Chapitre 2

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Alex poussa le juron le plus épouvantable qu'il possédait dans sa collection (sa mère l'aurait menacé de lui laver la bouche au savon, si elle l'avait entendu), tandis qu'une douleur sourde lui traversait le genou gauche. Il s'était violemment cogné en heurtant le sol. Ses vêtements propres étaient à présent maculés de boue et une véritable petite mare s'était infiltrée dans ses convers qui allaient être encore plus fichues qu'elles ne l'étaient déjà. Le jeune homme se mit à quatre pattes en continuant à pester. Bon sang de bonsoir ! Ce n'était vraiment pas sa journée ! Qu'est-ce qui allait lui arriver, maintenant ? Il allait se faire écraser par une météorite ? On ne savait jamais...

Alex souffrait depuis toujours d'une maladresse consternante et d'un manque de chance dû peut-être à un mauvais karma. Il devait avoir été quelqu'un de très méchant dans une autre vie.

— Ça va ? demanda soudain quelqu'un en face de lui. Tu ne t'es pas fait mal ?

Alex se figea. Il se sentit rougir jusqu'aux oreilles en reconnaissant cette voix. Il n'avait pas besoin de lever les yeux pour se représenter la personne qui venait de lui adresser la parole. Il imaginait parfaitement son visage d'ange, ses yeux clairs comme le ciel et ses cheveux blonds comme le blé toujours sagement coiffés.

Oh non, oh non, oh non, pas lui ! songea-t-il, désespéré. N'importe qui d'autre, mais pas lui ! Pourquoi faut-il qu'il me voit en retard, tout essoufflé, non douché et couvert de boue ? Oh, et en train de jurer...

Cette rencontre était finalement peut-être pire qu'une météorite. Comme quoi...

Il se releva précipitamment en dédaignant la main tendue vers lui.

— Ouais, ouais, ça va, marmonna-t-il en époussetant ses vêtements sans parvenir le moins du monde à en retirer la boue (il s'était au contraire sali les mains).

Le jeune homme en face de lui lui proposa aussitôt un morceau de tissu. Alex battit des cils. Qui d'autre que Jean-Baptiste Aubigny possédait encore un mouchoir en coton avec des initiales brodées au XXIe siècle ? Il resta les bras ballants sans faire le moindre geste pour saisir le tissu.

— Je... Je ne veux pas salir ton mouchoir, bredouilla-t-il en se sentant plus stupide que jamais.

Il fouilla dans son sac à dos à la recherche de son paquet de kleenex avant de se rappeler qu'il était vide depuis plus de trois semaines. Il oubliait tous les soirs de le remplacer par un nouveau.

— Tu peux le prendre, insista Jean-Baptiste qui agitait toujours le morceau de tissu devant lui. Il est fait pour être sali, tu sais ?

Alex se sentait rougir de plus en plus. Il avait conscience de passer pour un parfait idiot. C'était toujours l'effet que Jean-Baptiste provoquait sur lui lorsqu'il le croisait. C'était d'ailleurs pour cela qu'il évitait autant que possible de le faire. Pour cela et pour... l'autre raison.

Le jeune homme avança la main et saisit le mouchoir en marmonnant un vague remerciement. Il commit l'erreur de lever un instant la tête et surprit le sourire de Jean-Baptiste. Son ventre se creusa aussitôt et il cessa de respirer un instant. On n'avait pas idée d'être aussi beau ! Il portait sous son manteau ouvert un gros pull en laine de Noël avec des motifs de rênes qui aurait paru ridicule sur n'importe qui d'autre, à commencer par Alex, mais semblait presque sexy sur son torse finement musclé.

— Tu pourras le garder, si tu veux, lui dit ce dernier. J'en ai un tiroir plein et j'aimerais bien m'en débarrasser. Ou alors jette-le, si tu n'en veux pas t'encombrer inutilement comme moi.

Alex gigota nerveusement.

— Hum... merci... Bon... euh... je devrais y aller. Je suis en retard.

Il s'agrippa nerveusement aux lanières de son sac à dos.

Alex ou le portable merveilleux (bxb) [terminée]Tahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon