soixante-huit

Depuis le début
                                    

Comme chaque matin depuis qu'elle a emménagé dans le dix-neuvième arrondissement, la pianiste se rend au Conservatoire de Paris à pieds. Ce dernier se trouve non loin de la Philharmonie. Elle n'a presque plus besoin d'utiliser les transports en commun où elle pouvait y passer des heures. Elle croise Céleste dans salle des professeurs du conservatoire, elle s'arrête au près d'elle avec une café décaféiné dans les mains.

- Tout va bien ?

Esmée hausse simplement les épaules, elle a encore deux heures de cours avec un élève. Elle n'a pas vraiment envie.

- Vous vous êtes disputés ?

- Comment t'as deviné ?

- Ilies est parti précipitamment très tôt ce matin pour aller courir avec Pierre, alors que ce n'était pas prévu la veille, explique-t-elle.

- Ilies a passé la nuit la chez toi ?

- Ce n'est pas le sujet du jour, souffle Céleste avec un petit sourire.

La pianiste s'apprête à la questionner de nouveau mais Céleste se rend compte de l'heure. Elle fuit en s'éclipsant, prétextant qu'elle est en retard pour son cours. Ce simple échange redonne le sourire à Esmée durant le reste de la journée.

Sur le chemin du retour, Esmée fait un détour par une rue commerçante pour passer le temps. Ses yeux se posent sur une vitrine vendant diverses peluches pour enfant qu'elle observe tendrement, elle meurt d'envie d'envoyer une photo de l'une d'entre elles à Pierre avant de se rappeler qu'elle n'est pas censée lui pardonner aussi facilement.

Esmée espère rentrer avant le français, elle ne souhaite pas le croiser. L'absence de ses chaussures dans le hall d'entrée montre qu'il n'est pas présent, Esmée en est soulagée.

Elle mange rapidement avant de s'étaler dans son lit, une nouvelle fois où elle reste dans ce dernier à ne rien faire, excepté annoter les partitions qu'elle a prises au crayon de bois. Elle les connaît presque par cœur, elle se sent stupide de faire semblant pour passer le temps.

La porte d'entrée claque, suivie par des bruits de vaisselles signifiant que Pierre mange. La brune entend ensuite ses pas se diriger vers elle, Pierre entrouvre légèrement la porte, suffisamment pour laisser passer sa tête dans l'entrebaillement de cette dernière. Il porte son regard sur le lit où sa brune est allongée, elle relève la tête dans sa direction mais ne dit rien.

- Je... je dois prendre des vêtements, bredouille-t-il d'une voix hésitante.

L'absence de réponse est comme un accord pour qu'il rentre à l'intérieur de la pièce. Il ouvre la penderie sous le regard brûlant de la pianiste pour récupérer quelques vêtements propres. Il est mal à l'aise, il ne s'attarde pas plus longtemps dans la chambre.

Esmée aurait espéré qu'il prenne la parole au lieu de ressortir en fermant la porte derrière lui. La cabine de douche s'ouvre et le jet d'eau commence à couler durant de longues minutes laissant Esmée hésitante.

Peut-être qu'elle devrait faire le premier pas même si elle est convaincue que ce n'est pas à elle de craquer la première. Il ne mérite pas qu'elle fasse cet effort après une crise de jalousie d'une telle ampleur.

L'eau finit par arrêter de couler et il ne fait que quelques minutes avant que les pas de Pierre ne se fassent de nouveau entendre dans le couloir. Il semble faire les cents pas, revenant inlassablement vers la chambre puis le salon. Finalement, sa voix se fait entendre à travers la porte :

- Esmée...

Elle se redresse légèrement dans son lit pour tendre l'oreille afin de l'entendre plus facilement. Elle letend soupirer avant qu'il ne reprenne.

SYNDROME » Pierre Gasly ✓Où les histoires vivent. Découvrez maintenant