Bleu Magnétique (EN PAUSE)

Chapitre 44

Le Suprême a acquiescé en battant des ailes. Tandis que le Mage Maudit s'est évaporé à travers les arbres, Marin s'est élevé dans les airs. Tenant mon bras contre ma poitrine, j'ai commencé à voir trouble. La douleur se rappelait à mon bon souvenir.

— Je peux la sentir. Eleanor erre dans les parages, a annoncé Marin.

Fébrile, sentant des gouttes de transpiration perler sur mon front, j'ai manqué de vaciller. Noisette a décroché la petite bourse à son ceinturon.

— La poussière de fée va t'apaiser temporairement. Mais il va falloir te soigner et vite, a-t-elle prévenu en s'élevant au-dessus de moi pour m'arroser de sa poussière.

La douleur dans mon bras s'est amoindrie. Pour autant, elle n'a pas totalement disparu. Idem pour la fièvre.

L'Archange, les poings fermés, a battu des ailes avec plus d'intensité. L'obscurité s'est emparée de Beaupuy et des éclairs ont illuminé le ciel. La foudre a frappé les falaises ainsi que la mer qui se déchaînait. Les anges emprisonnés entre les branches d'arbres ont été libérés. Inertes, ils se sont écroulés sur le sol. La colère de Marin n'a fait que de s'amplifier.

— Marin ! Que vas-tu faire ?

Un vent furieux s'est levé. La main devant le visage, je me protégeais des rafales qui me bousculaient. Noisette qui s'est accrochée à mon gilet a réussi à se glisser dans ma capuche.

Le Suprême imperturbable dans tout ce chaos est retombé sur le sol. Il s'est agenouillé et l'a frappé. Une onde intense s'est échappée de son poing. Elle a filé dans les airs pour s'étendre autour et au-dessus des arbres. Une fois la forêt enveloppée d'un voile, Marin, la mâchoire serrée, s'est redressée.

— Un voile de protection, s'est époumonée Noisette de sa voix frêle. Ce qu'il va se passer dans la forêt ne doit pas être vu ni entendu par les humains.

J'ai craint le pire.

Marin s'est élancé avant de s'envoler pour sévir, encore. Je l'ai suivi. J'ai couru aussi vite que mon état le permettait. Les anges sur son chemin se sont cachés. Les animaux ont fui. Les cages se sont ouvertes une à une et Marin a détruit chaque faucheur qu'il croisait. Un rugissement bestial a résonné dans la forêt. Puissant et effrayant, il a interpellé le Suprême qui s'est figé. Katalina qui épiait la scène entre les branches a bondi pour atterrir devant moi. Elle me servait de bouclier.

— Qu'est-ce...

Des pas lourds ont fait trembler le sol dans ce cocon phosphorescent irréel toujours auréolé de la magie du Suprême. Une créature massive aux yeux d'un rouge étincelant s'est manifestée.

— Bonté divine ! me suis-je exclamée face à ce cauchemar sur pattes.

Un sceptre est apparu dans le bras tendu de Marin qui a revêtu son armure en magnétique.

« Oh putain », a lâché Katalina tout aussi interdite que moi.

L'ours fonçait en direction de l'Archange qui s'est élancé à son tour. Il a cabriolé dans les airs. Puis, il a planté la lame de son sceptre surmonté d'ailes acérées dans la peau de la chose qui s'est effondrée en poussant une plainte stridente. La bête a roulé sur le sol jusqu'à atterrir aux pieds de Katalina.

— Vous devriez partir, Oxane.

Hors de question. J'avais droit à une démonstration de force de la part du Suprême à qui il n'avait pas suffi de créer une tornade qui avait avalé nos adversaires.

Un rire sardonique a envahi les lieux. Il était si puissant que la forêt tout entière vibrait.

— Un avant-goût de ta future défaite, l'ailé ?