Chapitre 6

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Lorsqu'elle ouvrit les yeux, la lumière blanche lui brûla les rétines et elle ferma les paupières en fronçant le nez. Dans le brouillard qui semblait flotter autour de son corps, elle revenait peu à peu à elle. Il faisait trop froid ici. C'était trop lumineux.

Rose prit lentement conscience de son corps allongé sous les draps blancs. Un mal de crâne lui vrillait les tempes, et elle se força à garder les yeux fermés car il lui semblait que la pièce tournait atrocement. Elle respira lentement pour calmer sa nausée, notant au passage le poids du masque à oxygène sur son visage. La jeune femme prit le temps de faire un scan de son corps qui lui semblait bien meurtri. Sa main gauche était douloureuse, son dos courbaturé. Mais le pire devait être cette douleur sourde qu'elle ressentait juste en dessous de son nombril. Dans un désir de regarder l'état de son corps, Rose leva la tête afin de jeter un œil sous le drap. Une douleur intense lui saisit la boîte crânienne et la nausée s'intensifia. Elle reposa sa tête sur l'oreiller en fermant les yeux, poussant un cri plaintif dans le masque à oxygène.

" - Doucement ma toute belle." Fit une voix masculine sur sa droite.

Rose sursauta lorsqu'une main vint saisir la sienne tendrement. Son cœur fit une violente embardée et elle se mit à respirer plus fort dans le masque. Lorsqu'elle ouvrit les yeux et qu'elle parvint péniblement à tourner la tête vers l'origine de la voix, son système nerveux s'apaisa presque automatiquement.

Julian était assis près d'elle. Ses cheveux blonds indisciplinés et le pli soucieux qui barrait son front lui donnaient l'impression qu'il avait pris vingt ans d'un coup. Il avait l'air très fatigué et il semblait avoir dormi dans ses vêtements du jour qui étaient froissés. Jamais Rose ne l'avait vu dans cet état. Elle entrelaça ses doigts fins à ceux de son homme.

" - Tu es enfin réveillée." Soupira t-il à voix basse.

Rose cligna lentement les yeux. La lumière était toujours aussi aveuglante et il lui semblait que son corps n'était que douleur. Pourtant, la présence de Julian apportait un peu de douceur dans cette chambre d'hôpital froide et impersonnelle. Enfin, si elle était vraiment à l'hôpital ...

" - Tu es à l'Hôpital Général de Gotham." Confirma Julian comme s'il lisait dans ses pensées. "Est ce que tu te souviens de ce qu'il t'est arrivé ?"

Rose fronça les sourcils. Elle se sentait si épuisée. Son cerveau nageait dans la brume et elle se sentait incapable de réfléchir à quoi que ce soit.

" - Tu as été agressée en rentrant du travail. Tu as été inconsciente pendant 5 jours après la prise en charge des médecins." Poursuivit le jeune homme d'une voix qu'il voulait la plus douce possible.

Rose hocha lentement la tête.

" - Les médecins disent que tu as eu beaucoup de chance. Tu as vraisemblablement reçu des coups à la tête ... Et tu as été poignardée dans le ventre." La voix du blond s'étrangla sur les derniers mots.

En entendant le récit de son compagnon, les images de cette horrible soirée revinrent soudainement à Rose. Comme un monstre hideux caché dans les langues de brouillard jaillissant sur elle. Sa respiration se bloqua lorsqu'elle cru revivre les sensations terribles sur son corps ... Les mains dégoûtantes de l'homme sur sa peau, sur sa gorge, la terreur qui l'avait submergée, le bitume sous sa tête. Les larmes lui piquèrent les yeux et elle ferma les paupières de toutes ses forces. Julian laissa échapper un sanglot avant de serrer les mains de la jeune femme dans les siennes. La chaleur des paumes du blond tentèrent de réchauffer celles de Rose, qui étaient glaciales.

" - Je m'en veux tellement, Rosie. J'aurais dû venir te chercher lorsque j'ai vu l'heure tourner et que tu ne rentrais pas ..."

Julian hoqueta en essuyant ses larmes d'un geste rageur avant d'enfouir son visage contre la poitrine de Rose. Elle glissa lentement ses doigts dans la chevelure en bataille du jeune homme, massant délicatement sa nuque. Elle se sentait si coupable qu'il se sente coupable ... La seule fautive, c'était elle qui n'avait pas eu la présence d'esprit de quitter le bureau à temps.

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