Fight inSpace #2 - Vivre dans le bleu de tes yeux (M/M)

CHAPITRE 7

 S'il avait su que cela serait si dur et éprouvant, douloureux et éreintant, il serait sans doute resté allongé dans son lit à se morfondre et à pleurer. Pourtant Léocadie était dans la salle de sport pour le troisième jour consécutif.

Il soufflait fort, le visage rougi par l'effort, le sang battant ses tempes et la sueur collant à sa peau. Il aurait dû être dans sa chambre à regarder les informations ou un film.

La veille, au dîner, Call était venu lui parler des résultats de la boîte noire et surtout des théories parfois farfelues que les ingénieurs avaient émises. Apparemment, il s'agirait d'un système de distorsion avancé. Un déplacement dans le temps et l'espace sans... bouger réellement. Bien sûr, c'était impossible, avait annoncé Calahan mais il n'avait pas l'air convaincu par ses propres mots. Cela avait intéressé Léocadie. Si c'était vrai, ce système serait tout bonnement révolutionnaire. Une réelle avancée depuis la vitesse de distorsion mais il n'avait pas accès aux données militaires depuis son ordinateur. Normal, on ne laissait pas des informations secret-défense à disposition de tous. Alors il était là, dans la salle de gym, à s'entraîner encore.

Il n'aimait pas rester sur un échec et c'était ce qu'il cumulait depuis le début. Malgré les paroles rassurantes du kiné, il n'était pas content de ses maigres progrès. La connexion entre sa cuisse et sa prothèse était bonne mais il n'arrivait pas à ressentir la jambe comme le lui avait expliqué le médecin. Ce dernier lui avait dit que les premiers exercices l'aideraient en ce sens mais il n'avait rien senti. Il lui fallait muscler sa cuisse afin qu'il puisse s'y appuyer sans se faire mal, ce qui n'était pas le cas actuellement.

Léo se redressa comme il put. En fait, il tenait debout sur ses deux jambes tant qu'il ne fallait pas bouger. Il était encore fébrile et son corps tremblait mais c'était déjà ça. Il fixa le bout du tapis, à juste un mètre. Le kiné lui avait conseillé de commencer par les petites barres et c'était ce qu'il faisait. Tant qu'il n'était pas à l'aise avec sa prothèse, il valait mieux prioriser les distances courtes.

Ses mains bougeaient nerveusement au-dessus des barres. Il inspira doucement et les posa. Il pouvait y arriver sans se ramasser ! Ce n'était qu'un malheureux mètre, à peine quelques pas. Il prit appuie et leva lentement son pied valide pour le positionner. Ses membres tremblaient.

Il avança son autre jambe. Plus qu'il ne montait sa jambe, il la faisait glisser sur le tapis. Il devait réussir. Il était capitaine. Il serra les dents et recommença mais jamais il ne levait le pied plus haut. Il avait l'impression de se traîner. Il allait devoir faire plus de levée de poids en salle de musculation.

Il soufflait fortement et ses mains étaient moites. Les barres glissaient sous ses doigts. Il avait mal et, pourtant, il n'était pas là depuis bien longtemps. Il s'apprêtait à faire le dernier pas quand sa main glissa sur le métal et qu'il perdit l'équilibre.

Il s'écroula au sol, gémissant de douleur. Il frappa le sol avec colère et frémit quand il entendit des pas précipités s'approcher de lui. Il releva les yeux, interdit, en découvrant Benedict. Ce dernier semblait hésiter à l'aider.

- Qu'est-ce que tu fiches là ? gronda Léo en se redressant comme il le pouvait. Tu viens te foutre de ma gueule ?

Benny se tendit, nerveux. Léo le vit se mordre la lèvre du bas et il sentit la colère monter en lui.

- Dégage !

Sa voix était cassée, usée et fatiguée, et il réussit à s'asseoir pour tourner le dos au jeune homme. Il massa sa cuisse douloureuse. Il n'arrivait à rien, la connexion ne se faisait pas et il ne parvenait pas à faire bouger sa jambe. Sur le papier, c'était si simple : les nerfs de la cuisse étaient reliés au connecteur, lui même relié à la prothèse. Mais rien. Il finit par remonter sa jambe valide contre son torse et posa son bras dessus. Il inspira longuement alors qu'il sentait les larmes rouler sur ses joues. Il était si frustré et en colère. Contre son équipage qui l'avait secouru, contre l'équipe médicale, contre Benedict qui avait assisté à sa piètre performance et surtout contre lui-même.