Le garçon d'en face (Pablo Gavira)

Chapitre 30

- 14 février 2023, Pablo-

Je regarde ma montre, et constate qu'il est bientôt l'heure. Ce soir, pour la Saint-Valentin, j'emmène Lola dans un restaurant gastronomique, étoilé, d'ailleurs. Je ne fais pas les choses à moitié. Je me recoiffe, et me regarde dans le miroir. Bon, ça devrait le faire.

« Tu es beau mon chéri. » Dit ma mère, adossée au chambranle de la porte de ma chambre.

Je la remercie, et déboutonne légèrement ma chemise, car je n'ai pas spécialement envie d'étouffer. Déjà que je stresse, donc si en plus je n'arrive pas à respirer, je vais finir par mourir, qu'on se le dise. Je remonte mes manches, puis enfile ma veste noir, toujours en me regardant dans le miroir. J'ai l'impression d'en faire trop... Et si Lola n'aimait pas ?

« Tu vas être en retard, dépêche-toi. » Me dit ma mère.

Elle a raison. Je mets une touche de parfum, puis sors de ma chambre, sous les yeux ébahis de ma mère, qui me suit jusqu'à l'entrée. J'enfile mes chaussures, et n'oublie pas de prendre mon portefeuille, que je mets dans la poche de mon pantalon.

« Amuse-toi bien mon chéri.

- Merci maman. N'oublie pas que tu es la première femme dans mon cœur. » Je lui dis en posant mes lèvres sur sa joue.

Elle sourit, puis me murmure qu'elle est fière de moi. Je lui offre un clin d'œil, et sors de la maison, me dirigeant vers celle de Lola. Je souffle comme pour me donner du courage, et tambourine à la porte, attendant que quelqu'un vienne m'ouvrir.

Un homme, d'une quarantaine d'années, blond, vient m'ouvrir, et me toise de la tête aux pieds. J'ai la vague impression d'être complètement à poil. Je déglutis lorsqu'il finit par poser ses yeux sur mon visage. Fais bonne impression, Pablo. Fais bonne impression.

« Bonsoir Monsieur. Je... Je suis Pablo. Je viens chercher Lola.

- Salut Pablo. Entre. »

Plus froid, tu meurs. Je lui souris poliment, et pénètre alors chez Lola. La mère de ma copine vient me voir, et me prend immédiatement dans ses bras. Au moins, elle m'accueille chaleureusement comparé à son mari.

« Lola ne devrait pas tarder.

- Pas de soucis.

- Et tu comptes emmener ma fille où ? » Me demande le père de Lola.

J'ai envie de lui répondre avec sarcasme, mais je suis certain que ça risque de ne pas passer. Alors je vais me contenter de lui dire la vérité.

« Au Caelis.

- Vraiment ? Bon choix. Venant d'un jeune comme toi. »

Qu'est-ce qu'il entend par un jeune comme moi ? Est-ce une critique ?

« Comment ça un jeune comme moi ?

- Tu es tout juste mature, tu tapes dans un ballon, alors permets-moi de douter de tes compétences culinaires.

- Vous pensiez que j'allais emmener votre fille dans un McDo, le jour de la Saint-Valentin, c'est ça ?

- Cela ne m'aurait même pas étonné. Les footballeurs ne sont pas très futés. Tout le monde le sait. »

Ok, ce type est un connard. Et si ça continue, je vais lui foutre mon poing sur la gueule. Mais je ne dois pas oublier que c'est le père de la fille que j'aime. Donc je dois juste me détendre, et ne pas avoir des pensées meurtrières. Tout devrait bien se passer.

« Enfin bon. Entre ma fille qui n'en fout pas une à la maison, qui ne sait pas quoi faire de sa vie, et toi qui se contente de gagner des millions d'euros juste en tapant dans une balle, c'est certain que vous formez un beau couple. La paumée, et le nunuche. »