Chapitre 4 : Campolard-en-haut

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Le moment était arrivé. Nous avions décidé d'aller voir Anne en fin de journée, le temps de passer en revue tout ce qu'il faudrait que je fasse afin de ne commettre aucune erreur. C'était un de mes plus gros défauts, perfectionniste, il fallait que tout soit parfait avant que je ne réalise quelque chose. La journée avait été éprouvante. Je m'étais enfermée dans mes pensées, passant et repassant sans cesse mon plan. La peur de l'échec me poussait à me dépasser, à concevoir tout ce qui pourrait mal se passer, à prendre en compte toutes les variables afin de pouvoir réagir en conséquences. L'après-midi touchait à sa fin, Ominis était parti plus tôt afin de passer du temps avec Anne avant mon intervention. J'avais décidé de m'y rendre à pieds, afin de mettre mes idées au clair. Il me faudrait deux heures pour arriver à Campolard-en-haut. L'air se faisait de plus en plus glacial à mesure que mes pas m'emmenaient dans la direction du village. Resserrant mon écharpe autour du cou, j'accélérais le pas. Ressassant mon plan en boucle, je ne vis pas le temps passer et j'eus l'impression de n'avoir marché que quelques instants en arrivant au village. C'était un début de soirée paisible, les villageois devaient être bien au chaud devant leurs cheminées car je ne vis personne dans les rues. Entrant dans la maison de Claire, je surpris une scène des plus touchantes. Assis l'un à côté de l'autre, Ominis et Anne se tenaient la main et riaient de bon cœur. Cette vue m'emplit de joie et toutes mes craintes, mes inquiétudes s'envolèrent. Je savais que ça fonctionnerait. Gênés, ils se lâchèrent la main et rougirent tous les deux. Je fis celle qui n'avait rien remarqué et m'assit près d'eux.

- Claire est allée passer la nuit à Pré-au-lard afin de nous laisser la maison pour ce qu'on va faire, m'expliqua Anne d'une voix tremblante.

M'approchant de mon amie, je l'examinai de façon médicale. Des cernes bleues creusaient son visage, elle avait à nouveau perdu du poids et ses yeux semblaient las.

- C'est vrai Lux ? Tu... Maintenant ? Tu va me guérir ?

Sa voix exprimait à la fois de la joie et de la crainte. N'écoutant que mon cœur, je la pris dans mes bras et lui assurais que oui, j'allais la guérir maintenant. Son corps si frêle frissonna et je sentis des larmes couler de ses joues.

- Omi ? Tu veux bien mettre la serrure sur la table s'il te plaît ?

Mon ami allait s'exécuter quand des éclairs lumineux suivis de cris brisèrent le silence du village. Regardant par la fenêtre, je vis des maisons enflammées, des personnes courir dans tous les sens et les instigateurs de cette perturbation. Des Serpencendres. Voilà des mois que je n'en avais pas combattu. Pourquoi attaquaient-ils Campolard-en-haut ? Et surtout, pourquoi ce soir ? C'était étrange.

- Omi, reste avec Anne et protège là à tout prix ! Hurlai-je pour me faire entendre.

- Non, n'y va pas seule, c'est trop dangereux ! Me répondit mon ami.

- Tu es le seul à pouvoir la protéger Ominis. Alors reste là, je t'en prie. Le suppliai-je.

Je les vis s'éloigner au fond de la maison et priais pour qu'il ne leur arrive rien. J'allais devoir me battre contre tous ces ennemis. Mais ça ne me faisait pas peur. J'avais déjà triomphé contre des ennemis beaucoup plus puissants par le passé. Sortant dehors, je fus directement attaqué par deux Serpencendres. Ils n'étaient pas là pour simplement saccager le village au vu du sortilège qui me toucha de plein fouet. J'avais reçu un sortilège Doloris. La violence de l'impact me projeta à terre, me recroquevillant sur moi-même je cherchais par la même occasion lequel des deux m'avait lancé ce sortilège. Mais il ne venait pas de leur direction. Au centre de la place du village, une femme m'observait de ses yeux cruels. Son visage n'exprimait rien d'autre que de la cruauté, elle semblait prendre plaisir à me voir souffrir.

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