SYNDROME » Pierre Gasly ✓

quatre-vingt

- Ça va p'tit cœur ?

Esmée ne répond rien, elle se contente d'essuyer ses larmes. Elle ne veut pas pleurer devant Pierre, elle ne veut pas l'inquiéter pourtant l'un de ses petits reniflements n'est pas bien discret et il n'échappe pas au rouennais.

- Qu'est-ce que t'as fait aujourd'hui ?

- Rien, gémit-elle d'une voix faible.

Elle se doute que Pierre se pince les lèvres en étant embêté par sa réponse franche puisqu'un court silence s'installe où elle ne l'entend que soupirer. Le cœur d'Esmée se serre en comprenant qu'elle l'agace mais Pierre reprend doucement après avoir été décontenancé :

- Est-ce que tu as réussi à préparer le sac d'accouchement ou réfléchi à la liste du nécessaire ?

- Pas encore, murmure-t-elle. Il y a le temps, c'est dans une semaine.

- Tu fais toujours tout à la dernière minute, soulève Pierre amusé. On le fera à mon retour.

- Il faudrait encore que tu rentres...

Ces mots crus s'échappent de ses lèvres sans qu'Esmée puisse les retenir. Elle s'en veut immédiatement de les avoir prononcés face au silence sans équivoque de Pierre.

- Je... désolée... je ne...

- Je rentre demain soir, coupe Pierre d'une voix sèche.

Esmée sent l'anxiété se répandre dans l'entièreté de son corps. Elle vient tordre son ventre et rendre ses mains moites de manière instantanée. Ses lèvres se mettent à trembler sous le coup de l'émotion et elle ne sait quoi rajouter, elle espère simplement que Pierre ne raccrochera pas et elle est soulagée en l'entendant reprendre sans animosité :

- J'allais te le dire, tu vois ? J'ai encore une réunion demain matin et j'y retournerai lundi. Moi aussi, ça m'agace, je préférerais rester avec toi mais c'était prévu comme ça, soupire-t-il.

- Je suis désolée.

- Je sais p'tit cœur, je sais que tu es fatiguée, c'est bientôt terminé.

Esmée acquiesce en ayant la gorge nouée, elle ne veut qu'accoucher même si elle appréhende la césarienne et les douleurs qu'elle pourra avoir après cette opération chirurgicale.  Elle écoute simplement Pierre raconter sa journée, puisqu'elle n'a rien à dire sur la sienne, en ayant rien fait d'exceptionnel. Elle se contente d'ajouter au bout de quelques minutes :

- Le lave-vaisselle est en panne.

- J'espère que tu as laissé dans l'évier et que tu n'as rien nettoyé à la main, souffle Pierre.

Elle répond par la négative et Pierre assure qu'il s'en occupera à son retour. Au bout d'une heure d'appel téléphonique, le couple finit par se séparer, ils se verront à son retour en fin de journée le lendemain.

Le vendredi soir, Esmée est soulagée en entendant la porter claquer et la voix de Pierre raisonner à l'intérieur de l'appartement. Elle lui indique qu'elle se trouve dans la chambre et le pilote finit par apparaître dans cette dernière avec un sourire aux lèvres.

Il vient s'assoir à ses côtés, il se penche pour déposer un baiser sur la joue d'Esmée. Elle est emmitouflée dans la couverture et Pierre se demande si elle s'est levée depuis le début de la journée. Il a la réponse en observant le verre d'eau traînant sur la table de chevet à moitié vide et Esmée glisse face à son regard :

- Je ne fais qu'aller aux toilettes, même la nuit.

- Vois le point positif, tu évites les infections urinaires.