- Je sais, je ne peux pas te forcer à venir mais je peux essayer de t'encourager un p'tit peu, souffle Pierre

Esmée acquiesce en l'observant toujours. Il est tellement prévenant et attentionné qu'elle se demande par quel miracle leurs chemins se sont croisés un jour, il lui apporte tellement qu'elle devrait venir rien que pour le remercier d'être l'un de ses piliers chaque jour pourtant elle en est incapable.

Elle se perd dans ses pensées, ses doigts caressent le flanc de Pierre, puis sa main remonte jusqu'à se poser sur son épaule dénudée, elle se pince les lèvres en avouant à haute voix :

- Je veux juste faire du piano.

La main de Pierre attrape la sienne restant sur son épaule, il lie ses doigts en siens. De son autre main, il replace une mèche de cheveux de la pianiste toujours appuyée contre l'oreiller. Il déglutit difficilement en comprenant que ce besoin viscéral de jouer est dû à son anxiété et au mal-être qu'elle ressent depuis les propos entendus.

- Je sais, mais il n'y en a pas ici.

- C'est un hôtel de merde alors, conclut-elle.

- C'est vrai.

Esmée soupire profondément, elle n'est pas en colère simplement vidée de toute émotion. Elle a l'impression d'être amorphe depuis deux jours et seules les caresses que glisse Pierre sur le dos de sa main la sortent de cette torpeur et de cette envie de laisser ses larmes couler.

- Est-ce que je peux t'encourager même si c'est un peu maladroit de ma part ? questionne Pierre.

Esmée plante son regard dans le sien face à l'hésitation qu'elle entend dans la voix du jeune homme et Pierre prend ceci pour une autorisation, il dit simplement :

- Ne pas venir, ça serait comme les laisser gagner et elles ne méritent pas que tu restes ici à te morfondre sur toi-même. Je sais ce qu'il se passe dans ta tête, je sais que tu ressasses tout ça et que tu finiras par croire tout ce qu'elles t'ont dit, c'est du lavage de cerveau de tenir de tels propos.

- Mais si ça recommence et que...

- Ça recommencera sûrement, l'interrompt Pierre. Sur un circuit, sur les réseaux mais il faut se concentrer sur nous, rien que sur nous. Il y a toujours des gens pour s'interposer dans des relations. Dans notre cas, on est plutôt chanceux que ça ne soit personne qu'on puisse connaître. Ce n'est ni nos amis, ni notre famille, ce ne sont que des inconnues et moi, j'en ai rien foutre parce qu'ils ne te connaissent pas comme je te connais. Et je refuse que tu les laisses gagner, Esmée.

La pianiste acquiesce en essuyant les larmes perlant au coin de ses yeux, elle sait qu'il a raison. Elle pose ses mains sur la nuque de Pierre pour l'attirer contre elle, il se laisse faire lorsqu'il s'allonge à ses côtés pour une étreinte qu'Esmée prolonge pour le remercier, elle dépose ses lèvres dans sa barbe piquante.

Sa main passe sur le dos brûlant de Pierre, il doit encore s'habiller avant de partir et peut-être qu'elle est convaincue de l'accompagner. Elle ne peut pas s'arrêter de vivre pour quelques pauvres insultes, elle finit par dire :

- Je dois me laver les cheveux avant et je ne sais pas comment m'habiller.

- On va trouver quelque chose, prends ton temps, rassure Pierre en ne la contredisant pas.

Elle le sent sourire tandis qu'il dépose un baiser sur sa joue avant de se redresser en l'entraînant avec lui. Habituellement, elle ne porte aucune importance au fait d'avoir les cheveux sales mais aujourd'hui tout paraît différent, elle ne veut pas laisser la moindre opportunité aux gens de l'insulter.

SYNDROME » Pierre Gasly ✓Where stories live. Discover now