Chapitre IV - Seul dans la tempête

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Les semaines défilent jusqu'à ce nouveau fait. Yvan Baranowsky ordonne encore à John de se rendre en urgence à Anchorage pour y récupérer des documents très importants pour la gestion de son empire commercial. Johanna s'oppose à cette décision car les conditions météorologiques se dégradent entre Sitka et cette destination. Une forte dépression est annoncée avec de violentes perturbations. Mais rien n'y fait, cette fois-ci Yvan persiste et prend l'avantage sur John. Il invoque son professionnalisme. Après tout, n'était-il pas un pilote émérite dans l'US Air Force. Yvan demande à John de passer le voir dans son bureau.

« John, je vous demande d'aller récupérer un document d'une extrême importance à Anchorage. »

« Monsieur, je crains qu'il faille attendre au moins 36 heures. La météo est compliquée et ce trajet avec mon coucou dans ces conditions est irréalisable. »

« C'est très important. Je ne vous demande pas votre avis. Je vous dis ce que vous devez faire. Faites comme vous croyez que c'est le mieux, mais débrouillez-vous pour rejoindre nos bureaux de la capital. Je ne veux rien savoir d'autres. »

Malgré les avertissements de John, Yvan persiste dans sa décision. John retourne chez lui et prévient Marta. Il prépare son départ alors que le temps se couvre au-dessus de Sitka. L'inquiétude se fait sentir chez Marta mais, ils sont au service des Baranowsky alors pas question de refuser d'accomplir un travail. Marta demande à son mari de redoubler de prudence. L'ancien pilote de chasse en a vu d'autres et sait que malgré son expérience, il doit être extrêmement concentré. Il tente de rassurer Marta mais en vain. En temps normal, ce vol se fait en 3 heures 30 et un plein est juste suffisant. Alors dans des conditions très dégradées, le temps de vol est rallongé et la quantité de carburant plus élevée. Il est 11 heures lorsque John s'envole à bord de son hydravion. Il contacte la tour de contrôle de Rocky Gutierrez, l'aérodrome de Sitka pour signaler son plan de vol. L'aiguilleur de la tour de contrôle le met en garde sur les très mauvaises conditions météorologiques, à mi parcours et tente de le dissuader. Mais John indique qu'il n'a pas le choix et qu'en fonction de l'évolution, il pourrait contourner la dépression. L'aiguilleur l'avertit que cette dépression est immense et qu'il ne sera pas aisé de la contourner. Il lui souhaite bonne chance et indique qu'il va prévenir de ce plan de vol l'aéroport d'Anchorage. Puis la communication s'interrompt. Dans la demi-heure qui suit le départ de John, l'alerte météo est diffusée par les médias pour avertir tous les bateaux, navires et autres bâtiments en mer mais aussi les aéronefs. John est également destinataire de ce message d'alerte. Plus il progresse vers le Nord, plus le ciel s'assombrit de gros nuages sombres et menaçants. Des éclairs au loin déchirent cette masse noire. John a déjà mis en fonction les essuies-glace pour retrouver une visibilité correcte en raison des fortes pluies qui s'abattent sur la région en précédant la dépression. Il n'est pas encore au coeur de celle-ci mais les turbulences qu'elle génère, secouent l'hydravion comme une plume prise dans un violent courant d'air.

Par mesure de sécurité, les autorités de Sitka suspendent les cours en fin de matinée pour permettre aux enfants de regagner leur domicile, comme la procédure le prévoit lorsque les conditions météorologiques l'exigent. Eléna et Lucas retournent sur l'île par une navette. Aucun des deux n'est au courant du départ de John, pour la capitale. Lorsqu'il arrive chez lui, Lucas apprend le départ de son père, par sa maman. On sent l'inquiétude chez elle, qu'elle transmet tout de suite à son fils. Tous les deux scrutent régulièrement la montre. Normalement John devrait arriver à Anchorage entre 14 heures 30 et 15 heures. Alors lorsque l'heure approche, la tension est palpable chez eux. Il est entendu que dès qu'il arrive, c'est John qui appelle sa femme pour la rassurer. C'est une habitude qu'ils ont mis en place. Et c'est la première chose que John fait à chaque fois qu'il doit s'absenter sur de longues missions.

Destins croisésWhere stories live. Discover now