Les ombres du crépuscule

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«C'est peut être trop tard...

C'est peut être trop tard, mon coeur,
Et je me noie dans mon malheur.
Peut être que je l'ai bien cherché,
A trop avoir peur de m'attacher.
Et maintenant, le ciel pleure,
Mais ce n'est rien, à côté de mon coeur,
Et maintenant, comme j'ai peur,
De ne jamais oublier notre bonheur.

Mais j'ai écrit dans mon carnet,
Que jamais autant je n'avais partagé,
Et je me souviens de nos âmes ensorcelées,
Nos esprits agglutinés,
Nos doigts reliés,
Parmis l'ensemble taché,
Des souvenirs de notre été,
Que tu ne cesses de renier.

Je souffre le martyr,
Et je ne pourrai jamais guérir,
Prisonnière de nos souvenirs,
Bercée par tes soupirs,
Amoureuse de tes sourires,
Dans le noir, à rougir,
Devant tes yeux pleins de désir,
Sur lesquels je ne cesse d'écrire.

Tu ne me liras jamais plus,
Cela fait bien longtemps que l'on ne se connaît plus,
Mais tu resteras jusqu'à mon départ absolu,
L'autre moitié de mon âme, perdue.»

Je fermai mon carnet.
Je te détestais.

C'était faux, j'étais incapable de te détester. Et pourtant, j'avais essayé. Comme j'avais essayé !

Mais non, impossible.
Les souvenirs étaient trop encrés en moi, trop merveilleusement présents, pour que je te déteste.
Chaque instant passé avec toi m'empêchait de te détester. Chaque rire et chaque baiser. Chaque fois que je m'étais sentie mal et que tu m'avais réconfortée.

Tu étais ma raison de vivre. Il n'y avait plus rien désormais, rien à part ce goût de cendre dans ma bouche et ton fantôme qui réapparaissait partout où j'allai.

«Je suis désolé. Tout est fini. Je ne... ressens plus rien pour toi»

Quelle cruauté que l'amour. Quel infâme mensonge, quelle trahison que cette douce promesse qui n'attend que d'être brisée.
Comme une vitre parfaitement claire qui se fissurerait jusqu'à casser et enfoncer des morceaux de verre directement dans votre cœur.

-On va fermer, mademoiselle...

Même les bars ne voulaient plus de moi.
Je me levai, rangeai carnet, crayons et téléphone, puis partit en direction de mon appartement.

Le plus dur, après une relation, c'est de combler ce vide. Combler ce besoin constant de partager tous tes sentiments, toutes tes idées, toutes tes joies et toutes tes peines.
Remplacer tes habitudes et tes projets.
Faire disparaitre la solitude.

C'était étrange de se dire que le simple fait d'être seul pouvait faire si mal. À vrai dire, sur les réseaux ou dans la rue, les gens étaient rarement seuls. La compagnie des autres était souvent requise pour atteindre le bonheur.

Mais j'avais très peu d'amis, et tu étais parti. Cruelle destinée.

Pourquoi cela faisait si mal? Pourquoi cela me perçait le cœur, me labourait les entrailles, m'empoisonnait l'esprit ?
Pourquoi la solitude faisait si mal?

Le soleil se couchait lorsque je claquais la porte de l'appartement.
J'avais à peine envie de respirer, et les larmes s'étaient taries depuis bien longtemps.

Je me jetai sur le lit, encore habillée, et je me mis à penser. Ce serait la première fois que je m'endormirai seule, depuis presque trois ans. Ce serait la première fois que je n'aurai personne à qui raconter ma journée, personne à faire rire, personne à aimer.

Je n'avais personne.

Je ne sus exactement quand je m'endormis, mais ma dernière pensée fut pour toi.

Les lueurs de l'auroreWhere stories live. Discover now