quatre-vingt-deux

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Esmée déglutit difficilement, elle détache à contrecœur sa main de celle de Pierre afin d'essuyer les larmes roulant sur ses joues dans un petit rire nerveux. Elle est sensible naturellement mais il faut dire que même si elle ne l'était pas, elle se trouverait dans le même état suite aux paroles du pilote.

- Je t'aime tellement, bredouille-t-elle en sanglotant.

- Je sais p'tit cœur.

Pierre se redresse pour caresser sa joue d'un geste du pouce afin de la rassurer. Les mots manquent à Esmée et il le sait pertinemment. Il laisse son doigt glisser sur sa peau humide par les larmes et sans un mot, Pierre dépose ses lèvres sur celles de la brune dans un profond baiser qu'elle s'empresse de lui rendre.

Ce baiser est différent des autres, il est doux et témoigne d'un amour sincère les ébranlant. La main libre de la brune glisse sur son flanc gauche lui provoquant des frissons et Pierre se moque bien qu'elle ne soit pas parfaite à cet instant précis. Esmée est rayonnante avec ses cheveux décoiffés, son teint blafard à cause de l'anesthésie et ses yeux humides de larmes.

Il ne voit que de la beauté dans ses joues bouffie par sa prise de poids, par ses traits tirés par la fatigue accumulée. Pierre pourrait rester des heures à l'embrasser tendrement ainsi si ils n'étaient pas interrompus par la raison de leur présence dans cet hôpital, par la concrétisation corporelle de leur amour éternel.

Un rire cristallin s'échappe des lèvres d'Esmée en constatant que leur fils vient de finir sa toute première tétée, délaissant son sein endolori pour effectuer un tout petit mouvement dans les bras de sa mère. Elle se tourne vers Pierre qui ne s'arrête pas de sourire et elle questionne d'une petite voix :

- Est-ce que tu veux le prendre ?

Pierre acquiesce en comprenant que le nourrisson doit se redresser, chose qu'Esmée ne peut pas faire en étant allongée. Elle veut également éviter de privatiser cette relation, sa main lâche l'épaule de Pierre lorsqu'il se recule en délaissant ses lèvres.

Délicatement, Pierre porte leur minuscule bébé. Sa peau vient se coller à son torse brûlant et il attrape une petite couverture pour recouvrir le dos de l'enfant qu'il tient contre lui. Il ne s'arrête plus de sourire malgré sa peur qu'il exprime :

- Ça va comme ça ?

Esmée acquiesce pour le rassurer qu'il le tient correctement, elle comprend sa peur de commettre une maladresse face à la taille minuscule de leur nouveau né.

Il tient le nourrisson contre lui, sa tête vêtue d'un minuscule bonnet est venue se caller contre son épaule. Pierre ne peut s'empêcher de sourire en frottant de quelques doigts le dos du bébé avant que ce dernier n'évacue l'air ingurgité lors de tête en un minuscule rot.

- C'est bien p'tit bonhomme, souffle-t-il en déposant doucement ses lèvres sur front.

Pierre se réinstalle aussitôt sur son fauteuil en gardant Rafael dans ses bras, il s'est déjà rendormi sous leurs yeux attendris. Esmée ne peut s'empêcher d'ajouter en souriant :

- Sa première nuit sera complète, après ça, on ne dormira pas beaucoup.

- Je me doute, tu devrais essayet de dormir, suggère-t-il.

- Je ne pense pas y arriver.

- Moi non plus.

Il garde le regard rivé sur le petit en sachant qu'il passera une grande partie de la nuit à l'observer tout comme Esmée, il ne réalise pas encore.

- Il a des yeux bleus comme les tiens.

- Ma mère m'a dit que c'était pareil pour tous les bébés et que la couleur des yeux pouvait changer jusqu'à neuf mois.

SYNDROME » Pierre Gasly ✓Where stories live. Discover now