SYNDROME » Pierre Gasly ✓

cinquante-huit

Le couple s'installe aussitôt à une table après avoir récupéré un petit déjeuner dans un plateau. Esmée a l'appétit coupé, elle est barbouillée. Elle mange tout de même un yaourt nature pour ne pas inquiéter le pilote qui ne cesse de l'observer.

- Vous voilà ! s'exclame une voix.

Pierre relève la tête vers ses parents venant sans aucun doute d'arriver de l'hôtel. Il les salue d'un signe de tête en engloutissant son assiette contenant une omelette et des légumes tandis qu'Esmée leur effectue une étreinte en se levant.

Pierre finit par s'éclipser derrière son ingénieur comme tous les dimanches après son petit-déjeuner, c'est sa routine. Il prend une quarantaine de minutes pour revoir les départs des années précédentes, les vidéos de certaines caméras embarquées. Il est à peine parti qu'Esmée se fait assaillir de questions par Pascale concernant son fils.

Elle questionne la pianiste pour savoir si Pierre s'est bien reposé, s'il n'est pas trop stressé par la course et par dessus tout, la mère de famille demande si Pierre n'était pas trop affecté par le tour de piste qu'il a effectué vendredi matin en passant par le Raidillon où son meilleur ami a perdu la vie.

- Il va bien, rassure Esmée.

Elle retient un bâillement qui attire l'attention du père de Pierre qui souffle :

- Tu parais fatiguée, Esmée.

- Un peu, ce n'est que des insomnies, ment la pianiste.

Esmée essaye de paraître convaincante pour éviter d'attirer les soupçons des parents de Pierre. Le jeune couple préfère s'assurer que la grossesse se passe bien au près de la spécialiste lors d'un rendez-vous se déroulant la semaine prochaine avant leur départ en vacances avec la famille normande. Ils ont décidé de leur annoncer la grossesse après la première échographie, il ne reste quelques jours à attendre et Esmée croise les doigts pour que tout se passe bien.

- Désolée, je ne t'ai pas demandé comment tu allais, se reprend Pascale en constatant son erreur. Je m'inquiète toujours trop pour Pierre surtout depuis qu'il s'est décidé à reprendre sa motorhome sur les courses.

Esmée se pince les lèvres en retenant un petit sourire amusé. Elle sait pertinemment que Pierre a fait son choix en fonction d'elle et de la grossesse pour qu'elle puisse se reposer plus faiblement lors du week-end sans attendre Pierre pour pouvoir rentrer à l'hôtel.

Esmée commence à connaître les habitudes de Pierre par cœur. A l'approche de la fin de la parade des pilotes, elle se rend près de la machine à café située à l'arrière du garage. Elle récupère un café brûlant avant de traverser quelques couloirs pour se trouver devant la loge de Pierre.

Elle ouvre cette dernière et attend patiemment sur une chaise que Pierre revienne. Ses mains sont serrées autour du café étant destiné au pilote passant le seuil de la porte. Il pénètre dans la petite pièce en retirant sa casquette et il murmure en récupérant son café :

- Merci.

Ses lèvres se posent le gobelet, il boit une gorgée et constate rapidement que le liquide amer n'est ni trop froid ni trop chaud. Il s'empresse de le boire avant de s'allonger sur la couchette pour effectuer une courte sieste, juste avant de fermer les yeux, il questionne :

- Est-ce que tu peux me réveiller dans vingt minutes ?

- Oui, murmure Esmée en jetant un coup d'œil à sa montre.

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Pierre est sur le point de monter dans sa monoplace, il ne lui reste plus qu'à enfiler son casque. Avant cela, il s'approche de sa brune pour puiser de la force dans une étreinte affectueuse.