Nouvelle 1 : In the Wind

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Avertissement : contenu choquant à ne pas lire si vous êtes sensibles ou psychologiquement fragile, car peut être un déclencheur. 


Dans le noir le plus complet, lorsque la mort prend dans notre gorge le dernier souffle qu'il nous reste, et que nos os deviennent poussière, alors seulement, voyageant en milliers d'éclats, nous pouvons apprécier le vent à sa juste valeur. 


Je balançai mes pieds dans le vide. Sous mon corps en équilibre se dressait New-York, une grande et imposante étendue de fer et d'acier.

Assis sur le toit d'un gratte-ciel, je pouvais voir les gens courir un peu partout, l'un laissant tomber son chapeau dans une flaque, un autre hurlant sur un automobiliste. Tout ce manège n'avait pas de fin, aucune limite, si ce n'est l'extinction des lumières ; et là encore, la ville restait une fourmilière.

Je soupirai doucement. L'air, glacé, entra dans mes poumons, gelant mes bronches et me figeant dans mes pensées. J'étais là depuis le matin, à hésiter, balançant un pied au-dessus du vide, puis une main, reculant, réavançant sans savoir que faire.

"Moins que rien", "Connard", "Sale pute". Les mots résonnaient sans fin, heurtant mes oreilles et soufflant sur la petite étincelle qu'il restait au fond de mon crâne, et qui empêchait mes pensées de faner totalement pour sombrer dans le noir le plus complet.

Mes pensées, empêtrée dans un drap sombre, me semblaient étrangère ; un peu comme un appartement en désordre, où je n'avais pas mes repères. Vide. C'était le seul mot pour décrire ce que j'étais. 

J'attrapai mon Walkman, appuyai sur play, et enfonçai les écouteurs dans mes oreilles. la voix tonitruante de Marilyn Manson emplit mes oreilles, étouffant les insultes.

Je fourrai mes mains dans mes poches, et levai la tête. Le ciel auparavant bleu pur virait maintenant légèrement au orange, alors que le soleil se baissait derrière un énorme gratte-ciel.

Je me levai, mes vans collées au fin bord en béton comme seul raccord avec la vie.

- Adieu, trous du cul, soufflai-je. 

Mes semelles en caoutchouc décollèrent du sol, et je me sentis doucement happé par le vide, le bout de mes chaussures râclant contre le rebord. 

Mon corps se fit jeter dans tous les sens, mes joues fouetter par le vent, et mes yeux attirer par les lumières éclatantes qui tourbillonnaient en un mélange épileptique. 

Je versai une larme de soulagement, alors que le sol se rapprochait. Enfin. 

Recueil de nouvellesWhere stories live. Discover now