Destins croisés

Chapitre V - Douloureuse séparation

Les bagages sont pratiquement achevés ainsi que quelques cartons contenant les souvenirs de cette vie, qu'ils abandonnent définitivement. Le jour du départ est là. Après le dernier petit-déjeuner sur Galankan Island, Johanna et Eléna viennent saluer Marta et Lucas. Ces adieux s'expriment d'une manière très chaleureuse, entre Marta et les deux jeunes femmes. Johanna fait également des adieux très prononcés à Lucas, qu'il les lui rend bien. A cet instant, Eléna mesure pleinement la brutalité et l'intensité de ce tournant, sans retour, de son histoire. Marta va disparaître, comme John, même si elle lui survit. Et son point le plus douloureux est l'abyssal vide que Lucas va lui laisser après son départ. En une fraction de seconde, son monde vient de s'effondrer. Elle se rend compte que celui, qu'elle a jalousé pendant toutes ces années, était en fait son meilleur ami, son rock, son pilier. Le seul sur lequel, elle pouvait véritablement compter. Toutes les excuses et la repentance ne le font pas changer d'avis. Lucas a également le coeur brisé. Non pas parce qu'il ne la reverra plus mais parce qu'il nourrissait secrètement de véritables sentiments pour Elle, sentiments qu'il ne lui a jamais avoués. Mais irrémédiablement, l'heure du départ, de la séparation arrive. Le temps des au-revoir, des adieux déchirants est là. La navette n'attend plus. Marta et son fils tournent désormais une nouvelle page de leur vie, qui va s'écrire à Seattle. Leurs souvenirs s'évanouissent déjà dans le sillage de la navette qui les transporte vers Sitka. L'un comme l'autre ont le coeur rempli de tristesse par cette séparation d'avec leur vie d'avant, sans pouvoir encore mettre des images sur celle, qui les attend sur le continent. Ils n'ont pas le temps de se lamenter sur ce passé chéri, que la navette accoste au port de plaisance. Quelques bagages emportés et le taxi les conduits maintenant vers l'aérodrome où le vol pour Seattle les attend comme les autres passagers. Les roues du Bombardier Q400 de la flotte d'Air Alaska se dérobent au tarmac et le train d'atterrissage se rétracte dans son logement. L'avion prend son envol vers la cité d'émeraude de l'État de Washington. Le vol est une transition de deux heures pendant lesquelles Marta et Lucas tentent d'envisager ce nouveau futur, qui les attend désormais.

Le vol d'Air Alaska touche le sol de l'aéroport international de Seattle-Tacoma. Marta et son fils se dirigent vers la station de taxi. Le chauffeur les emmène dans le quartier de la banlieue de la mégalopole. Au détour d'une rue, le taxi s'arrête devant l'une des propriétés, qui est semblable à toutes les autres. C'est une charmante maison planter au milieu d'un petit terrain arboré avec une pelouse impeccablement entretenue. La maison est en retrait d'environ cinq ou six mètres du trottoir. Quatre marches mènent au perron qui longe la grande façade. La propriété est très joliment fleurie et donne une harmonie chaleureuse avec la couleur pastelle, de la maison en bois. L'arrivée du taxi dans ce quartier calme est remarquée par le voisinage. Dans ce contexte, Marta et Lucas n'ont pas le temps de décharger leurs bagages du taxi, que des yeux curieux les épient. La porte de la maison s'ouvre et une adorable petite dame souriante, qui pourrait être la mère de Marta s'avance en dodelinant sur le perron, vers les nouveaux arrivants.

« Madame McAllister, Bonjour, je suis Lindsay Paterson. Je suis ravie de vous accueillir chez moi. Vous avez fait bon voyage ? »

« Bonjour madame. Oui, le voyage s'est bien déroulé. Je suis Marta et voici mon fils Lucas. Merci de nous accueillir chez vous. »

Marta avait pris les devants pour trouver cette location chez madame Paterson. Elle en cherchait une, dans un environnement précis. Le premier critère est évidemment le prix. Ensuite, la situation. Ni en centre ville, ni trop éloignée mais dans un cadre sain et apaisé. Enfin la location devait être proche d'un bon établissement scolaire pour que Lucas poursuive sa scolarité. Celle-ci correspond à tous ces critères. La propriétaire, qui pourrait être la maman de Marta, vit seule dans sa grande maison. Maintenant, elle n'utilise que le rez-de-chaussée alors pour limiter les frais, elle a mis en location tout l'étage, qui comprend : trois belles et ravissantes chambres, deux salles de bains et deux toilettes. Madame Paterson partage au rez-de-chaussée, la cuisine, la salle à manger et le salon avec ses locataires. Elle est enchantée d'avoir trouvé cette maman et son fils.