Chapitre 16 - Lena

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 J'ai vraiment mal dormi. Je pensais passer une longue et calme nuit de sommeil, mais ça n'a pas été le cas. Cette nuit, j'ai revécu minute par minute ma soirée en enfer. Je me suis revue m'amuser et rigoler durant plusieurs heures, boire verre après verre, puis je me suis sentie sombrer dans le sommeil une fois complètement saoule. Je me suis ensuite levée dans la nuit, la gorge complètement irritée à cause de l'alcool fort ingurgité. Une fois dans la cuisine, les trois hommes que je ne connaissais que de vue discutaient gaiement, complètement ivres. Ils me taquinaient et faisaient des messes basses, mais je n'y prêtais pas attention, jusqu'à ce que l'un d'eux se soit approché de moi. Il me disait que j'étais belle, que j'étais bonne... Ils m'avaient proposé de m'amuser avec eux, ce que j'avais évidemment refusé.

Mon refus les avait fait rire, mais je n'avais pas peur. J'étais encore saoule, je pensais simplement qu'ils plaisantaient, mais ce n'était pas le cas. La seconde d'après, celui qui s'était approché avait les mains sur moi, sa bouche dans mon cou. C'était à cet instant que j'avais compris qu'ils étaient sérieux et qu'ils comptaient aller au bout de leurs intentions. J'ai senti ses mains se glisser sous ma robe, je me suis revue me débattre, faisant intervenir les deux autres. Plaquée contre la table, la joue écrasée contre le bois et les yeux rivés sur les chiffres rouges indiquant l'heure sur le micro-ondes, j'ai attendu. Parce qu'à l'instant où l'un d'eux est entré en moi, j'ai cessé de me débattre. Je n'avais pas crié, je n'avais pas bougé. J'avais pleuré en silence et j'attendais.

Quatorze minutes à souffrir.

Quatorze minutes d'horreur et de douleur.

Je me rappelle avoir compté dans ma tête, mais j'étais si lente que le chiffre changeait avant même que je n'arrive à soixante. Pourtant, je continuais à me concentrer sur ces secondes qui s'écoulaient d'une lenteur extrême afin d'oublier partiellement la douleur qui me tiraillait. Je n'entendais plus rien autour de moi, j'étais focalisée sur ces chiffres rouges.

Soudainement, leurs mains avaient quitté mon corps : ils étaient partis. Ils venaient de prendre ma virginité et mon innocence, ils avaient emporté mon âme et mon cœur et n'en éprouvaient certainement aucun remords. Ils s'étaient seulement amusés entre potes.

Je me rappelle avoir attendu quelques secondes supplémentaires afin d'être certaine d'être seule. Je me suis ensuite redressée lentement, une douleur lancinante entre les jambes. Je me souviens avoir baissé les yeux afin de replacer ma robe correctement et j'ai vu du sang à l'intérieur de mes cuisses. Au sol, il y avait ma culotte déchirée alors je l'ai ramassée, jetée à la poubelle et j'ai attrapé le rouleau d'essuie-tout présent sur le plan de travail afin d'essuyer ma peau meurtrie.

Ce matin, allongée dans le lit de mon petit ami, je ressens encore la douleur de ce cauchemar, mais maintenant que Valentin est entré dans ma vie, il parvient à transformer peu à peu ces brûlures en plaisir. Avant de le rencontrer, je ne pouvais pas regarder mon corps et je ne le touchais que lorsque c'était nécessaire. À présent, je réussis à me regarder et dans certaines rares occasions, lorsque nous faisons l'amour, j'aime poser les mains sur mon corps.

Valentin est en train de me changer et c'est un changement positif. Il me permet d'aller de mieux en mieux. Et après cette nuit de sommeil agité, je sais pourquoi lui seul est capable d'un tel miracle.

Revoir son frère a fait remonter ces affreux souvenirs, mais pas seulement. Il y a une chose dont je ne me souvenais pas et mon inconscient s'est rappelé.

Je n'ai pas entendu mon réveil ce matin alors je ne suis pas allée en cours. J'ai dormi toute la matinée, et une partie de l'après-midi. Lorsque j'entends la porte d'entrée s'ouvrir et se refermer, je comprends que Valentin est rentré plus tôt du travail. Il n'est que dix-sept heures. Je suis réveillée depuis un long moment et je me décide enfin à rejoindre mon copain qui semble déjà en train de travailler avec son ordinateur sur la terrasse. Il me sourit lorsqu'il me voit.

14 minutesWhere stories live. Discover now