I Wish They Told Me About...La Dépendance

Chapitre 2 - La Codépendance

Qu'est-ce que c'est que cela encore ?

Basiquement, la codépendance est caractérisé par une dépendance à un être qui souffre de difficultés. Une suite logique au chapitre de la dépendance affective, me direz vous ? Sûrement, puisque la base de la codépendance est bien la dépendance affective.

J'ai observé et vécu des situations de codépendance toute ma vie, sans même savoir que c'était de cela dont il s'agissait. Principalement parce que cela me semblait normal de donner tout ce que j'avais pour aider une personne en difficulté. Surtout que, pour ma part, la codépendance s'était surtout inscrite avec les membres de ma famille. C'était encore plus évident que je devais faire tout mon possible pour eux.

Sauf que non.

Entendez moi bien, aider les autres est toujours quelque chose de bien. Tant qu'on peut y poser des limites. Ou même avoir conscience que certaines limites doivent exister. Les personnes codépendantes pourraient sacrifier absolument tout pour venir en aide à la personne en difficulté. Parait il que la codépendance est surtout un moyen de recevoir de l'amour quand on n'a retenu que l'affection donnée sous forme d'emprise et de contrôle.

Et c'est toute la complexité de la codépendance. Nous sommes convaincus que sans notre aide, la personne en souffrance va sombrer. Qu'il faut l'aider à tout prix, sans se soucier de nous-même qui, en comparaison, allons bien. Nous devons absolument gérer les choses à sa place, car c'est ainsi que nous pourrons le protéger. Mais c'est surtout ainsi que nous créons une relation abusive et destructrice, dans les deux sens.

Le codépendant se sent frustré que ses sacrifices ne soient jamais pris en considération, ou mis en évidence, sans toutefois l'exprimer puisque, vous vous rappelez, l'autre passe avant. Et si l'envie lui prend de s'exprimer, il se rappelle soudain que l'autre est en souffrance, et ne pourra sans doute pas gérer ses états d'âme, en plus du reste. Alors il se tait. 

Il y a plusieurs manifestations de la codépendance, dont deux majoritaires :

- Faible estime de soi, tendance à se comparer aux autres, bien-être qui dépend de l'acceptation de l'autre

- Se sent responsable de l'autre qui, bien souvent, n'est concerné par rien. Tente de prendre le contrôle de la vie de l'autre, afin de le protéger ou pour éviter que sa situation n'empire

Bien souvent, la situation se dégrade ensuite. Le codépendant atteint un point de rupture et rejette l'ensemble de la relation. C'est une réaction de contre dépendance. Et bien souvent, c'est au tour de l'autre protagoniste de prendre la place de codépendant. La contre dépendance, c'est un refus d'attachement émotionnel, en réaction au trop-plein d'attachement précédemment vécu. La personne décide de se couper de tout et de tout le monde afin d'éviter d'être blessés à nouveau.

Les manifestations d'une contre dépendance généralisée sont aussi diverses :

- Les relations intimes étroites sont causes d'angoisses

- le codépendant évite de demander de l'aide

- il cache aux autres qu'il va mal et préfère prétendre qu'il est heureux

- il a du mal à constater les besoins et désirs des autres

- se coupe de ses sentiments et présente un comportement perfectionniste

- tendance à sexualiser tout signe d'affection

En bref, une alternance de phases d'attachement et de détachement parfaitement invivables, si vous voulez mon avis !

Pour ma part, j'ai vécu ces situations de codépendance plus souvent que je ne voudrais bien l'admettre. Particulièrement envers mes frères. Pour vous résumer la situation, tous les deux étaient tombés dans les excès du cannabis, pour ne citer qu'un exemple, et j'étais déterminée à les sortir de leur misère.

Moi, grande sœur ou petite sœur, selon le sujet de ma dépendance, j'étais parfaitement capable de les prendre par la main et de les ramener sur le droit chemin. Peu importe que cela me coûte une fortune, tout mon temps, ma tranquillité d'esprit ou ma propre santé mentale. Il fallait que je le fasse. Et c'est ce que j'ai essayé de faire.

Chaque fois qu'ils ont eu besoin d'aide, j'ai été là. D'une voiture ? Cela tombe bien, j'étais la seule à avoir le permis. D'argent ? Et bien, je pouvais toujours trouver des économies à droite à gauche, c'était quand même pour ma famille. De compagnie ? Je pouvais sauter dans ma voiture et courir leur offrir l'épaule réconfortante qu'il leur fallait. Et pourquoi ? Parce que quelqu'un devait régler leurs problèmes à leur place.

Dans mon processus d'apprentissage d'estime de soi, j'ai choisi d'écarter une personne en particulier de mon entourage, une personne toxique, pour laquelle j'avais fait beaucoup d'efforts et qui ne me l'avait jamais rendu. Et j'ai été très fière de réussir à faire ce grand pas pour ma propre confiance en moi. Du moins, jusqu'à ce que je réalise que je venais d'entrer dans ladite phase de contre dépendance ! Décidément, cette histoire n'avait pas de fin.

Et pour guérir ?

Grosso modo, j'ai retenu que pour soigner sa codépendance, il fallait utiliser les mêmes méthodes que pour soigner la dépendance affective : self love et remise de soi au centre de son monde. Faire passer ses besoins avant ceux des autres, apprendre à dire non, cesser de se sentir affreusement coupable quand on refuse de se saigner les veines pour aider l'autre. Un parcours difficile, mais faisable, je vous l'assure !

Comment devient on codépendant ?

Probablement de la même façon que l'on devient dépendant. Le schéma de la codépendance peut aussi être transmis par des schémas familiaux, de manière inconsciente. Tout le processus s'inscrit dans le mécanisme du déni, est transmis de parents à enfants, sans que personne n'évoque jamais le sujet.

Nos besoins n'ont pas été entendus, respectés ou écoutés, et nous avons appris à les ignorer, à croire qu'ils n'étaient pas assez important pour être entendus. Les autres étaient plus important et, afin de ne pas perdre leur amour, nous avons appris à nous taire et à faire notre possible pour les satisfaire, qu'ils le demandent ou non.

Puis nous nous sommes mis à croire que le mieux était encore de ne rien attendre de personne, de devenir auto-suffisants. Ce qui nous mène droit à la recherche du réconfort dans d'autres substances, la nourriture, le sexe, les drogues... 

Vous devinez le titre du prochain chapitre ?