La matinée passe à une vitesse folle, et pour une fois, elle s'est plutôt bien passé. Je n'ai pas eu de remarque de la part de l'équipe, je n'ai pas croisé Maxime et Victor non plus. Une petite partie de mes pensé vient vers Claire, en réalité, même si elle est différente, l'ancienne elle me manque.

Avant que je ne la rencontre, j'étais terriblement seule et puis j'ai connu la lecture pour pouvoir combler ce vide. J'avais enfin un monde où je ne me sentais pas à l'écart, différente. Celle qui, même si elle n'est pas là, ne change rien. Je dois avouer qu'à une époque, c'est devenu une sorte d'obsession, je ne comprenais pas pourquoi moi, je n'étais jamais invité alors qu'on parlait bien ensemble. Je ne comprenais pas non plus pourquoi est-ce qu'ils se disaient leur secret les plus sombre alors, que je suis la constamment pour eux. Pire encore, de faire des sorties entre eux, ne pas m'inviter et à la fin me dire « tu pouvais venir si tu voulais ».

La grosse blague, (il faut aussi me mettre au courant).

Si quelqu'un souhaite réellement notre présence, elle fait tout pour que nous soyons à leur côté.

Pour ma part, ça n'a jamais été le cas. On pourrait me faire des reproches tels que : « arrête de te plaindre, peut-être qu'elle voulait faire quelque chose sans toi », je le sais ça, le truc c'est qu'avec moi ça arrive souvent. Peut-être que j'ai tort depuis le début, mais je ne demande qu'une chose, qu'on me le propose et même si je dis non, ce ne sera pas grave car on me l'a proposé. Est-ce trop demander ?

Je me suis souvent dit que j'étais folle, qu'une personne ne doit pas penser à ce genre de chose. Mais quand on se sent constamment repousser, pas importante et pas aimer, je suppose que c'est compréhensible, non ?

Aujourd'hui encore je me pose ce genre de question, peut-être que j'ai trop étouffé Claire et que maintenant, elle souhaite s'éloigner de moi ? Peut-être que finalement, tout est de ma faute.

Je balaye du regard la cafétéria et le repas des autres élèves, quand je vois une table se libérer, je me dépêche de m'y asseoir. Je lève la tête pour regarder un peu autour de moi et mon regard croise celui de Claire, elle me lance un petit sourire, par réflexe je fronce les sourcils. Pourquoi me sourie-t-elle ?  Est-ce qu'elle commence à regretter ? Est-ce qu'elle ouvre enfin les yeux ? Si jamais ce moment arrive, est-ce que je serais prête à la pardonner ? J'en ai aucune idée.

— Coucou ma chère et tendre petite amie.

Je n'ai pas besoin de lever la tête pour savoir de qui il s'agit.

Sawyer.

Depuis qu'on a formé notre « faux couple », il aime me titiller avec ça et me rappeler que je suis sa « petite amie ». Qui aurait dit que moi, je « sortirais » avec le quaterback d'une équipe ?

Je le regarde s'installer avec Charlie, et je trouve qu'il est assez joyeux, il ne cesse de sourire.

— Pourquoi tu souris comme un débile ? demandais-je à Sawyer.

— Tu sais que tu n'es pas douce comme copine ? Sérieusement, tu dois plutôt me dire « ton sourire me fait craquer », dit-il.

Je lève les yeux au ciel.

— S'il vous plaît, dîtes vous des mots d'amour en privé, réplique Charlie.

— Bref ! Pourquoi Sawyer à l'air joyeux et toi Charlie, tu fais une tête d'enterrement.

C'est vrai, il n'est pas dans son état normal, d'habitude il aime me titiller et là, rien.

Peut-être que j'ai fait quelque chose de mal ?

— Le coach de Harvard est venu nous voir, il souhaite qu'on fasse la sélection pour pouvoir entrer dans leur équipe, dit Sawyer.

J'écarquille les yeux.

Bordel de merde, Harvard ce n'est pas n'importe quelle université. En plus de cela, je crois que c'était le rêve de Sawyer d'entrer dans leur équipe.

— Mais c'est génial ! lui dis-je et je me retourne vers Charlie. Tu n'es pas content ?

— Si, c'est juste que je ne sais pas si j'ai réellement envie d'aller là-bas.

—  Ne te prends pas trop la tête d'accord ? A ce stade, beaucoup de personne ne sait pas encore ce qu'il souhaite faire et c'est normal. Mais n'oublie quand même pas que c'est une chance énorme, ok ?

— Merci Liv, je vais y réfléchir.

Ils sortent leur déjeuner dans leur sac et commencent à manger, je regarde mon assiette, j'ai honte de manger devant eux. Je n'ai jamais aimé manger devant les autres, j'ai toujours peur qu'ils pensent quelque chose dû genre : « regarde la manger, elle devrait faire un régime au lieu de se goinfrer comme un ogre ».

— Tu ne manges pas ? me demande Sawyer.

Je secoue la tête négativement.

— J'ai déjà un peu mangé avant votre arrivée, je n'ai plus faim.

Mensonge, mensonge.

Mais ils ont l'air de croire que c'est vrai, puisqu'ils ne disent plus un mot. Je sors mon carnet, je n'ai toujours pas pu écrire la suite de mon poème. Je ne sais pas quoi écrire, je n'arrive même pas à lire correctement car mes pensées sont souvent dirigées vers mon poème. Si je n'ai pas d'inspiration pour un paragraphe, qu'est-ce que ça va être pour tous le reste que je compte faire ?

— Au fait, nous avons un match amical vendredi, ce sera l'occasion de nous montrer ensemble, dit mon faux petit ami.

La dernière fois où je suis partie à une fête, ça ne s'est pas très bien terminé pour moi... Mais avec Sawyer nous avons instauré des règles, je vais devoir aller à son match.

—  C'est d'accord.

Charlie et lui manquent de s'étouffer avec leur nourriture.

— Quoi ? je demande.

— On pensait que tu allais dire quelque chose du genre : « dans tes rêves », « non », « et alors ? Qu'est-ce que ça peut me faire ? », dit Charlie.

— Ou que tu allais me lancer un très beau regard noir, réplique Sawyer.

Je lève les yeux au ciel.

— On a des règles, je les tiens.

— Ouais, mais parfois, tu n'as pas l'air de respecter les règles.

Qu'est-ce qu'il cherche à me faire comprendre exactement ? Il cherche que je refuse de ne plus venir à cause de ses remarques ou quoi ?

— Mais c'est cool, si tu viens, ce serait différent si tu n'es pas là. 

— C'est vrai, on commence petit à petit à s'habituer à toi, dit Charlie.

Mon cœur manque de rater un battement, ils veulent que je vienne, ils en ont envie. Moi qui me sens toujours à l'écart, pour la première fois, on a envie que je sois présente.

— Je viendrais, leur dis-je.

Et ça me touche tellement.

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