Chapitre 4

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Il a fallu à Rose la soirée entière afin de revenir à un état émotionnel correct, si on peut considérer les palpitations cardiaques et les mains moites comme faisant partie d'un "état émotionnel correct". Julian l'avait bercée, calmée, s'était efforcé d'être le plus présent possible sans comprendre ... il était complètement perdu et s'efforçait de ne pas céder à la panique. Il n'avait jamais vu Rose dans un tel état. Elle était comme perdue dans sa propre tempête. Ses yeux noisettes emplis de larmes rivés sur l'écran de télévision. Elle n'entendait, ne voyait rien d'autre que ce qui sortait de la bouche de l'envoyé spécial. Julian avait alors attendu, silencieusement, que ses pleurs s'apaisent et que sa respiration reprenne un rythme plus régulier. 

Le Joker était, certes, le criminel le plus dangereux de Gotham, et son évasion était l'une des plus mauvaises nouvelles qu'il eut été donné d'entendre. Cependant, le jeune homme ne comprenait pas ce qui pouvait déclencher une telle panique chez sa compagne.

" - Rosie, s'il te plaît. Parle moi. De quoi as tu besoin ? ..."

Pour la première fois depuis qu'elle avait appris la nouvelle, Rose tourna la tête pour croiser le regard de son compagnon. Ce qu'il put lire dans ses prunelles larmoyantes lui serra le cœur. La jeune femme bougea enfin pour se blottir contre lui, ses petites mains serrant la chemise de Julian dans un geste de réconfort.

" - Tu n'as pas à t'inquiéter, ma Rosie. Les policiers vont faire leur travail. Dans quelques jours, cela ne sera plus qu'un mauvais souvenir et il sera de retour derrière les barreaux."

Rose lâcha un ricanement sans joie. Julian était toujours si optimiste, si naïf. Il ne voulait pas voir que Gotham était corrompue jusqu'à la moelle, la police y compris, bien qu'il existait évidemment quelques exceptions à l'instar de Ruby.

" - Et puis, si jamais il vient nous chercher des noises, je te défendrais corps et âme !" Claironna t-il en mimant un combat, espérant la faire rire.

Rose sentit son cœur tressauter et elle esquissa un mince sourire. Comment pourrait il ne serait ce qu'imaginer la défendre face à un homme qui avait définitivement cédé à ses plus sombres pulsions, et qui était probablement armé ? Son souffle se coupa un peu plus dans sa poitrine alors qu'elle songea qu'elle n'avait aucune idée de ce qu'Arthur pourrait bien avoir dans la tête maintenant qu'il était dehors. Son instinct lui dictait que leurs chemins allaient très certainement se croiser à nouveau. Et cela la terrifiait parce qu'elle ne connaissait pas l'homme qu'il était devenu depuis cette funeste soirée sur le plateau télé de Franklin. Jusqu'où s'étendait son degré de folie ? Quels étaient ses auto contrôles ? Que ressentait il à son égard ?

Elle scruta à nouveau le visage maculé de maquillage et de sang affiché à la télévision. L'homme qu'elle avait aimé. L'homme qu'elle n'avait pu empêcher de glisser dans l'abîme, abandonné par tous, jusqu'à son propre centre de suivi psychiatrique. Les triangles bleus dessinés sur ses arcades sourcilières faisaient ressortir ses prunelles émeraude. Ce regard qui par le passé, l'avait fait chavirer, l'avait aussi déshabillée, et lui avait témoigné la fougue des sentiments d'Arthur quand les mots ne pouvaient sortir de sa bouche. Ce regard qui la hantait encore aujourd'hui, qu'elle n'avait jamais pu oublier. Elle ne comptait plus les soirs où elle s'endormait, sa dernière pensée de la journée adressée à cet homme brisé aux yeux de jade.

" - Julian ... Il faut que je te dise quelque chose." Avait-elle murmuré, sa voix rauque sous le poids des émotions qui faisaient rage en elle.

Il l'avait regardé dans les yeux, attentif, comme à chaque fois qu'il s'agissait d'elle. Ses prunelles chocolat emplies d'inquiétude.

Another LoveWhere stories live. Discover now