Chapitre 72 : Le drame

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Cette mâtinée est l'une des plus particulières que j'ai vécu depuis un bon moment : hier, j'ai embrassé Oikawa, et aujourd'hui, je joue contre Sakura et Saiko. Je suis donc tiraillé entre le stress du match, l'adrénaline de cette relation naissante avec le capitaine, et l'angoisse profonde de répéter mes erreurs avec lui.

***

L'entrainement mâtinal finis, je rejoins le couloir des deuxièmes années afin de retourner en cours. Alors que j'avance au millieu des élèves, je ressens l'atmosphère s'alourdir autour de moi, et non sans raison : tout le monde me regarde, me zyeute en marmonnant sur mon passage. Plus j'avance, et plus l'angoisse que ma relation avec Oikawa ait fuité, alors même que je dois sortir avec Marco, me tord le ventre. Quelqu'un nous a-t-il vu hier soir ? A moins que le capitaine n'ai pas pu se retenir d'annoncer la nouvelle ?

"Non, il ne ferait pas ça." Pensais-je en entrant dans la salle, bien qu'une petite voix me rappela que ce ne serait pas la première fois que je me plante royalement en donnant ma confiance.

En m'installant, je me tourne vers mon amie Haru, qui leva à peine le nez de ses affaires pour me notifier

-J'ai quelque chose sur le visage ? Posais-je en espérant feinter un air naturel pour cacher mon stress. Tout le monde me regarde comme si j'avais jeté un bébé sous un bus.

-Isaya-san ... Je suis désolé mais je suis ton amie. Je ne veux pas que tu m'en veuilles si c'est moi qui te l'annonce...

Je ne comprends rien. Ce matin elle était tout ce qui a de plus normal à l'entrainement, et la voilà assez gêné pour ne même pas pouvoir lever les yeux de son bureau.

-Haru, dis-moi ce qu'il se passe. Je n'aime pas spécialement que TOUT LE MONDE ME FIXE, finissais-je en haussant le ton pour être entendue.

-Ce matin ... Marco a embrassé une autre fille, avoua-t-elle finalement. Il l'a fait devant l'école, et devant tout le monde.

-Oh, c'est juste-, m'arrêtais-je avant de reprendre d'une voix plus peinée. Quoi ? Mais c'est impossible !

Je suis surement mauvaise actrice, mais il semble que mon amie ne m'en tienne gère rigueur.

-Je ne l'imaginais pas non plus comme ça ... C'est vraiment une ordure.

Au moment où elle finit sa phrase, le principal intéressé franchis la porte de la salle, lui aussi suivi du regard par la plupart de nos camarades. Je lève les yeux vers lui en pensant au plus fort à cette garce de Saiko afin que ma colère ait l'air la plus crédible possible.

-Yuna ! M'accosta-t-il en s'appuyant sur mon bureau. Ca va ma chér-

-Hors de ma vue ! Tonnais-je avant de le gifler en espérant ne pas y être allé trop fort.

-Mademoiselle Isaya, la violence est interdite dans ce cours, intervint le professeur tandis que Marco rejoignait sa place, la joue rougit par le contacte. Si je vous y reprends, vous irez vous justifier chez le principal.

-C'est rien sensei, intervint le noiraud en prenant place à son bureau, je l'ai sans doute un peu cherché...

Pendant tout le reste de la mâtiné, j'ai dû jouer la fille peinée et renfermée. Et j'ai eut le droit à la visite de presque toute l'équipe, même Mayuri est venu voir comment ça allait, à croire que la rumeur s'est répendu comme une trainée de poudre. Juste avant le dernier entrainement du midi, je prétexte une envie pressante pour m'éclipser, et prendre le temps d'envoyer un message à mon nouvel "ex-faux-petit-ami".

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Moi :

"Ca va ? Tu aurais pu faire les choses plus doucement, tout le monde te prend pour une ordure maintenant."

Marco :

"Ne t'inquiète pas pour moi. Et puis j'ai justifié que tu étais trop collante et que j'étais toujours amoureux de mon ex quand les mecs m'en ont parlé"

Moi :

"Tu as réussi à convaincre une fille de Seijo pour t'aider ?'

Marco :

"Non, c'est la cousine d'une serveuse du restaurant de mon père. Elle est à Karasuno et on se connait depuis quelques années. Elle a gentiment accepté de jouer le rôle. Tu es libre ! D'ailleurs, je tiens à avoir le topo complet de ton rencard en échange de ce service :)"

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Je souris devant son message. C'est vrai qu'il est le seul au courant de mes affinités avec Oikawa, et ce n'est pas pour me déplaire que de pouvoir parler de tous ces changements avec quelqu'un. Alors que je rédige ma réponse, je sens une main se glisser contre ma taille. Je recule dans mon sursaut avant de scruter les alentours et lever les yeux vers le capitaine.

-Oikawa ! Pas au lycée, on pourrait nous voir.

-Il n'y a personne là, et je venais voir comment tu te sentais après cette douloureuse trahison, avoua-t-il avec un regard faussement peiné.

-Oh... Je ne serais surement pas prête de revivre une relation avant trèèèès longtemps, répondis-je sur le même ton avant d'essuyer une larme imaginaire sous mon œil.

Il avança d'un pas, afin de se retrouver si proche que je puisse sentir l'odeur musquée de son eau de cologne. Il passa un doigt sous mon menton pour me faire relever la tête.

-Je crois que j'ai quelques idées si tu veux te consoler, Yuna-chan~

Un frisson traversa mon échine, c'est la première fois que j'entends le capitaine prononcer mon prénom. Son regard est doux, mais si profond que je suis obligé de réprimer l'envie de déposer un baiser sur ses lèvres pour sentir le contact chaud de son corps.

-Evite de m'appeler par mon prénom au lycée, commençais-je avant de monter sur la pointe des pieds pour atteindre son oreille. Tu auras tout le loisir de le faire lorsque tu m'aideras à me remettre de cette douloureuse rupture, Tooru-senpai~

J'avais chuchoté ces mots en passant ma main contre sa nuque, et je suis presque certaine d'avoir senti son corps se tendre à ce moment précis. Alors que je recule d'un pas pour espérer dissiper la tension palpable régnant autour de nous, je vois le visage du capitaine rougi d'embarras, la bouche entre-ouverte. Il est vraiment craquant comme ça.

-Et n'oublie pas qu'après le match de ce soir, tu pourras voir la balle sniper de tes propres yeux, ajoutais-je avant de le dépasser pour rejoindre mes amies. A plus tard, capitaine !

*POV Oikawa*

Je regarde Isaya disparaitre dans l'angle du couloir, peinant à me remettre de notre interaction. J'ai toujours eut l'habitude de sortir avec des filles qui aimaient que je prenne les initiatives, pas qui glissaient des mots doux d'une voix suave au creux de mon oreille. Et bien que je ne m'attendais à rien de trop "nian-nian" avec la snipeuse, je dois avouer que nos jeux de flirt me rendent dingue. C'est la première fois que je ressens cette alchimie pour autre chose que le volley-ball dans ma vie. A chaque sourire en coin, chaque fois qu'elle prononce mon nom ou qu'elle me touche, c'est comme une décharge de dopamine, tel que celles qui me traversent lorsque je pulvérise mes adversaires sur le terrain.

Je n'ai qu'une hâte désormais, voir celle que j'aime se battre sur le terrain, et me dévoiler son arme jalousement gardée secrète, celle-là même qui lui a value sa notoriété grandissante, et m'a fait poser le regard sur elle dès que nos chemins se sont croisés.

King Sniper [Haikyuu!!]Where stories live. Discover now