? ...

Il ne répond tout d'abord pas. Comme si ma question l'a pris de court. Mais cet homme a réponse à tout, et cela je l'ai bien appris. À mes dépends.

Il s'approche de mon oreille, et lâche froidement :

- Parce que je rêve de te détruire jusqu'à ce que tu me supplies de t'aider à te reconstruire, Walter.

« Détruire pour mieux reconstruire ».

Mon père me la répétait souvent quand j'étais jeune et que je ne comprenais pas pourquoi, lors de la Grande Guerre, qui a opposé les surnaturels et les autres espèces, les deux camps rasaient les propriétés de l'autre, que ce soient habitants, villes, champs.

Et aujourd'hui je ne comprends toujours pas. Et j'y crois encore moins. Car quand c'est détruit, on ne peut plus reconstruire avec les morceaux brisés. Parce qu'ils resteront à jamais brisés. Et ils n'oublieront jamais. Les habitants n'oublieront jamais que leur vie a basculé à cause de leurs ennemis, les oiseaux n'oublieront jamais que les toits dans lesquels ils trouvaient refuge n'existent plus à cause des êtres humains. Et les plantes n'oublieront jamais qu'elles ont été brûlées alors qu'elles n'avaient rien à voir avec cette guerre meurtrière et sanguinaire.

- Quand je serai détruite, je serai déjà noyée trop profondément pour espérer qu'une main ne parvienne à me rattraper. J'aurai déjà sombré. Et je ne pourrai plus remonter à la surface.

Ma voix brisée prononçant ces mots me font l'effet d'une bombe nucléaire. Et il se met à reculer légèrement, de seulement quelques centimètres. Mais assez pour que je le remarque.

- Alors c'est ce que nous verrons bien princesse... Parce que je serai là pour te rattraper et te rappeler que tu n'es rien jusqu'à ta mort.

Ces paroles m'auraient foudroyée sur place en tant normal. Mais je ne réagis pas. Car il n'y a plus rien en moi qui peut encore être blessé. Mon ego est touché. Mon âme est fragmentée. Mon cœur est brisé. Mon esprit est anéanti. Mes émotions sont dénuées de tout.

Il a tout détruit. En un jour de fréquentation.

Et j'encaisse. Je continue d'encaisser. Même si je sais que le vase a débordé. Enormément.

Il me lève la tête une dernière fois en m'analysant de son regard cruel et crache :

- Je serai toujours là pour te rattraper... pour que tu n'oublies pas que j'ai gagné la guerre et toutes les batailles qui l'ont parsemée. Je serai toujours là pour te rappeler que je suis le Maître de l'Univers. Et que tu n'as jamais rien été comme tu ne seras jamais rien.

Et il me lâche violemment avant de sortir de la chambre. Me laissant là. Contre le mur.

Vide.



Voilà pour ce chapitre ! Ne me tuez pas s'il-vous-plait parce que y'a sûrement une pub avant la suite - pour les trois quarts d'entre vous en tout cas - 😣😭😣 (sinon, plus jamais de chapitre 😭😫😈).
Place au prochain !!!
😘
5760 mots

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Le Chantage du Roi AlphaWhere stories live. Discover now