CHAPITRE IV

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Hugo met fin à la discussion en renvoyant tout le monde dans sa cabane à l'exception de Jules. Il lui tend un masque de loup et un couteau émoussé, puis lui pointe du doigt la cabane de la victime.


Jules s'avance, tremblant d'horreur de ce qu'il va devoir faire, vers sa cible. Il ouvre sa cabane silencieusement après avoir mis son second visage et s'approche de Raphaël. Il saisit son couteau de ses deux mains et le positionne au-dessus de son cœur. Soudain, Jules a ses yeux plongé dans ceux de sa victime. Il vient de se réveiller et alors qu'il essaie de se relever en balbutiant quelques paroles incompréhensibles, le couteau fini planté dans le thorax de la victime. Il s'est loupé. La mort va être lente, mais il ne peut pas l'achever, il ne s'en sent pas capable.
Il souffle un « désolé » au blond et quitte sa maison en s'en allant en courant, fuyant sa réalité. Hugo qui voit tout avec sa tablette, se retourne pour vomir et appel avec urgence la sorcière pour savoir ce qu'elle compte faire cette nuit. En l'attendant, il a du mal à détacher ses yeux du corps agonisant exposé sur sa tablette. En l'attendant, il a du mal à détacher ses yeux du corps agonisant exposé sur sa tablette.
Camille s'avance lentement, mais sûrement. Sa décision déjà prise, qui que soit la personne qui s'est fait tuer, excepté elle, évidemment. Une fois devant Hugo, elle attend qu'il lui expose la soirée.

« Bonsoir Camille. Une personne s'est fait tuer par les Loups-garous et cette personne est Raphaël. Que décides-tu de faire ? Il te reste deux potions de vie et deux potions de mort. Tu ne peux pas utiliser deux potions à la fois. Veux-tu sauver la victime des Loups ? Tuer quelqu'un ? Ou ne rien faire ?

- Bonsoir Hugo, j'ai décidé de ne rien faire pour cette nuit. J'espère que ta première nuit n'a pas été trop longue.

- De quoi ? Tu... Non, rien. Si, si très longue, mais c'est parce que j'ai beaucoup de cartes à faire passer cette nuit. Ce sera différent les prochaines fois. J'espère que tu ne regretteras pas ton choix, passes une bonne nuit.

- Bonne nuit à toi aussi, Hugo. Et bon courage, tu dois voir beaucoup d'atrocités. »

Hugo observe la sorcière s'en aller, il va ouvrir le verrou de la personne protégé puis sur le chemin vers le Grand Feu, l'appel à le rejoindre. Rébecca arrive souriante face à lui.

« Bonsoir, Hugo. J'ai décidé de voler la carte de Charlotte.

- Parfait. Je te laisse mettre une cagoule et échanger ta carte contre la sienne en t'introduisant chez elle. Essaie de ne pas la réveiller, si elle te reconnaît, ce n'est pas mon problème. Compris ?

- Compris ! Passe une bonne nuit, Hugo. Pas besoin de me montrer où elle habite, je le sais déjà. »

La Voleuse s'avance silencieuse vers la maisonnette de Charlotte. Elle ouvre sa porte et s'introduit chez sa cible. Le plus discrètement possible, elle se met à fouiller toute la chambre ainsi que la salle de bain et le placard. Elle remue tout, pose tout au sol sans un bruit, en vain. Elle ne trouve rien.
La fille endormie se met à bouger, elle remue et le temps d'une seconde, laisse voir la cachette de sa carte à la Voleuse. Rébecca s'approche du lit et passe sa main sous l'oreiller, soulevant par la même occasion la tête de Charlotte. Une fois la carte en main, la carte du Voleur se retrouve sur la table de chevet de l'ancien Corbeau.
Hugo observe la fille sortir de la maisonnette pour rejoindre la sienne. Il peut enfin aller se coucher. Dans un dernier sourire, il fait signe à la petite fille de rentrer chez elle, en espérant qu'elle n'est pas perdue une miette de ce qu'il s'est passé cette nuit.


***


Lorsque je me réveille, les événements de la nuit sont encore flous pour moi. Je me lève, me prépare et pars rejoindre tout le monde autour du Grand Feu. Je m'assois sur mon tabouret et explore le regard grave d'Hugo. Mes deux acolytes me rejoignent, il est à peine six heures et presque tout le monde fait face au Meneur, la mine aussi fatiguée que la sienne.


« Bonjour à tous, je vous laisserais annoncer aux quelques retardataires ce que je vais vous dire. Il y a eu un mort durant la nuit, cette personne est Raphaël et il était Simple Villageois. Je vous laisse faire le deuil, vous pouvez tous retourner à votre vie. Le Vote du Village aura lieu cet après-midi à quinze heures.

- Dis-moi, je peux ajouter quelque chose ? Je demande à Hugo.

- Bien sûr, vas-y.

- Bonjour, dis-je en me levant. Je vous annonce que le petit-déjeuner vous sera servi à partir de huit heures. Rendez-vous à cette heure-ci dans la salle de restauration. »


Je me dirige vers la cuisine avec les filles, qui ont le visage figé. Je peux lire la colère dans les yeux de Romane et la tristesse dans ceux de Juliette. Avant de commencer à cuisiner, je les regarder sérieusement et dis :


« Bon les filles, dites-moi ce qu'il se passe. On ne va pas tenir la journée si vous continuez à être maussade.

- Le retour de la nuit ne te fait rien ? Tu... Tu n'as pas peur ? Me dit Juliette accablée.

- Bien sûr que si, j'ai peur et je suis horrifié de savoir qu'il y a déjà eu un mort. Mais il faut garder la tête sur les épaules. Nous sommes ici pour survivre, ça va être un massacre et ça, tout le monde le sait. Alors ne baisse pas les bras maintenant, Juliette. Il ne faut pas que tu te laisses atteindre par tout ça et surtout pas publiquement. On est tous sous le choc, mais tu deviendras une cible trop facile si tu te laisses abattre.

- Moi, je me demande bien pourquoi la sorcière n'a rien fait cette nuit, dit Romane sèchement. Elle aurait pu le sauver, Raphaël. »


Ce qu'elle dit me donne un coup de poignard. Je sais. J'aurais pu le sauver. Mais pour moi, ça n'aurait pas été la meilleure chose à faire. Je pense qu'à ce stade du jeu, même si ça avait été Juliette ou Romane, je ne les aurais pas sauvé. Et il faut aussi penser à sa propre survie. Les potions me permettent aussi de me sauver moi-même.


« Je ne suis pas d'accord avec toi, s'exclame la rousse. Tu imagines si la sorcière sauvait les deux premiers morts ? Il ne lui resterait plus aucune potion pour elle ou pour sauver une carte qu'elle saura importante.

- C'est vrai, j'ajoute. Petit à petit, on va commencer à se douter des cartes des autres. La Sorcière préférera sauver une personne importante comme la Voyante ou le Salvateur plutôt qu'un Simple Villageois. Et je sais, c'est tragique que ce soit une personne du bon camp qui soit mort cette nuit, mais au moins, nous n'avons pas perdu une carte majeure.

- Alors pour toi, la valeur des gens n'est rien d'autre que leur carte ?

- Évidement, Romane. Je ne dis pas que tu aurais moins de valeur que les autres dans la vraie vie si ta carte est faible, mais ici les cartes sont attribuer en fonction de qui on est, de ce que l'on a accomplie dans la vie et de notre caractère. Dans ce jeu, ta seule valeur est ta carte et ta capacité à survivre. »


La discussion a créé une certaine tension dans la pièce. Je demande le plus gentiment possible à Romane de découper le reste des fruits pendant que Juliette et moi, nous occupons de la préparation du repas de ce midi. Juliette fait bouillir le maïs et le fait revenir dans une poêle pendant que je découpe la viande préparée hier. Je rejoins Romane qui découpe les bananes et commence à les assembler dans les assiettes. Je récupère l'eau des cocos d'hier et essaie de la répartir au mieux dans les vingt-quatre verres.

Dans un silence mortel, Romane et moi disposons verre et assiette sur la grande table pendant que Juliette s'occupe d'agrémenter les tables de couverts et de récipients d'eau. Ce ne sera pas un gros repas, mais nous servirons de la viande ce midi et espérons, des légumes trouver par les cueilleurs ce matin. J'aimerai donner un dernier bon repas à la personne qui va être voté cet après-midi.



Il est huit heures et beaucoup des joueurs croisés ce matin viennent s'asseoir à la table. Marie et Isaac arrivent avec un baluchon remplis de fruit rouge et une grosse citrouille. Je leur demande où ils ont trouvé cette pépite et ils précisent qu'il y a une ferme abandonnée, un peu plus loin du champ de maïs que nous avons trouvé la veille. Il n'y avait presque rien, mais ils ont trouvé quelques trucs qui pourraient servir aux chasseurs, ce qui me rappelle que Raphaël faisait partie de ceux qui chassent.

Une fois tous mes vivres des deux premières heures de la matinée entreposée dans la cuisine, je vais moi aussi m'installer à la table avec les autres. Je me retrouve face à Théo et entre Juliette et Isaac. Romane est proche de nous, en pleine discussion avec Robin. Nous mangeons tous notre maigre repas en discutant et riant.


Alors qu'il est presque neuf heures, les quelques retardataires arrivent. Cependant, il n'y a plus assez de repas pour deux d'entre eux. J'interpelle Romane et demande :

« On a bien fait vingt-quatre portions ? Il en manque deux.

- ...

L'Antre des Loups-GarousNơi câu chuyện tồn tại. Hãy khám phá bây giờ