1. Je n'y arrive pas

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— Tenez.

Une voix masculine et presque compatissante se fit entendre, mais le regard de Lumine resta fixé sur les baskets noires Nike qu'elle apercevait, et ces gants d'une marque bien connue comme étant le nec plus ultra, Leather & co.

Sans aucun doute un fils de riche.

— Pardon, et merci, lui répliqua-t-elle sans même esquisser de sourire, puis détala en prenant ses jambes à son cou sans relever la tête.


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C'était lundi, et comme tous les lundis, Childe avait rendez-vous avec cette personne qu'il avait appris à détester, plus communément dénommée « thérapeute ». Chaque séance était un enfer sur terre, mais il continuait vaillamment de s'y rendre en veillant d'y être bien à l'heure pour une simple raison : sa mère le tuerait. Il ne savait pas si c'était propre à sa mère ou à toutes les mères, mais la sienne réussissait à avoir des yeux partout, et parvenait même à savoir quand il sautait une séance ou arrivait en retard.

Les mères pouvaient être terrifiantes.

Il avait pris l'habitude, à la sortie de ses cours de son école de commerce, de prendre le chemin le plus long en traversant le parc pour arriver jusqu'ici. De cette façon, il arrivait tout pile à l'heure sans avoir à se presser, c'était tout bénéf' pour lui.

Et cette fois-ci, comme à son habitude, il attendit juste devant la porte que la précédente séance se termine, son regard azuré navigant sur la plaque dorée sur le mur : « Hélène Lorem, psychothérapeute ».

Il ne s'attendait pas à se faire bousculer aussitôt la porte ouverte, par cette demoiselle qu'il avait pris l'habitude de remarquer. Blonde, petite de stature, probablement plus âgée que lui, et avec des yeux dorés perpétuellement rivés vers le sol. Elle était jolie, il devait l'avouer. Bien qu'elle serait plus jolie avec un sourire, ça, il en était persuadé.

— Tenez, lui dit-il d'une voix qui se voulait calme et rassurante en lui tendant son cahier.

À de nombreuses reprises, il l'avait vu sortir de cette pièce en pleurant, ses mains apportées à son cœur comme si le fait d'être ici était une punition en soi. Il pouvait la comprendre, c'est pourquoi il compatissait avec quoi qu'elle avait à traverser.

— Pardon, et merci.

Et en un instant, elle était déjà hors de sa vue, ses petites jambes la transportant à une vitesse surréaliste en dehors du bâtiment.

— Bonjour Ajax, entrez.

La voix professionnelle de la thérapeute le sortit de ses pensées, une grimace défigurant son visage enjôleur. Il n'aimait pas être ici, et il le montrait sans s'en cacher, au plus grand dam de la dame. S'asseyant à la place usée du canapé, Childe s'installa nonchalamment, bras croisés sur sa poitrine, une jambe venant reposer sur l'autre et se balancer légèrement d'avant en arrière.

L'horloge sonna dix-huit heures, signal du départ pour une longue, très longue heure à procurer des réponses évasives et à contempler le plafond.

— Comment allez-vous aujourd'hui ? commença la thérapeute, son cahier sur lequel elle griffonnait des notes par intermittence posé sur ses genoux.

— Comme d'habitude, se contenta-t-il de dire, renfermé.

À partir de ce moment-là, les minutes s'égrénèrent dans un tic tac assourdissant, la pendule proclamant les secondes dans un balancier incessant. Il sentait le regard de la thérapeute sur lui, mais il s'en fichait fichtrement.

FR | Song for the Broken | ChilumiWhere stories live. Discover now