Chapitre 5

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Il avait recommencé à pleuvoir des trombes d'eau. Les vêtements d'Alex étaient trempés jusqu'à la corde lorsqu'il ouvrit enfin la porte de l'appartement. Il alluma l'interrupteur, retira sa capuche et accrocha sa veste au porte-manteau où elle entreprit aussitôt de goutter sur la moquette miteuse. Bien sûr, sa mère n'était pas encore rentrée (sa garde à la réception durait jusqu'à 21 h et elle avait ensuite un long trajet de retour), mais Pompon vint se frotter à lui. Il ne lui tenait apparemment pas rigueur de son attitude du matin, ce qui était rare.

— C'est un beau chat, ça, le salua le jeune homme en faisant courir ses doigts sur la fourrure de l'animal. C'est mon Pompon, ça. C'est mon Pompon à moi.

Pompon en ronronna de satisfaction. Il ne résistait pas à la flatterie. Puis il se rendit compte que son maître était en train de le mouiller et fila se réfugier dans la cuisine où il miaula pour réclamer des croquettes. Il en avait toujours à volonté dans sa gamelle mais préférait manger celles qui sortaient tout juste de leur paquet.

Après avoir nourri son petit fauve et avoir changé sa litière, Alex se dirigea à pas lents vers sa chambre, épuisé. Il retira enfin ses vêtements avec un grognement de satisfaction. Il avait passé la journée entière avec des chaussettes mouillées et se demanda si ses orteils n'avaient pas commencé à moisir. Dans le doute, il les rinça à l'eau chaude et les sécha vigoureusement avec une serviette. Il enfila alors enfin des vêtements chauds et propres.

Alex se lava longuement les mains avec du savon dans la salle de bain. Ses doigts étaient pleins de taches d'encre à force de recopier ce stupide règlement intérieur. Et qu'avait-il appris pendant cet exercice inutile ? Qu'il fallait aller en cours ? Apprendre ses leçons ? Pas besoin d'être un génie pour le savoir ! Et comment pourrait-il apprendre ses leçons si on ne lui laissait pas une seconde de libre ?

Soufflant avec agacement, il balança ses vêtements mouillés directement de la machine à laver et s'apprêta à quitter la pièce. Puis il se rappela la présence du mouchoir de Jean-Baptiste dans une de ses poches. Il se précipita aussitôt vers la machine pour y sortir le pantalon et récupérer ce qui était devenu l'un de ses biens les plus précieux.

Le mouchoir s'était froissé. Alex le secoua vigoureusement pour essayer de lui redonner forme. Il eut un intense moment d'émotion en songeant que, quelques heures plus tôt, ce mouchoir s'était trouvé dans la poche de Jean-Baptiste, tout contre sa peau, une place ô combien désirable. Il ouvrit son tiroir à trésors, y déposa le tissu tout en haut et le referma en ayant l'impression d'avoir accompli quelque chose de très important.

Ce fut seulement alors que le jeune homme se souvint de l'existence du téléphone portable. Il fouilla tout au fond de son sac avant de réussir à remettre la main sur lui. Il le contempla, dubitatif. Il était vraiment vieux, probablement du début des années 2010 ou d'une période encore plus archaïque. Il était peu probable qu'il soit toujours utilisable. Sa coque en plastique noire était toute cabossée. Enfin, on verrait bien...

Alex brancha le chargeur et attendit une minute ou deux en croisant les doigts. À son grand soulagement, une petite lumière bleue apparut sur le haut de l'appareil. Le téléphone fonctionnait toujours ! Du moins, il chargeait. Bon, il pourrait sans doute faire l'affaire quelques semaines. Le jeune homme avait surtout besoin de pouvoir téléphoner en cas d'urgence, d'envoyer quelques SMS à Timothée ou à sa mère et, surtout, de disposer d'un réveil.

Alex laissa l'appareil branché et s'attaqua à ses devoirs. Leur professeur de mathématiques les avait inondés de devoir et il devait finir son schéma de grenouille éviscérée pour le cours de SVT. Il aurait préféré en dessiner une bien vivante, en train de s'ébattre joyeusement dans une mare avec ses amies. Il essaya d'imaginer la tête du professeur s'il lui rendait une telle œuvre. Peut-être serait-il à nouveau collé et mieux valait éviter de se retrouver dans une telle situation. Le règlement intérieur du lycée comportait encore de très nombreux articles...

Alex ou le portable merveilleux (bxb) [terminée]Wo Geschichten leben. Entdecke jetzt