pilote

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B E A U

Mai 2019San Francisco, Californie

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Mai 2019
San Francisco, Californie




La vérité était que j'en étais incapable.

Incapable de ne pas me demander quelles auraient été les couleurs si ma vie avait été bercée d'allégresse. Parce qu'après tout, il y avait tant de possibilités. Nombreuses étaient les déclinaisons de couleur qui, autrefois, auraient pu avoir un quelconque sens.

Je m'étais souvent interrogé sur la couleur qu'avait le bonheur, de quelle tonalité était-il composé. Comme si en connaître la moindre de ses nuances pouvait me faire goûter une infime saveur. Bleu... rouge... vert... jaune... orange... Les possibilités étaient multiples même si, la plupart du temps, la vie se percevait soit blanche ou soit  noire. Il n'y avait pas de juste milieu, ni même de camaïeu rosé. La vérité était que rien ne pouvait être rose. Pas même la vie.


Surtout pas la vie. 


J'avais appris à mes dépends que le gris morose n'existait pas seulement dans les films des années 50. Et que l'aquarelle multicolore n'appartenait qu'aux œuvres que l'on exhibait dans les musées. Et je haïssais étudier la moindre petite excentricité, car la plupart du temps, je n'y voyais que les sinistres teintes. 

Ce n'était sans doute pas la meilleure de mes toiles. Mais elle était suffisamment détaillée pour refléter une part de vérité. J'avais entendu dire, que souvent, l'œuvre esthétique n'était que le reflet des âmes artistiques torturées. Et que la plupart du temps, le reflet était le pire des ennemis. Lui mentir relevait de l'impossible.

Prétendre que tout allait pour le mieux était un jeu d'enfant, mais le présumer face à son propre miroitement, dépassait l'entendement.

Quand on ne va pas bien, se cacher la vérité relève de l'exploit. Pourtant, je n'étais pas surdoué. Ni même comédien de ma propre réalité. J'étais simplement le vieux vinyle qui tournait en boucle sur son lecteur. Tournant sur lui-même impassiblement, il avait beau grincer, et s'abîmer, il n'en était pas moins qu'il poursuivait ses mouvements.

Un peu comme la houleuse océanique qui s'étendait à perte de vue, enroulant, de son écume envenimée, les articulations de ma cheville. Les pieds dans l'eau, je longeais le littoral depuis quelques minutes déjà. À la recherche d'un calme olympien, dans ce qui pourrait-être l'ouragan de toute une vie.

Marcher me faisait du bien. Du moins c'était ce dont je m'étais toujours persuadé. Mon père disait que marcher permettait à l'esprit de s'évader, et surtout de tirer les choses au clair. Souvent, après une longue journée, il disparaissait quelques heures pour aller longer les bords de mer, imaginant certainement pouvoir apaiser son esprit tourmenté. Mais, ça n'avait jamais eu le même effet sur moi. La solitude m'avait toujours desservie. Elle me confrontait à toutes mes pensées fulgurantes et assaillantes.

J'étais devenu son damné préféré. La solitude avait fait de moi sa marionnette parfaite. Elle m'utilisait à sa guise. Et devenir aussi invisible que l'air était finalement devenu un refuge.

Il n'y avait pas de place dans le monde, pour les originaux. Alors finalement, la solitude n'était pas si mal. De sa présence fantomatique, elle meublait toute une partie de mon existence, étouffant par la même occasion, les possibilités d'un bonheur inconditionnel.


Et j'en étais devenu son prisonnier.


Le regard vissé sur les vas-et-viens écumeux, j'inspirais profondément, les mains dans les poches. Les pensées se bousculaient. Brumeuses et noires, tirer les choses aux claires n'arrangeait rien.


C'était trop tard.


Le halo, qui s'étendait, ne me ressemblait pas. Il n'était que le pâle reflet de ma destruction. Le visage suspendu au-dessus du remous des vagues, j'apercevais le trait tiré et difforme d'une illusion que j'aimais véhiculer. Quasiment parfaite, il n'y avait qu'un seul détail qui ternissait l'idée.

Malgré son trouble, tout ce que je percevais, c'était cette tache autour de mon iris. D'une couleur violacée, elle avait enflé, emprisonnant l'expression de mon regard. Vu d'ici, je faisais peine à voir, mais dans le fond, je savais pertinemment que je l'avais mérité.

Il y avait, chez moi, tant de choses qui clochaient, que les énumérer ne feraient que me confronter à la réalité.


Je n'avais pas ma place, et je ne l'avais jamais eue.


Je pouvais bien me demander quelles auraient été les tonalités du bonheur, ça n'arrangerait rien. Parce qu'en fin de compte, le bonheur n'avait jamais existé. Alors, à quoi bon persister à croire que tout finirait par devenir artistiquement vivant, quand on savait pertinemment que les seules couleurs actuellement valables étaient le violet et le gris ?

Au travers de cette étendue, bercé par ses flots agités, le garçon que j'apercevais était exténué. Fatigué de ne pas savoir trouver sa place dans ce monde. Épuisé par toute cette incompréhension. Et surtout abimé par l'absence de couleur.

En dépit de tous ses ballonnements, l'eau n'avait jamais été aussi claire. Et les regrets s'empressaient de prendre le large avec les ondulations nébuleuses.

Diluée dans la nappe saline, mon existence écarlate disparaissait-elle aussi. Alors qu'ouvert à vif, le flux sanguinaire s'enroulait autour de mes poignets. Goutte après goutte, l'eau se teintait. Et pour la première fois depuis longtemps, le bonheur n'avait jamais été autant coloré.

 Et pour la première fois depuis longtemps, le bonheur n'avait jamais été autant coloré

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The Loneliness Of Our Happiest DaysNơi câu chuyện tồn tại. Hãy khám phá bây giờ