Désespoir et moyen de survie

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Cette année-là, il avait neigé de façon inhabituelle à Tokyo. La devanture était recouverte d'un manteau blanc nocturne. Kamogawa et moi nous dirigeâmes vers l'endroit prévu. En chemin, Kamogawa s'arrêta pour contempler le paysage enneigé.


Kamogawa — Tu te souviens ? Il y a plus de dix ans, quand nous attendions Naoe-sensei sous le froid.


Moi — Oui, j'ai l'impression que c'était hier.


Kamogawa — Le jour où tu as pris en charge le projet. Tu m'as fait confiance. Cela a été dur, mais nous sommes allés loin.


En effet, ce n'était pas gagné vu la confidentialité du dossier.


Moi — Tu as tant évolué. Tu as acquis tous les rudiments de la politique.


Kamogawa — Merci Ayanokôji-san... Être sous ta direction a été salvateur. Mon seul regret est que mon père n'ait pas pu voir les fruits de notre travail.


L'an dernier, à la même période, son père décéda d'un arrêt cardiaque. Ce dernier était la raison pour laquelle Kamogawa avait travaillé avant tant d'acharnement. Lui parler de ce projet révolutionnaire. Mais cela n'était que le début. Le lycée Public d'Excellence n'était qu'un début. Nous voulions faire bien mieux que cela, en sauvant les enfants à naître, en produisant des génies. La « White Room » allait être ce dont toute la planète aurait besoin. Non aux vies détruites, avortées, tuées par l'abandon... Sous la direction du gouvernement, nous allions mettre fin à tout cela tout en résolvant le problème de la baisse de natalité.


Moi — Nous allons crever tous les plafonds. Il n'est pas encore tant d'être satisfait, Kamogawa.


Kamogawa — Oui.


Aujourd'hui, les choses étaient différentes du temps où nous attendions Naoe-sensei dans le froid. En effet, la White Room avait donné des résultats concluants, malgré une série de rebondissements. Et j'allais faire mon rapport détaillé à ce dernier. La première étape de mon décollage était imminente : j'allais enfin acquérir la place que je méritais, merci à notre dur labeur.


Nous prîmes place à l'intérieur, pour attendre Naoe-sensei. Certes, l'usage était d'attendre dehors, mais là étaient ses consignes expresses. Je l'avais interprété comme de la considération pour mes efforts.


Moi — Avec l'annonce de ce projet, Naoe-sensei est enfin au sommet du pays.


Kamogawa — Premier ministre, ce n'est pas rien...


Il était désormais parfaitement préparé pour les élections à venir.


Moi — Non seulement son titre, mais ses faits le rendront trois fois plus influents que ses prédécesseurs.


Au sens propre du terme, il allait être l'homme au sommet de ce pays. J'étais rarement nerveux, mais je sentais mon rythme cardiaque s'accélérer légèrement. J'avais tout parié sur ce projet. Je rêvais encore et encore du jour où ça allait payer.

Classroom of the elite : Le passé de AyanokojiWhere stories live. Discover now