Full Moon ~ Werewolf Tome 5

CHAPITRE TROIS

— Je... Je ne sais pas. Il allait bien. Et... tout à coup, il est devenu pâle, je l'ai aidé à marcher et il a perdu connaissance, bégaya-t-elle en recherchant désespérément le regard rassurant du directeur.

— Je l'emmène à l'hôpital. Maintenant, retourne au dortoir. Tout va bien se passer. Merci d'avoir veillé sur lui.

Elle ne le croyait pas, sa propre inquiétude se reflétant sur celle du dirigeant. Bon sang ! Elle se sentait si mal que ses sanglots l'empêchèrent de parler quand elle observait Aggur porter son ami sur les épaules comme une vulgaire poupée de cire. Il ressemblait à un vieil homme, ordinaire et sans magie.

— Sauvez-le... S'il vous plaît.

C'est tout ce qui sortit de ses lèvres quand elle le regarda s'éloigner à vitesse de l'éclair. Aggur restait calme, mais là sur son visage, on percevait sa peur. Quelque chose ne tournait pas rond, ce n'était pas normal. Ou bien était-ce simplement la vieillesse qui le rattrapait ?

Kimberly, toujours agenouillée, tenta de se relever, les jambes tremblantes. Elle peinait à rester debout et marcher seule s'avérait être un supplice. Elle essuya ses larmes d'un mouvement rapide et ses pas la conduisirent à l'infirmerie. Elle avait besoin d'un calmant pour apaiser la migraine qui enserrait ses tempes. La peur la rongeait entièrement ; elle s'était attachée à ce petit vieux au caractère de cochon.

Le ciel s'assombrit tout à coup, des nuages cachant le soleil. Il n'allait pas tarder à pleuvoir. C'était comme si la nuit tombait, en plein après-midi. Du moins, c'est l'impression que cela donnait.

La jeune fille franchit la porte du bâtiment, les lèvres pincées et la respiration saccadée. Cette scène qui venait de se dérouler sous ses yeux avait ouvert une plaie dans son cœur, récemment fermée. Sa grand-mère était décédée ainsi, d'une crise cardiaque lors d'un repas de famille. La vision d'Ashton à terre l'avait propulsée des années en arrière. Des larmes ruisselaient de nouveau sur ses joues, pourquoi ne pouvait-elle pas avancer dans sa vie sans avoir à subir les fantômes du passé ? Ce n'était pas la première fois...

Une voix la sortit de ses pensées. Une voix masculine qui avait la faculté de s'introduire dans son esprit. Celle de Louka. Il courait en sa direction, le visage tiré par l'angoisse.

— Kimberly, est-ce que tu vas bien ? Je viens de croiser Aggur avec Ashton. Il semblait vraiment mal en point, tu étais là quand ça s'est passé ? Qu'est-ce que tu as vu ?

Il arriva devant la jeune fille, la surplombant de toute sa hauteur. Ses yeux s'écarquillaient tellement qu'on aurait pu penser qu'ils allaient sortir de leurs orbites. Ses mains se posèrent sur les épaules de Kimberly, qui redescendit sur terre.

— Je... Je ne sais pas il allait super bien hier et même tout à l'heure. À la fin du cours, il semblait étrange et ensuite il s'est évanoui... J'ai eu peur..., gémit-elle en essuyant une nouvelle fois ses larmes.

— Ça va aller, viens par là.

Louka l'attira contre lui dans un geste familier et elle posa son visage contre son torse. Son cœur s'emballa et ses yeux se fermèrent. L'odeur du jeune homme lui parvenait aux narines et ses joues s'empourprèrent de ce rapprochement physique. Ils restèrent enlacés pendant de longues minutes jusqu'à ce que ses tremblements aient disparu. Elle fut ébranlée de ressentir un flot d'émotions si doux et salvateur.

— Tu vas voir, tout va bien se passer. Il est entre de bonnes mains avec Aggur, il ne laisserait pour rien au monde lui arriver quelque chose. C'est son meilleur ami de longue date.

Kimberly fronça les sourcils et repoussa légèrement le garçon. Elle était vexée qu'il prétende en savoir plus qu'elle.

Néanmoins elle se sentit beaucoup mieux, Aggur avait le don de détendre les personnes par sa simple présence. Cela aurait un effet positif sur Ashton. Un peu de vitamines et il serait vite sur pied, lui crachant des injures dans le dos sur la « motivation des adolescents d'aujourd'hui ». Rien que cette pensée lui mit du baume au cœur.

La pluie commençait à s'abattre sur le bâtiment et l'orage gronda, il faisait si beau ce matin. La jeune fille détestait ce temps, cela frisait ses cheveux et elle ressemblait à un caniche. Pourtant la météo annonçait un soleil superbe.

— Je pense que je vais aller dans ma chambre, ça m'a un peu secouée, dit-elle en inspirant un bon coup, les doigts tremblotants.

Le poids, qui avait élu domicile dans son ventre, était toujours bien présent. Mais elle tentait un maximum de s'entourer d'énergies positives pour la guérison du sorcier.

— Bien sûr, toi aussi tu dois être en forme. Je vais te raccompagner par ce temps... merveilleux.

Louka lui lança un regard enjôleur ainsi qu'un sourire espiègle, Kimberly se mit à rire. Il tentait par tous les moyens de lui faire penser à autre chose.

Les deux adolescents sortirent et coururent sous la pluie glacée. Un vent frais les empêchait d'avancer librement. Les secondes parurent durer une éternité et enfin ils arrivèrent au dortoir des filles loups-garous. Un endroit que Kimberly n'aurait jamais dû fréquenter puisqu'elle était humaine et non une créature surnaturelle.

Dans le hall d'accueil, ils rirent bêtement, trempés des pieds à la tête.

— C'est une vraie tempête, je pense que je vais rester dans ma chambre et rester tranquille jusqu'au dîner. Je n'ai pas cours.

La jeune fille acquiesça, un peu déçue qu'il ne lui propose pas de passer l'après-midi ensemble. Elle ne le connaissait que depuis quelque temps, mais se sentait liée à lui. Louka la fit pivoter légèrement pour que son visage ne se trouve qu'à quelques centimètres du sien. Il prit sa main et déposa un baiser au creux de sa paume avec tendresse. Kimberly devenait cramoisie et des papillons chatouillaient son ventre par ce simple contact.

— Lorsque tout sera rentré dans l'ordre, tu voudrais sortir avec moi ?

Une crispation brève et involontaire de sa mâchoire confirma sa soudaine nervosité. Elle sourit et hocha la tête avec impatience, des étoiles plein les yeux.

— Avec plaisir.