Perdue dans l'indifférence

31 0 0
                                    

(Pdv de ?)

J'entends des bruits de pas dans le couloir. Un autre interné s'arrête devant ma chambre. On se regarde dans le blanc des yeux, et c'est là qu'il se met à hurler. Il se recroqueville sur lui-même, les mains plaquées sur les oreilles, et il hurle jusqu'à en faire trembler les murs. J'aimerais me boucher les oreilles moi aussi, mais je n'ai qu'une main valide, mon bras gauche ne comporte plus d'avant-bras.

J'hésite à me lever pour aller l'assommer ou lui faire dégager le passage de devant ma chambre, mais quelqu'un me devance. J'assiste donc à la scène sans rien dire.

Ces mêmes hommes vêtus de rouge le dégagent à coup de pied avant de laisser passer trois hommes en noir, chacun portant de de grand manteau noir et une chaîne possédant un pendentif en forme de croix.

Le plus âgé des trois, un grand moustachu quarantenaire qui semble ne pas avoir connu le sommeil depuis des jours, s'avance tout en retirant son chapeau gaité forme. Il vient s'asseoir au pied du lit sur lequel je me trouve, approchant l'une de ses mains pour venir me caresser la tête. Certaines de mes mèches s'agitent, de par la caresse qui me laisse complètement indifférente, sous mes yeux et dont la couleur blonde se transforme en blanc sous la lumière de la lampe à huile sur ma table de chevet ou même du soleil. Il me dévisage de la tête aux pieds avant de m'offrir un sourire que je ne lui rends pas, tout simplement parce que je n'en vois pas l'utilité.

-Tu n'as pas trop mal ?

Je fais non de la tête, sachant qu'il parle de mon bras gauche. Il en inspecte d'ailleurs les bandages, les sourcils froncés. Un sourire malsain se peint sur ses lèvres.

-C'est parfait, tu ne saignes plus autant qu'avant. Nous n'aurons plus besoin de te charcuter à nouveau, sois sans crainte.

Je le sais. Ça fait déjà plusieurs jours que l'on a cessé de me retirer de la peau et de prendre certaines de mes mesures.

-Comment tu t'appelles ?

J'hausse les épaules.

-Tu ne le sais pas ?

Il affiche cette fois-ci un sourire fier et malicieux.

-Ne t'en fais pas, nous allons t'en trouver un.

Il vient de nouveau me caresser la tête.

-Quand ta prothèse sera enfin prête, nous te ferons sortir d'ici.

Il plonge son regard dans le mien.

-Le bleu de tes yeux est si profond, j'ai l'impression que je pourrais m'y noyer. Bientôt, ce bleu deviendra aussi froid que de la glace et il reflètera à la perfection ton âme. Il y a même déjà un début.

Il retire alors la chaîne autour de son cou pour la passer autour du mien.

-Tu n'es pas très bavarde, c'est bien.

Il claque des doigts. L'un des hommes en noirs s'avance pour tendre un sac à son supérieur. Celui-ci en ressort un bouquin plutôt épais et me le tend.

-Voilà pour toi. Tu me feras un petit résumé de tout ce que tu auras réussi à lire lors de ma prochaine visite. Je ne t'oblige à rien, mais je me suis dit que ça te ferait passer un peu le temps.

-Merci... murmurais-je.

Il m'offre un autre sourire. Il quitte ma chambre sans porte au bout d'une dizaine de minutes. Un homme autre vêtue de noir était arrivé en soufflant, ayant visiblement fait un jogging pour prévenir son supérieur d'une nouvelle. Nouvelle qui ne semble pas avoir été très bonne, puisque le quarantenaire tira une balle dans la tête de son « facteur ». Je n'ai pas réussi à sentir un seul frisson de peur me parcourir l'échine ou la colonne vertébrale, même quand le plus âgé s'était levé dans un cri de colère. Il s'était tourné vers moi et en voyant qu'il m'avait coupé dans ma lecture, m'encouragea à poursuivre en s'excusant poliment.

Un amour interdit  (Assassin's creed syndicate (Fan-fiction)) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant