Chapitre 2.

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C'est donc mon petit côté mielleux, très profondément enfuis au plus profond de mon être, qui me mène à l'intérieur du hall quasi vide de l'hôpital. Je suis assis sur l'un de ces sièges en plastiques inconfortables et j'attends que le guichet de l'accueil se libère. Quand le type se barre après avoir lourdement insisté pour prendre le numéro de la fille qui s'occupe du guichet, je m'avance avant que quelqu'un d'autre ne me choppe ma place.

J'attends quelques secondes qui me paraissent durer une éternité que la blondasse ne daigne revenir son foutu siège. Quand elle revient, des dossiers pleins les mains et un badge doré épinglé à sa chemise indiquant qu'elle s'appelle Wendy, elle mâche bruyamment son chewing-gum. Les gens qui mâchent comme des vaches font également partie de la longue liste des choses qui me cassent royalement les couilles. Elle tapote son clavier et à chaque 'tic' que les touches produisent, ma patience s'épuise un peu plus encore.

-Excusez-moi, je dis.

Elle continue de mâcher vulgairement son chewing-gum en regardant l'écran de pc. Je tapote le bois du bout de mes doigts, mes nerfs lâchent, je le sens.

-Excusez-moi, je répète, plus agressivement.

Elle lève les yeux, se tourne lentement vers moi et m'accorde un petit sourire qui me donne envie de l'insulter violemment. Elle a l'air épuisé quand elle me fixe à travers ses cils surmaquillés.

-Etes vous obligé d'être aussi grossier? demande-t-elle calmement.
-Spécialement quand on ne fait pas son job, je réponds. Vous avez déjà lu ce qui est écrit au dessus de votre guichet?
-Information, répond-t-elle en fronçant les sourcils.
-Exactement, information, je rétorque cynique. Vous êtes payée pour quoi si vous ne daignez pas lever vos...

Je pince les lèvres pour me calmer, pour constituer une barrière aux insultes qui se pressent dans ma bouche.

-Vos yeux de votre foutu écran pour me donner les informations que je ne peux définitivement pas trouver seul puisque j'en suis à me résigner à vous le demander, hein?

Elle s'offusque et ça me satisfait. Ma grand-mère a changé de chambre il y a une semaine. Elle est passée des soins intensifs au service gériatrique. Elle s'est faite opérer d'un truc carrément bénin, une ablation de l'appendice. Le temps qu'elle recouvre un peu et elle s'est faîte transférer dans son service d'origine. Seulement voilà, l'hôpital vient tout juste de finaliser les quelques travaux que le directeur a entreprit, tout les services se retrouvent délocalisés dans d'autres bâtiments, dont celui gériatrique.

En conclusion, je me serais bien passé de taper la causette à Wendy si seulement je savais où on avait transféré ma grand-mère. La vie est quand même mal faite quand on y pense. C'est quand vous avez le plus envie de démolir une dizaine de murs à la force de vos poings qu'on vous colle une secrétaire incapable pour vous renseigner.

-Bien, je reprends plus calmement. Où puis-je trouver la gériatrie s'il vous plait?

Elle lève les yeux au ciel en déformant sa bouche dans une moue dégoutée, comme si elle venait tout juste de découvrir que j'étais la pire crasse de la Terre.

-Vous sortez, à gauche, bâtiment quatre, étages trois, répond-t-elle machinalement.

Je me redresse en lui accordant un sourire sarcastique dont j'ai le secret.

-Vous voyez que ce n'est pas bien compliqué. Bon après-midi.

Wendy ne me répond pas, trop occupée à siffler des vingtaines d'insultes entre ses dents. Je sors du bâtiment surchauffé. L'air est encore plus frais que dans mon souvenir et la neige tombe fortement.

Madness (H.S)Where stories live. Discover now