Il est surprenant, Esmée a déjà essayé avec Pierre et elle n'a pas réussi une seule fois à rattraper l'une des balles, encore moins les deux simultanément. Elle l'observe monter dans sa monoplace sous cette chaleur caniculaire, la pianiste se surprend à croiser les doigts comme le faisait le père de Pierre, la veille.

Les voitures reviennent de leur tour de formation et la tension est à son comble. Les feux s'allument progressivement puis s'éteignent sous les exclamations du public français, donnant le départ de ce grand prix.

Esmée se perd un peu, admirant à quelle vitesse folle les voitures passent sous ses yeux ébahis. Heureusement pour elle, Charlotte lui avait expliqué à Monaco comment différencier les pilotes d'une même équipe, installés dans une monoplace quasiment identique. Il suffit de regarder leur casque.

C'est par son casque qu'Esmée différencie le français de son coéquipier.

Elle sourit en l'observant en le voyant enchaîner les virages. Seuls les ongles de Charlotte se plantant dans son bras la sortent de la torpeur de son observation. Elle quitte la piste des yeux pour regarder l'écran géant montrant Charles sortir de sa monoplace arrêtée contre un mur.

Esmée se pince les lèvres fortement, ne trouvant pas les mots quand son amie s'éclipse aussitôt. Elle ne peut rassurer la monégasque qui est déjà partie et elle se retrouve seule durant les tours suivants jusqu'à la fin de la course qui semble interminable.

La gorge sèche, elle finit par rejoindre la voix des stands après avoir observé le podium de loin. Elle arrive devant le garage Alpha Tauri et croise aussitôt Pierre, revenant des interviews qui l'interpelle constatant son air perdu :

- Esmée !

Elle ne se sent pas très bien, et relève son regard vers les yeux bleus du pilote. Elle est immédiatement rassurée en sentant le bras de Pierre encercler ses épaules quand il la tire contre lui. La pianiste se moque bien des personnes traînant autour d'eux, elle ne souhaite qu'être dans les bras de l'homme qu'elle a quitté ce matin.

- Je savais pas quoi dire à Charlotte, bredouille-t-elle.

- Je sais, elle ne t'en voudra pas, rassure Pierre. J'ai encore deux trois choses à faire, ça va prendre un peu de temps.

- Je vais demander à tes parents de me ramener à l'hôtel, on se rejoint là-bas ?

- Ça marche, je devrais aller voir Charles avant la soirée.

Esmée se pince les lèvres sachant pertinemment que Pierre est touché par la sortie de piste du monégasque. Il a toujours dit à la pianiste que si Charles remportait le titre, ça serait comme être champion du monde par procuration.

Elle acquiesce et le pilote plante un baiser sur ses lèvres avant de s'éclipser, emportant un bout de son cœur avec lui.

•••

Les monégasques ne sont pas présents à la soirée d'après course entre les pilotes et quelques membres des équipes. Esmée discute avec Isa, la copine de Carlos, avec qui elle s'entend très bien. Elle sourit, toujours ravie d'échanger des mots dans sa langue natale même au beau milieu d'une piste de danse où la musique couvre les moindres paroles simplement murmurées.

- Pierre est là-bas, s'exclame l'espagnole à son attention.

Esmée se retourne pour observer son copain, assis sur une banquette autour d'une table basse. Il ne s'intéresse plus trop aux conversations des amis installés autour de lui.

- Je vais l'attraper pour une danse, répond Esmée.

Elle s'approche du pilote, assis dans un carré réservé. Il a les yeux rivés sur son téléphone et c'est la première fois qu'Esmée ne le voit pas s'amuser lors d'une soirée.

SYNDROME » Pierre Gasly ✓Where stories live. Discover now