Chapitre 12

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Une fois arrivé à destination je pris place sur un des bancs qui trônait sur un des côtés de ce cimetière où les tombes étaient séparées de parcelles de pelouse. Je dois avouer que ça avait son petit charme, oui un cimetière qui a du charme assez paradoxal mais possible ! Cet espace ne ressemblait à aucun autre cimetière il avait pour particularité d'être un immense espace de verdure où les arbres sans feuilles se battaient en duel branches contre branches mais où l'ordre semblait régner grâce à ses pierres qui imposait le respect. On pouvait ressentir la puissance et la force que dégageait ces vieilles pierres assez pour nous imposer le silence. J'ignore pourquoi je subis l'influence de stupides pierres mais je me laissai faire, comme tout le monde, je ne sais pour quoi ? Par peur d'offenser qui ? Des pierres ? Des morts ? Ils ne risquaient certainement pas de se réveiller de leur somme éternelle pour me, telle une bibliothécaire enragée, faire taire.

Estimant mon temps de réflexion sur les pierres, écoulé et ne souhaitant pas rentrer après le repas, je reste un être humain ! Je pris la direction de l'appartement où devait m'attendre ma nouvelle belle famille. La nuit se faisait totale, tout en marchant je réfléchis à mon comportement. Etait-ce normal pour un jeune homme de 17 ans de venir trouver refuge dans un cimetière la nuit. De ma triste vie d'enfant n'ayant jamais vraiment eu de famille stable avec de repères stables j'imaginais que c'était un lieu comme un autre pour venir recueillir ses pensées. Ou peut-être me trompai-je. Peut-être était-ce l'œuvre d'un psychopathe ou de tous les mots terminant par le suffixe pathe mais est-ce qu'un psychopathe se poserait la question de savoir s'il l'est ? Etait je quelqu'un de déséquilibré à me poser de telles questions ? Sans doute.

J'accélérais le pas lorsque des bruits de heurts se firent entendre. Je pris la décision de presser mon pas après tout, nous étions dans les Queens e je ne souhaitais pas être présent lors d'un passage à tabac. Je savais me défendre mais même du haut de mon mètre quatre-vingt-dix je me savais incapable de battre cinq mecs munis de lames. J'avançais donc d'un pas légèrement plus pressé, envieux de m'éloigner le plus possible de cette scène. Je m'apprêtais à tourner à l'angle d'une rue quand j'entendis un bruit, plus précisément un gémissement, de femme. Je restai stupéfait, dans ma tête un milliard de question et de souvenirs se bousculaient. Devais-je y aller ? Devais-je laisser une personne se faire détruire comme je l'ai été ? Je retournai sur mes pas, me rapprochai pour enfin découvrir ce qui s'y tramait. Là devant mes yeux, dans une ruelle des plus malfamée se tenait deux personnes. L'homme, qui semblait peiner à contenir la jeune femme qu'il plaquait contre le mur en brique. A la vue de cette scène mon sang ne fit qu'un tour je m'approchai à grandes enjambées de cet animal je le bousculai, laissant ainsi la possibilité à la jeune femme de se libérer de l'emprise du mâle. Elle se laissa tomber au sol, je ne pris pas la peine de lui demander si elle allait bien il n'était pas utile dans ces circonstances de posées telle question. Mon attention se reporta sur l'homme je m'attendais à ce qu'il sorte une arme de sous son sweat mais il n'en fit rien. Il se recula et me contempla je voulu faire pareil malheureusement la capuche m'empêchait de mettre un visage sur cet animal. Soudain il se rua vers moi, j'eus tout juste le réflexe de le saisir par les épaules et de l'envoyer valser derrière moi. Il perdit l'équilibre et avec ça sa capuche, le masque tomba, le choc me coupa la respiration. Je connaissais cet homme, assez bien pour l'avoir côtoyé durant de nombreuses années. La colère emmagasinée jusque-là laissa place à tout autre sentiment, je n'étais plus habité par la colère c'était pire que ça, je ne ressentis plus la fraicheur de la soirée piquée ma peau, à vraie dire je ne ressentais plus rien, toute émotion, sentiment avait quitté mon corps. Seul l'homme en face de moi pouvait me causer ce genre de réaction. J'étais devenu cet être incontrôlable et inhumain que je m'efforçais de refouler et de contenir, cet être qui, vide de toute trace d'humanité était capable des pires atrocités.

- Je... je te connais-toi, non ?! s'exclama le vaux rien

- Ça fait un bail, Papa. Fis-je m'efforçant de contenir le démon en moi qui n'attendait qu'une chose être libéré après tant d'années.

- Na...Nathanaël ? bégaya-t-il

- Tu as perdu le droit de m'appeler par mon prénom depuis bien longtemps.

- Je vois que tu as les mêmes travers qu'à l'époque avançais-je en désignant la fille.

- Qu'est-ce que tu racontes mon fils ?

- NE M'APPELLES PAS COMME CA ! Tu ne te souviens pas alors ? Tu ne te souviens pas de toutes ces mains baladeuses que tu laissais promener sur mon corps parfois nu. Tu ne te souviens pas de la fois où tu as posé ma main sur ton sexe ? Toutes les fois où j'ai pleuré te suppliant à genoux d'arrêter mais non tu continuais. Tu ne te souviens pas non plus lorsque Bartholomé a tenté d'y mettre un terme et que tu l'as lynché, jusqu'à le tuer ? REPONDS !

- C'était un accident ... je ne voulais pas ... ton frère a voulu m'attaquer en le repoussant sa tête a heurté la table, ce n'était pas de ma faute c'était un accident.

- Un accident ? Et tout ce que tu m'as fait, ça aussi tu l'as fait passer pour un accident peut-être que devant les juges ça passerai mais vois-tu ce soir je serai à la fois juge, juré et bourreau. Autrefois il m'était impossible de me défendre je n'étais qu'un petit garçon. Tu te rends compte un petit garçon ! Mais aujourd'hui j'ai le pouvoir de me défendre, de te faire payer le prix. Mais même ta mort ne me rendra pas ce que j'ai perdu, car oui papa tu m'as tout pris mais surtout tu m'as brisé et actuellement le monstre que tu vois en face de toi, c'est celui que tu as façonné jour après jour, caresses après caresses. J'étais terrorisé à l'idée de rester dans la même pièce que toi, tu n'as pas fait que me briser physiquement mais tu l'as aussi bien fait psychologiquement. Aujourd'hui je ne supporte pas qu'on me touche, frôle, voire même qu'on m'approche, je deviens agressif dès qu'on m'aborde mais au-delà de ça tu as créé ce pour quoi je combats chaque jour, cette chose qui m'engloutie peu à peu car je sais que si cette chose sort un jour je le paierai à jamais. Mais je suis prêt à faire une exception et à cesser de résister pour ce soir. Pour toi, je suis prêt à reprendre ce que mon frère avait commencé. Tuu as bien compris papa ce soir sera ton dernier soir, je vais te tuer comme tu as commencé à me tuer il y a de ça maintenant douze ans.

Je vis de la terreur traversée ses yeux et j'aimais ça, j'aimais comprendre que cette fois j'étais celui qui avait le dessus et je compris. Je compris qu'il avait saisi ce qui était en train de se passer et ce qui allait se passer. Ni une ni deux je me jetai sur lui défoulant toute ma haine et la violence qui s'emparait de moi j'entendis crier je frappais, cognai, tordais, serrai et écrasai tout ce qui était à ma portée je sentis ses os craquer sous ma rage incontrôlable, je continuais sans jamais m'arrêter, défoulant sur lui toute cette douleur restée trop longtemps enfouie. J'étais comme dans un état de transe, je n'avais plus aucun contrôle sur mon corps, plus aucune maitrise. Je me laissai totalement allé à ma nature d'animal je ne réfléchissais plus, seul comptait le résultat. La souffrance et la mort. Je ne m'arrêtais pas, même lorsque je sentis son corps se vider de toute dernière trace de vie je continuai pris dans une folie meurtrière. Je n'entendais plus rien autour de moi je ne percevais rien pas même la sensation de cogner, je ne ressentais et ne désirai qu'une chose l'assouvissement de mes pulsions. Le démon était libéré.

CondamnéTahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon