. . . EMBRASEMENT [Fanfiction LGDC]

CHAPITRE 2

LE MURMURE INCESSANT DE LA pluie berçait les oreilles attentives d'Aile de Chouette. Les nuages sombres laissaient planer sur la forêt de pins un voile obscur, qui offrait une atmosphère sombre, comme si le soir tombait. Pourtant, le midi était à peine passé. Là, dans l'antre des guerriers, la jeune chatte s'était réfugiée, roulée en boule, pour échapper aux morsures des gouttes de pluie glaciales. Ennuyée, l'esprit tourmenté, son menton était posé sur ses pattes, ses yeux couleur jade scrutant le camp, vide et calme, perdu dans la tristesse de ce temps humide. L'averse accompagnait les sombres pensées de la sentinelle tachetée, complétant son humeur morose et son air vide. La veille, elle était restée plantée dans l'herbe grasse qui poussait au bord du Chemin du Tonnerre, face à celui qui était autrefois le personnage hantant ses rêves et faisant vagabonder ses angoisses au loin, mais aussi à celui qui, aujourd'hui, était l'auteur de nouvelles sources de stress. 

Elle avait toujours préféré le chasser de ses pensées. Mais le croiser ainsi l'avait remuée. Seule, sans soutien, sans patrouille, seule face à ce félin. Ils étaient restés là un moment à se dévisager, jusqu'à ce qu'Aile de Chouette ne fasse demi-tour et disparaisse loin de lui. Aucun d'eux n'avait osé dire quoi que ce soit. Ils avaient demeurés parfaitement silencieux, au milieu de cette désagréable et inattendue rencontre, sans rien avoir à se dire, bien sûr. Bien que ce ne soit pas grand chose, ça l'avait chamboulée. C'était comme si on avait voulu lui rappeler cette fatale erreur, qui mettait toute sa vie en péril. Une si petite erreur, dans leur monde, prenait une ampleur démesurée. Fidèles à ce qu'ils s'étaient promis il y avait bien longtemps, les chats de Clan ne laissaient plus passer ce genre de fautes. Sa place au sein du Clan ne tenait plus que grâce à Coeur de Lys. Elle avait tout le loisir de la dénoncer. Mais dénoncer Aile de Chouette serait aussi dénoncer Joli Crépuscule. Et elle l'aimait trop pour ça, malgré le fait qu'elle persiste à le repousser. 

Derrière elle, Rire du Corbeau et Sombres Profondeurs se disputaient à vives voix, troublant le calme de la tanière. D'après ce qu'elle entendit, ils étaient censés partir en patrouille, mais Rire du Corbeau ne semblait pas de cet avis. 

« Mais pourquoi on doit y aller ? Il pleut, je déteste la pluie, c'est une bonne excuse pour pas y aller, non ? 

- T'es guerrier, non ? Ton devoir, c'est de nourrir ton Clan, et donc d'aller chasser. Qu'il pleuve ou pas, j'm'en fiche, et les proies vont pas s'entasser toute seules sur le tas de gibier. 

- Mais la moitié du Clan sont des tarés ou des abrutis, comme Moire de la Corneille, c'est pas très grave si ils meurent de faim, si ? répliqua encore le matou noir, un sourire au coin des lèvres, visiblement fier de sa "blague". 

- Tu fais parti de cette moitié, imbécile. »

Sombres Profondeurs ne perdit pas plus de temps et s'extirpa de l'antre, ébouriffant son pelage gris terne pour se protéger du froid. Vexé, son camarade noir se lança à sa poursuite, lâchant tout un tas de protestations aussi stupides que lui, qu'Aile de Chouette n'écoutait plus. Ce duo était effectivement une vraie source d'animation dans le camp. A eux seuls, ils faisaient rire tout un Clan. Certains les trouvaient tout de même agaçants, à se battre ainsi à longueur de journée sur des sujets aussi futiles. Aujourd'hui, la jeune chatte n'était pas vraiment d'humeur à s'amuser de l'immaturité de Rire du Corbeau et l'exaspération de Sombres Profondeurs. Après un soupir qui se voulait inaudible, lasse et sans entrain, la jeune chatte se décida à se lever, étirant avec un soin particulier ses pattes engourdies par la fraîcheur de cette humide journée. A peine eut-elle sortit sa truffe de la tanière qu'un élégant félin noir et blanc surgit devant ses yeux verts jade. 

Le matou se stoppa dans son élan, et s'écarta avec dignité et grâce pour laisser le chemin libre à la chatte tachetée. Mal à l'aise, cette dernière se crispa sous le sourire charmeur et le regard orangé, brûlant et doux, que lui adressaient le guerrier bicolore. Elle murmura un simple merci avant de continuer sa route, empêchant difficilement ses pattes d'accélérer ses foulées, probablement pour s'éloigner le plus vite possible de cette situation qu'Aile de Chouette jugeait gênante et angoissante. Cependant, le mâle aux allures de prince charmant la rattrapa bien vite, lui bloquant cette fois le passage de son corps élancé.