Chapitre 1 - HÉritier royal

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« Les Haut-Argent règnent depuis un siècle à Glaynor, la capitale des magiciens. Jusqu'ici, personne n'a tenté de les renverser. Jusqu'ici. »

Le garçon avait l'air concentré. Ses sourcils froncés formaient un V sur le haut de son visage. Il serrait les dents à s'en faire mal à la mâchoire. De la sueur dégoulinait le long de son front et coulait jusqu'à son menton. Mais rien de tout ça n'avait d'importance, car selon lui, le sort du monde était entre ses mains. La magie vrombit entre ses doigts. Il étouffa un cri de stupeur, puis raffermit sa concentration en fixant du regard les volutes vertes et argentées qui s'échappaient de ses paumes.

— Je... vais... y... arriver ! grogna-t-il.

Il puisa au fond de lui la force nécessaire pour faire jaillir encore plus d'énergie. L'air grésilla, sa magie parut prendre plus de consistance, comme si les volutes se transformaient en un brouillard épais. Une tige verte sortit du sol, un bourgeon se forma et, avec timidité, la fleur s'ouvrit.

— Je crois que c'est assez pour aujourd'hui, jeune prince, lança le précepteur en frappant dans ses mains.

Le bruit claqua dans l'air et rompit la concentration de Liam. L'enfant se mit à souffler. Il leva les yeux vers son enseignant, à la recherche d'un signe d'encouragement ou de félicitations. Avait-il réussi ? Ses résultats étaient-ils à la hauteur ? Le professeur pinça les lèvres, puis hocha la tête de haut en bas. Un sourire s'afficha sur son visage, ce qui fit battre le cœur de Liam plus vite.

— C'était... bien ? articula le prince en reprenant son souffle.

Le maître caressa du bout des doigts les pétales vert clair du gerbera, étonné par la complexité de la fleur. Deux cercles de pétales avaient éclos : l'un jade pastel, l'autre jaune. Ils encerclaient le cœur noir de pollen.

Il observa le visage du prince. Du haut de ses six ans, l'enfant attendait patiemment un signe de sa part. Il s'apprêtait à le féliciter quand des applaudissements retentirent dans leur dos. Le professeur se retourna, aperçut le roi et se courba aussitôt en deux, tout en replaçant une mèche de ses cheveux blonds derrière ses oreilles.

— Votre Grâce, lança-t-il.

— Nul besoin de tout ce protocole, Adamus.

— Vous êtes le roi, fit remarquer le précepteur.

— Je suis un père qui vient observer les progrès de son fils.

Il avança dans les jardins pour les rejoindre. Quatre gardes du corps le suivaient à une distance respectueuse. Le soleil dardait ses rayons sur leurs armures frappées du blason Haut-Argent. L'enseignant ne put s'empêcher de songer qu'ils devaient avoir chaud. La canicule durait depuis trois semaines maintenant, et il n'y avait pas un nuage à l'horizon. La matinée ne touchait pas encore à sa fin que déjà, la chaleur était pesante.

— Père ! s'exclama Liam avec un immense sourire.

Les visites du roi étaient de plus en plus rares. Il passait des heures enfermé dans ses appartements, et ne les quittait que pour répondre aux sollicitations urgentes.

Le roi se pencha en avant et attrapa l'enfant pour le hisser dans ses bras.

— Ce que tu es lourd !

Le jeune prince rit et désigna aussitôt la fleur qu'il venait de faire pousser.

— Ce n'est pas à la hauteur de ce que vous pouvez faire, lança-t-il. J'espérais qu'un arbre pousserait.

— Un arbre, vraiment ? s'amusa son père.

Edmond Haut-Argent laissa son fils glisser le long de son corps pour que ses pieds rejoignent la terre ferme.

Le trône des magiciens - Préquel - L'éveil des ténèbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant