Chapitre IX - Des vacances agitées

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Cet été Sarah, la fille d'Eléna se rend en vacances avec son amie Déborah, dans la résidence de vacances de ses parents sur l'île de Kodiak. Au cours du séjour, Annah et Rick Kenwood, les parents de Déborah proposent aux filles de faire un bivouac de quelques jours dans le parc national de Katmaï à 150 kilomètres au Nord-Ouest de Kodiak, sur le continent, au pied de la chaîne montagneuse des Aléoutiennes. Mais les filles préfèrent faire une sortie avec le voilier des parents de Déborah plutôt que du camping sauvage. Propriétaires d'un voilier de 12 mètres immatriculé sous le nom de Liberty, ils acceptent cette idée. Tous les quatre préparent cette virée de plusieurs escales dans les baies le long de la côte Sud de l'île de Kodiak jusqu'à son extrémité Sud Ouest à l'île Geese Island. De là, il préconisent une sortie en haute mer pour aller contourner l'île de Chirikok Island, la plus à l'Ouest de l'archipel de Kodiak et à environ 160 milles marins du port d'attache. Ce périple est dans les cordes de Rick, habitué à faire quelques sorties chaque année à bord du Liberty. Les préparatifs du départ sont organisés en moins de 24 heures. La météo marine est sollicitée pour connaître les conditions météorologiques pour la semaine à venir sur la zone où ils envisagent de sortir. Elle indique un temps idéal pendant cette croisière.

Avant de prendre la mer, l'itinéraire et sa durée sont indiqués au responsable de la capitainerie du port de plaisance de Kodiak, où le Liberty est habituellement amarré. La croisière se déroule sans embûche avec plusieurs escales animées dans les petites baies le long de la côte. Sarah et Déborah profitent de ces temps de repos pour se baigner dans les eaux transparentes, un peu fraîche en ce mois de juillet. Lorsque le Liberty fait escale sur un ponton, elles font de nouvelles connaissances avec les jeunes locaux. En quittant la dernière escale pour se lancer en haute-mer, Rick contacte la station de météo marine, pour un dernier point météo. Le temps pour les 96 heures à venir au large de l'île Chirikok Island est toujours favorable, clair et calme autant qu'il peut l'être à cette latitude en juillet. Un vent modéré du Sud-Est complète les prévisions. Chirikok Island se trouve à environ 80 milles marins de la dernière escale et vu les conditions climatiques annoncées, le tour de l'île sera bouclé en moins de 72 heures. En ce début d'après-midi le Liberty file à la vitesse de 4 à 5 nœuds, ondulant sur une petite houle en direction de Chirikok Island. Durant cette première nuit en haute-mer, la navigation se fait sous le contrôle de Rick et avec l'aide du pilotage automatique. Le lendemain, la journée est rythmée par diverses activités des jeunes demoiselles. Entre les séances de bronzage sur le pont avant, siestes, parties de pêche et de rigolade, les heures s'écoulent dans la bonne humeur. Le Liberty vogue sur un océan plat et paré de nuances bleues et vert émeraude à 360 degrés qui se confondent avec un ciel bleu très clair parcouru par quelques rares nuages immaculés. Vers 21 heures, les premiers contreforts de Chirikok Island se dessinent à l'horizon alors que le jour commence à décliner. Rick allume les feux de navigation comme la procédure maritime l'exige. Les quatre passagers dînent sur le pont arrière tout en profitant des derniers rayons du soleil faiblissant à la proue mais qui réchauffent encore l'atmosphère limpide du Pacifique Nord. Il s'enfonce doucement dans la nuit en se rapprochant de ce caillou posé au milieu de nul part quand soudain le vent se lève brusquement et l'océan si calme commence à s'agiter. Trop loin de toute côte, la radio ne permet plus de se renseigner sur ce brusque changement de temps et de recevoir un point météo. Trop tard et trop dangereux aussi pour envisager de rebrousser chemin, Rick décide de poursuivre en direction de Chirikok Island qui est à 3 ou 4 milles marins, espérant trouver une baie ou une crique pour s'abriter pour la nuit. L'île qui ne fait que 1,8 kilomètre de long sur 1,2 kilomètre de large, n'offre malheureusement aucun abri. Bien au contraire, elle fût le théâtre de nombreux naufrages à l'époque de la conquête des côtes de l'Alaska, par les migrants Russes, au XVIIIème siècle. 

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