Les esprits de la tempête

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Y/N rêvait.

Cette fois-ci, il n'était pas question de ses songes habituels, des visions qu'il avait de son futur. Non. Il se trouvait dans son bungalow, éveillé dans le rêve, même s'il avait pleinement conscience d'être en fait endormi dans son lit.

À l'intérieur du bungalow, il faisait un froid de congélateur quatre étoiles. Au centre, un cercle de colonnes blanches à la romaine qui n'était pas censé être là entourait la statue haute de trois mètres représentant Héra assise sur son trône, dans un drapé d'étoffes dorées. Ce ne furent cependant pas les colonnes qui attirèrent l'attention d'Y/N, mais les couleurs. La statue était faite de marbre entièrement blanc et éclatant d'ordinaire, pourtant, dans le rêve, elle était peinte de couleurs si vives qu'on l'aurait prise pour une humaine.

Les yeux perçants de sa mère semblaient suivre Y/N.

Le feu brûlait dans le brasero de bronze, aux pieds de la déesse. Il n'avait jamais eu à l'entretenir, il ne s'éteignait jamais. Un faucon de pierre était perché sur l'épaule d'Héra, qui tenait à la main un sceptre surmonté d'une fleur de lotus. Les cheveux noirs de la déesse étaient tressés. Son visage était souriant, mais son regard calculateur et froid semblait dire : Maman a toujours raison. Ne m'énerve pas ou je t'écrase sous mes talons.

Puis Y/N remarqua une autre chose étrange : mis à part la statue, les colonnes et le braséro, il n'y avait rien d'autre dans le bungalow – pas de lit, pas de meubles, pas de salle de bains, rien qui permette d'y habiter. Le bungalow était dans le même état qu'avant son arrivée à la Colonie des Sang-Mêlé, où il avait eu tout du mausolée.

Brusquement, la statue se raidit : elle se leva d'un bond, se pencha et attrapa Y/N par les épaules.

Y/N tenta de se dégager, mais les mains de sa mère étaient des pinces de marbre.

Libère-moi, dit-elle d'une voix caverneuse, comme sortie du fond d'une grotte. Libère-moi, Y/N, ou la terre nous engloutira. Agis avant le solstice.

La pièce se mit à tourner. Y/N essaya de s'arracher à la poigne de sa mère, rien à faire. Le mince filet de fumée qui sortait du feu s'épaissit et les enveloppa tous les deux, et il n'arrivait plus à bien savoir s'il était véritablement en train de rêver ou non. Le trône se mit à vibrer. La statue plongea son regard dans le sien. Elle rouvrit la bouche, soufflant une haleine forte comme un parfum horriblement capiteux. Et la même voix, alourdie par un écho, se fit entendre : Nos ennemis s'agitent. Rends-toi au Grand Canyon. Trouve le garçon à qui il manque une chaussure. Ce sera la solution à tes problèmes. LIBÈRE-MOI !

Alors les genoux d'Y/N flanchèrent, et tout vira au noir.


Y/N ouvrit les yeux et bondit de son lit comme un ressort.

L'instant d'après, il manqua de s'effondrer par terre. Il s'était levé si vite que sa tête tournait et que des tâches aveuglantes flottaient dans son champ de vision. Il se retint au mur de justesse, s'épongeant le front. Il était trempé de sueur et essoufflé, comme s'il avait couru un marathon.

Il s'efforça de reprendre son souffle, mais c'était difficile. Son cerveau fonctionnait à cent à l'heure et il n'arrivait pas à calmer sa respiration. C'était quoi, ce rêve ? Qu'est-ce qu'il voulait dire ? Pourquoi à ce moment ? Dans son état, à peine sorti du lit et pourtant épuisé, il arrivait à peine à penser les questions, alors aucune chance qu'il ne trouve les réponses.

Finalement, il réussit à se calmer un peu. Il jeta un coup d'œil à la statue de sa mère : elle était de retour à la normale, immobile comme le marbre, mais il n'arrivait pas à s'empêcher de penser que d'une seconde à l'autre elle se relèverait de son trône et le secouerait de nouveau pour lui faire passer le message.

Annabeth Chase x Lecteur (Reader) - Le héros perdu - Livre 6Where stories live. Discover now