Le lac

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Allongée au bord de l'eau, une vaste étendue de bleu s'offre à moi dans ce paysage parsemé de blanc et tacheté de noir. Des teintes de brun s'éternisent sur la rive, mais aucune feuille n'est présente aux arbres. Le temps est au passé ce que le présent serait au printemps.
Si j'en avais envie, je pourrais imaginer un cygne ici, juste devant moi. Il naviguerait comme un chef, avec son cou toujours élégamment courbé. De la poudre d'étoile coulerait entre les rochers ; la touche argenté qu'il manquerait à cette nature davantage observable que profitable.
Les pleurs des nuages, glacés, suspendus dans les airs. À trop les contempler, on pourrait en tomber sous le charme et finir hypnotisé par leur souplesse. Seulement en voyant qui ils sont, nous pourrions voyager si loin. Tellement loin que l'endroit n'aurait nul existence propre dans ce monde. Guidé par le seul souffle de notre respiration, en sentant la brise nous caresser le visage et les battements de notre cœur jouer sa plus belle symphonie.
Une harpe serait là, dans le coin, faite de bois de chêne et de cordes rares mais sensibles qui bruisserraient en un seul coup de vent mal ordonné.
L'harmonie de nos deux cœurs battants à l'unisson, enchantée par le son de la harpe, sera finalement la plus délicieuse des mélodies.
Ma boussole affolée risque trop souvent de pencher le gouvernail dans une autre direction, un autre chemin, mais le lac devant moi me rappelle à moi. Me rappelle à ce que j'aime, et  qui je suis.
Tout ce que j'apprécie et protège reflète ce que je suis. Les bouffées d'air que le bonheur me permet sont souvent uniques. Chaque instant de joie est différent, en tout cas dans ma perception de celui-ci.

Un bref clignement et tout devient plus clair encore.

Le blanc devient plus pâle que n'importe quel coloris.

La neige devient plus poudreuse.

En revanche, le lac, lui, reste gelé.

@lolclaci

Recueil des textes inspirés Where stories live. Discover now