Anna sourit et ne dit plus rien avant que le professeur arrive, à la bourre comme d'habitude. Il tient son sac dans la main et recommence son épisode de recherche de la bonne clé.

Lorsqu'enfin nous rentrons, les bavardages commencent. Je sors mon cours et quand il nous fait un schéma au tableau, je recherche un crayon à papier dans ma trousse. Je soupire car cela me fait repenser à la fois où le nouveau a cassé une de mes fourniture.

Soudainement curieuse, je regarde derrière moi. Ma colère disparaît en remarquant qu'il n'est pas là. Je me tords le cou pour voir s'il n'a pas choisi une autre place et j'en ai maintenant la confirmation. Soit le nouveau sèche, soit il arrête les cours ou bien il s'est fait virer.

Eh bien ! Il n'aura pas tenu longtemps.

***

Deux heures plus tard, alors que la sonnerie de la pause a retenti et que je me prépare à quitter la salle de cours, le professeur m'appelle :

— Perle, auriez-vous quelques minutes ?

Je me retourne et abandonne Anna qui quitte la salle de cours.

Tout en m'approchant du bureau du professeur de philosophie, je me demande ce que monsieur Cénal va encore inventer pour me convaincre de faire sciences politiques. Il n'en est pas à sa première tentative. Je crois qu'il a espoir de me faire céder grâce à la répétition.

 — Je vais avoir besoin de vos talents mademoiselle, lance-t-il.

Cette annonce m'intrigue, aussi je hausse un sourcil et attends la suite :

— Je suppose que vous avez déjà entendu parler de l'altercation entre Maxime Grant et Victor Hark ?

Comme je ne réponds pas, le professeur se lève et donne un coup d'œil vers la porte. Lorsqu'il s'avance vers celle-ci pour la fermer, je sens la naissance d'une angoisse. Attendez, pourquoi monsieur Cénal va fermer la porte ?

Je sens mes doigts se figer sur l'anse de mon sac à dos.

 — Monsieur Hark a été exclu pour trois semaines, sanction bien sévère qui aurait peut-être été revue à la baisse si Maxime n'était pas le fils du directeur. Enfin, je ne veux pas dire par là que je cautionne la violence, ne vous méprenez pas Perle. En temps que professeur de philosophie,  je dirai tout le temps que la parole est la réponse la plus sage qu'une personne puisse apporter. Enfin, je crois que je m'égare un peu là, pardonnez-moi. Bon, je disais que monsieur Hark a été exclu pour trois semaines et puisque j'ai un imprévu de presque dernière minute, j'ai songé à vous.

Monsieur Cénal a pensé à moi ? Euh... Je ne sais pas comment je dois prendre cette information. Mes yeux inquiets glissent sur la porte qu'il a fermé et soudainement, la peur m'attrape.

Le professeur, aveugle à ma subite panique, continue :

— J'ai bien remarqué que Victor n'est pas si mauvais élève qu'il veut faire croire, cependant son retard de trois semaines risque de le mettre en difficulté. Déjà que ce transfert d'un lycée à un autre, en plein milieu d'année est compliqué, alors si on ajoute presque un mois d'absence de cours, j'ai bien peur que cela détruise ses chances d'obtenir son diplôme ! Et vous savez à quel point cet objectif compte à mes yeux, Perle.

Parce que je ne vois toujours pas où il veut en venir, je ne dis rien. OK, apparemment monsieur Cénal se soucie de l'avenir du nouveau. C'est étrange, mais je peux concevoir. Néanmoins, qu'est-ce que je viens faire dans l'histoire moi ? Je ne suis pas sa confidente.

Le point positif là-dedans, c'est que je n'ai plus peur du fait que mon professeur ait dit qu'il a pensé à moi ou bien qu'il a fermé la porte à clé.

Les écorchés - Tome 2 : Seconde chanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant