Chap 3 - Scène 3 - Nouveau bureau

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Lucie guida JT à travers la station.

— Je te fais passer par les grands axes, déclara-t-elle. Tu les mémoriseras rapidement. Mais ce n'est pas le chemin le plus court.

Ils passèrent par le centre de la station, et JT comprit la disposition des secteurs en voyant les flèches de directions multicolores. À partir du centre, les secteurs formaient comme un cercle, et leur code couleur était la décomposition du spectre lumineux, comme un arc-en-ciel. Ceux qui étaient d'une couleur foncée se trouvaient au-dessus de l'axe de l'écliptique, et les couleurs claires en dessous. Les secteurs Jaune et Or étaient du même côté du centre mais à des altitudes différentes. De même pour le Bleu Ciel, le Bleu et Bleu Marine.

Lorsqu'il en parla à Lucie, elle le gratifia d'un sourire approbateur.

— Et voilà, maintenant tu pourras prendre des raccourcis tant que tu connais tes couleurs. Les heures de pointe dans les couloirs centraux sont mortelles... Il doit bien y avoir plusieurs personnes qui y sont mortes de vieillesse...

Ils arrivèrent dans le secteur Rose. Lucie regarda l'heure sur son ordinateur.

— 16 minutes en faisant le grand tour. Pas mal du tout. Il y a plus de monde dans le quartier Rouge.

Ils empruntèrent un couloir pour glisser directement jusqu'au 12e étage.

Lucie désigna un sas d'accès qui semblait solidement blindé.

— Et voilà la Section d'Études Spéciales. Et dedans, des Cellules autonomes.

Elle entra dans le sas, la lumière orange de la porte se mit à clignoter. Elle posa sa main sur un lecteur biométrique et la lumière vira au vert. Lorsqu'elle en émergea de l'autre côté, l'ampoule devint de nouveau orange fixe.

JT l'imita.

— Comme tu peux voir, lui expliqua Lucie, ce secteur n'est pas découpé comme les blocs résidentiels. Ici, il y a surtout des grosses salles rectangulaires. Mais il y en a qui ont des formes spécifiques. Il y a quelques cylindres, des sphères, et d'autres curiosités. Le plus important, c'est de lire les écriteaux avant d'entrer.

Sur les portes qu'ils croisaient, JT put lire quelques exemples de messages.

"Retour dans 10 minutes", extrêmement utile lorsqu'on ne savait pas l'heure du départ de la personne. "Lunettes et gants obligatoires", "Lasers industriels", "Pièce sous vide", etc.

Toutes avaient des systèmes d'ouverture biométriques.

Après deux bifurcations, Lucie montra la première porte sur la droite.

— Et voilà, on y est. Toi d'abord.

Aucun panneau : pas de danger de mort dans cette pièce. JT posa la main sur le système d'ouverture. La porte s'ouvrit.

La pièce faisait 5 mètres de largeur, par 4 mètres de profondeur et 3 mètres de hauteur. Le fond de la pièce était une baie vitrée. Il y avait deux postes de travail.

— Celui de gauche, c'est le mien, fit Lucie.

— Comme je peux le deviner grâce au bazar...

— Oui, euh... sois pas indélicat... répondit Lucie en feignant une moue.

— Au moins il y aura aucun mal à différencier nos bureaux, plaisanta JT.

Le sien était aussi grand, et formait un L vers la gauche, qui le séparait de la porte. Le fauteuil avait l'air tout à fait confortable. En dessous de la table se trouvaient des tiroirs, déjà en partie remplis par des fournitures de bureau et d'accessoires d'ordinateur. À sa droite était fixée une armoire à tiroirs presque indiscernable par rapport à la cloison.

— L'armoire ne sert pas à grand-chose. On n'a pas d'échantillons solides. Tout est numérique. Autant t'en servir pour garder un uniforme propre à portée de main...

En impesanteur, il restait pas mal de place utilisable en hauteur.

JT passa le bras au-dessus du bureau pour l'initialiser. Toutes les surfaces autour de lui pouvaient étendre son écran. Même la cloison semi-translucide de l'autre côté de la porte.

Il s'assit enfin.

Un silence embarrassant allait s'installer. Sur la Lune, ça aurait été le moment de se plaindre de la météo sinistre.

— Tu avais raison, c'est confortable. Je m'y habituerai très vite.

— Oui. Allez, debout, la visite continue.

— Mmmmh je suis si bien ici.

— Tu ne me feras pas croire que t'as mal au dos à force de marcher. C'est à peine si tu as gardé les deux pieds sur une paroi plus de quelques secondes. Allez, hop hop hop, fit-elle en marquant chaque répétition d'une petite claque sur la cuisse.

Lucie posa sa main sur la baie vitrée. Des icônes apparurent autour. Elle appuya sur l'image correspondante, et une ouverture se fit dans la baie. On y voyait l'espace de travail commun.

Ils y pénétrèrent. Il y avait un mètre de débattement entre la baie-écran et le reste des bureaux. JT remarqua que la baie affichait autre chose de ce côté-ci.

Le laboratoire était une pièce d'environ 5 mètres de large, sur 10 de longueur et 3 de hauteur. Une dizaine de personnes étaient affairées dans des bureaux en L de 2 mètres de côté. La rangée du dessous ressemblait à un espace de travail normal, mais les bureaux du dessus avaient le "sol" au mur latéral de la pièce et le "mur" au plafond.

L'ensemble pouvait contenir 16 personnes mais ne donnait pas l'impression d'être surpeuplé. Deux personnes qui se levaient de leur fauteuil ne risquaient pas de se cogner. Il y avait largement la place de circuler au milieu, avec suffisamment d'appuis pour ne pas rester à la dérive.

Lucie lui présenta les membres de l'équipe. Elle lui avait déjà fourni leurs dossiers et leurs attributions, et JT se rappelait déjà de leur nom. Nathan Duchet était le meilleur élément après Lucie, et Gaultier Bufflet le plus jeune avec ses 23 ans et le moins à l'aise à son poste. Il lui faudrait encore quelques jours pour connaître par cœur la position de leur bureau sans les regarder.

C'était ici l'équipe scientifique qu'avait monté Lucie, sauf ceux qui étaient en train de dormir. Ils étaient tous scientifiques. Des techniciens, ingénieurs ou théoriciens.

— On aura d'autres équipes à monter, affirma JT tandis que Lucie l'entraînait dans le couloir.

— Oui, George m'avait prévenue. Et nous avons amplement de la place pour eux, continua-t-elle en lui montrant la rangée d'autres portes le long du couloir. Tous les bureaux sont similaires. Ce couloir donne sur les espaces communs de 16 places, et le couloir par lequel on est arrivé mène sur les bureaux des chefs de département.

— Ça en fait de la place.

— Oui, et ce sera à toi de sélectionner les candidats.

Elle appuya sa phrase en appuyant son index sur le torse de JT, ce qui le fit dériver dans le vide jusqu'à ce qu'il retrouve un appui.

Ils firent le tour des deux couloirs parallèles encadrant les salles qui leur étaient dédiées.

— Et voilà, tout ça c'est ton domaine. Tu en es le roi. La Cellule d'Études Spéciales numéro 5. Il y en a d'autres à côté, mais on n'y a pas accès facilement.

— Et tu seras ma reine ? glissa JT d'un ton séducteur.

— C'est bien parti pour, gloussa Lucie. Tu es prêt pour commencer les choses sérieuses ?

— Allons-y.

Ils rentrèrent dans leur bureau, et s'installèrent à leur fauteuil respectif, enclenchèrent les attaches magnétiques dorsales, et s'orientèrent l'un vers l'autre.


Les Pionniers de TiranisWhere stories live. Discover now