Chapitre 2

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La lumière des lampadaires aveugla Thomas lorsqu'il claqua la portière de sa voiture. La nuit était sombre, le ciel voilé d'épais nuages. Les étoiles demeuraient invisibles, autant que la Lune. 

Muni de sa petite valise, le professeur de Physique Chimie s'engagea sur le trottoir, les yeux ternes. Lui qui n'avait pas l'habitude de se réveiller aussi tôt, il était servi ! La fatigue pesait sur son dos et s'accrochait à ses jambes, l'empêchant d'avancer. Il tremblait de froid alors même qu'il portait son habituel bonnet et paire de gants de ski. 

Le bus scolaire entra dans son champ de vision quelques minutes plus tard. Il sortit son portable de sa poche et vit qu'il était 5h58 ; rassuré, il marcha jusqu'à apercevoir la masse d'élèves déjà présente.

Surpris, il vit même que tous les professeurs étaient arrivés. Était-il en retard ? Ou bien s'était-il trompé d'heure ?

-Thomas ! l'appela Catherine en lui faisant signe d'approcher.

Quelque peu perdu, il se fraya un passage parmi la foule et se retrouva cerné par les élèves qui se bousculaient pour mettre leurs valises dans la soute du car. Hugo Bruyère et Paul Schüsser, les deux autres professeurs qui accompagnaient, tout comme lui, Catherine, étaient debout un peu plus loin, peu désireux de se faire bousculer. Cependant, ils ne voulaient pas quitter les élèves des yeux, de peur d'en perdre un. Les parents étaient là aussi, agglutinés à quelques mètres de leurs enfants, le regard voilé par l'émotion.

-Tu peux aller dans le car et commencer à faire l'appel ? lui demanda Catherine en le tirant de ses pensées.

Il se contenta d'hocher la tête et se faufila parmi les élèves pour grimper dans le bus. La plupart étant déjà assis, il lui suffit simplement de tirer son portable de sa poche et de lire la liste des élèves sous format PDF que Catherine lui avait envoyé la veille.

Il commença donc à faire l'appel, et une fois chose faite, il s'autorisa à souffler : il ne manquait que quelques élèves, et il était sûr qu'ils ne tarderaient pas à arriver. 

Soudain, alors que les derniers montaient et prenaient place, Catherine surgit, affolée :

-Est-ce qu'il y a des gens de la classe d'Alexandre ?

Thomas se tourna vers elle, inquiet, mais elle ignora son regard et préféra poursuivre :

-Il nous faut quelqu'un de bienveillant dans sa classe, qui pourrait le rassurer !

-Mais que se passe-t-il ? 

Elle se tourna vers Thomas et eut un faible sourire :

-Alexandre fait une crise d'angoisse !

Sans lui laisser le temps de répondre, elle se détourna et descendit du bus précipitamment, quelques des élèves de la classe du peureux sur ses talons.

Thomas préféra rester dans le bus : puisque les trois autres professeurs étaient dehors, il était normal qu'il demeure dans le car pour surveiller les élèves.

-Je pense qu'il va rester là, déclara une voix dure.

Le professeur se tourna vers les rangées d'élèves animées, qui refoulaient un incessant brouhaha. Seule une jeune fille à quelques rangs de Thomas demeurait silencieuse ; son regard vert froid était fixé sur son professeur.

-Pourquoi ? répliqua Thomas à son élève.

Cette dernière haussa les épaules, sans pour autant détacher son regard du professeur de Physique Chimie :

-Je le sais, c'est tout.

Il plissa les yeux sans répondre. Lilly était une jeune fille pleine de mystères : l'expression toujours vide d'émotions, elle semblait analyser chacun de ses mouvements avec une extrême précision. Malgré lui, Thomas s'avoua que si il y avait bien une élève qui devait savoir si Alexandre allait rester ou pas, c'était elle.

Lilly lâcha enfin son professeur du regard. Ses yeux verts perçants se tournèrent un instant vers le paysage au dehors, puis se fermèrent doucement. Thomas avait la certitude qu'elle ne dormait pas : Lilly était bien le genre a écouter toutes les conversations dans un large rayon autour d'elle. Toujours au courant de tout, rien ne lui échappait.

Thomas cessa enfin de la regarder lorsqu'il comprit que s'il continuait à la fixer ainsi, elle finirait par rouvrir les yeux et lui poser des questions. Mais le professeur de Physique-Chimie avait un étrange pressentiment : une voix lui disait que Lilly était loin d'avoir dévoilé tout son potentiel à Thomas.

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