Bienvenue à Corporate [Romance paranormale]

Mission 21 : être opportuniste

Le lendemain, c'est vers midi que Vincent s'installe à la terrasse d'une brasserie, un peu à l'écart de l'entreprise. Il est assez sage pour ne pas s'être rendu au Orter : son choix s'est porté sur un établissement dans une rue discrète, et non fréquentée par les employés.

Il réajuste le col de son Fursac avant de profiter de son déjeuner, seul. Une heure plus tard il commande un café. Une silhouette s'approche de sa table et s'installe sur la chaise en face : de toute évidence cette personne le connait, mais ce n'est pas réciproque.

— Belle journée pour un déjeuner en terrasse.

C'est un homme aux cheveux blonds tirés en arrière, aux yeux vert kaki, de taille moyenne, lui aussi vêtu d'un costume, un Suit Supply gris, et dont les épaules supportent un long manteau de laine beige. Les deux hommes ne manquent pas d'attirer les regards des clients de par leur prestance et leur goût commun pour les costards de luxes.

Vincent l'analyse du regard : il n'a jamais vu cet homme avant. L'inconnu ne se présente pas tout de suite et commande un café, puis il affiche un sourire confiant.

— Je savais que j'aurais toute votre attention Mr Lelouarn.

— Soyons bref : je ne vous connais pas, et je suis suffisamment méfiant pour savoir que tout "service" proposé nécessite un "paiement", notamment de la part d'un inconnu.

— Ah, vous avez raison je manque de politesse. Il rit et glisse une carte de visite sur la table en direction de Vincent. Maintenant que les présentations sont faites, vous comprendrez que : je ne suis pas n'importe qui, et que je peux réellement vous aider.

Les yeux de Vincent se figent sur le nom de cet homme inscrit sur le carton, son sang ne fait qu'un tour.

— Pourquoi vous souhaitez m'aider ?

— Comme vous le disiez : c'est donnant donnant. J'ai besoin d'informations, rien de secret défense : juste des noms. Un serveur arrive et lui sert son café. Évidemment, pas n'importe qui : les actionnaires veulent être rassurés et savoir qui le fréquente, ses employés, ses amis...

Vincent fronce les sourcils, accentuant son air sérieux naturel.

— Que comptez-vous en faire ?

— Comme la tour est opaque, je n'ai aucun moyen d'obtenir des informations, même aussi simple que celle-ci à cause de vos... Il secoue la main. Vos "protocoles" mis en place par ce Ghelal.

Il boit une gorgée de son café, devant un Vincent silencieux qui n'a pas encore touché au sien.

— Rassurez-vous : il n'arrivera rien à ces personnes. C'est vraiment à titre informatif. Mais comme il s'agit tout de même d'informations confidentielles, selon votre règlement intérieur, je sais que vous prenez un risque de vous faire virer : d'où ma proposition pour que ce risque en vaille la chandelle.

— Qui vous dit que je le connais ? Pour moi c'est une ombre.

L'homme termine son café, pose de la monnaie sur la table, puis plante son regard dans celui de Vincent avec un sourire des plus sadiques :

— Oh, vu votre situation je suis certain que vous ferez en sorte de mieux le connaitre pour vous donner toutes vos chances non ?

— Demandez-lui vous-même. Réponds Vincent en lui renvoyant son regard glaçant.

— Vous êtes coriace. Il rit. Pourquoi je me donnerais tout ce mal si c'était aussi simple ?

L'homme se lève et boutonne sa veste.