CHAPITRE UN

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« Je longeais les couloirs, très faiblement illuminés par de vieux lampadaires dont la plupart clignotaient. Je ne savais pas dans quel endroit je me trouvais. Le sol était en terre battue et les murs couverts de briques faisaient penser à une cave.

Une sensation étrange s'empara de moi tandis que je continuais ma traversée ; la faim. Pas une faim qui pouvait être rassasiée par un bon plat, mais autre chose. Je me surpris à lécher mes lèvres, imaginant mon futur repas.

Les pensées dans le vague, une force intérieure me poussait à hâter ma marche. Je ne savais pas ce que je fichais ici et, seule. Où était donc Shaun Cohen ? Me trouvais-je dans les souterrains, sous l'école ?

Tout à coup, la tête me tourna, je pris appui sur le mur pour rester debout. Mes jambes se mirent à trembler si violemment que je lâchai un petit cri de surprise. Mon cœur accélérait la cadence et tapait brutalement contre ma cage thoracique, comme si j'étais fiévreuse et en train de mourir. Un haut-le-cœur me secoua la poitrine alors que ma main se posait sur ma bouche.

— Il ne te reste que très peu de temps, indiqua un homme, tapi dans l'obscurité.

D'un regard vague, je tentais de l'apercevoir, son visage était dissimulé par une cape sombre si bien qu'on aurait dit la faucheuse. Je faillis rire face à l'ironie du sort, bien sûr qu'il s'agissait du Dieu de la mort ! J'étais décédée !

Seulement, tandis que l'homme s'avançait, avec horreur, je le reconnus lorsqu'il retira sa capuche pour me révéler son identité. Il possédait de longs cheveux noirs et des pupilles dorées mêlées de vert. Un sourire malsain étira ses lèvres ce qui me provoqua la chair de poule.

Amarok...

Que faisait-il ici ? Il était mort !

— Tu n'es pas obligée de lutter, laisse-toi aller.

Sa phrase flotta autour de moi et se répéta dans mon esprit dans un écho. Je l'observais d'un œil mauvais, cette fois-ci, le dos contre le mur. Un léger pincement sur le bras me prouvait que je ne dormais pas. Je ne comprenais pas ses paroles, où voulait-il en venir ? Pourquoi désirait-il que je succombe ? Et à quoi ?

La réponse à mes questions arriva rapidement. Amarok sortit un petit couteau de poche et releva sa manche au niveau de son coude. Avec un sourire carnassier, il s'entailla le poignet tout en me fixant. Je sentis comme un changement s'opérer à l'intérieur de moi. L'odeur du sang me parvenait aux narines et me tournait la tête. Avec horreur, je découvris l'origine de ma faim ; le sang ! Merde, que m'arrivait-il ? Je n'étais pas un monstre.

Je serrai les poings tout en me retenant de ne pas lui sauter dessus et, de boire ce liquide si hypnotisant.

Amarok s'approcha dangereusement de moi, et quelques gouttes s'écrasèrent sur la terre battue, laissant des taches bordeaux. Un gémissement sortit de mes lèvres quand je tentais par tous les moyens de m'éloigner de lui. C'était quoi son objectif ? Pourquoi ses yeux pétillaient-ils d'une lueur si mauvaise ? En quoi me donner son sang était-il si important ?

J'ouvris la bouche pour lui hurler de ne pas approcher, mais je me rendis compte qu'aucun son ne voulait en sortir. Comme si je ne pouvais m'exprimer de mon propre gré.

J'avais tellement peur d'Amarok, il était effrayant. Le souvenir dans le placard à balai, coincée à l'intérieur lorsqu'il me poursuivait, restait ancré dans ma mémoire. Impossible de m'en défaire.

— Arrête de résister Lya et montre-nous ta vraie nature... minauda le loup-garou d'une voix angélique alors qu'il se stoppa devant moi.

Je retenais ma respiration pour m'empêcher de sentir ce parfum si délicieux. Pourtant je ne pouvais pas, il en était hors de question. Avec le peu de force qu'il me restait, je le repoussai avec violence et fis volte-face en courant. Mais mes jambes ne me conduisirent pas loin ; à quelques mètres. Et j'entendis ses pas marteler le sol, Amarok allait revenir et me forcer à boire son sang.

Full Moon ~ Werewolf Tome 5Where stories live. Discover now