Chapitre 7

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James reste silencieux pendant un instant, son regard passe de mon visage à celui de mon fils plusieurs fois. Aucun doute sur le fait qu’il soit surpris et pas qu’un peu apparemment. Je me doutais bien que ça le surprendrais, mais pas au point de le rendre totalement muet. Il se passe bien quelques minutes avant qu’il ne se décide enfin à parler.

― Ton fils ?

J'acquiesce et le laisse intégrer cette information. Je ne vais pas le brusquer et le laisser se décider seul de ce qu’il veut savoir ou non. La porte est ouverte s’il veut partir.

― L'urgence la semaine dernière ce n'était pas du boulot ? devine-t-il facilement.

― Dorian avait de la fièvre.

― Et Peter ?

― C'est son pédiatre pas celui de la fille d'une amie. Je n'ai même pas d'amie ici.

― Pourquoi tu m'as menti ? Pourquoi tu ne m’as simplement pas dit que tu avais un bébé ?

Il n'a pas vraiment l'air énervé ou déçu ce qui me rassure, il est visiblement seulement confus ce qui est bon signe je pense. Il ne m’en veut peut-être pas.

― Je ne sais pas trop. Au départ je me disais que tu n'avais pas besoin de le savoir, on n’était pas proche et je ne pensais pas qu'on se verrait réellement en dehors du sport. Et puis après…, je ne sais pas, je pensais que c’était trop tard et que tu m’en voudrais.

James a visiblement l’air de comprendre même si j’ai vu sa déception quand je lui ai dit que je ne pensais pas qu’on se verrait en dehors de la salle. J’évite aussi de lui avouer que je ne pensais être qu’une sorte de défi pour lui et qu’il aurait arrêté de me demander de sortir après que j’ai accepté la première fois. Il ne fait pas de commentaire sur ce que je viens de lui dire mais me surprend en posant une toute autre question.

― Tu n'es pas célibataire alors ?

― Si je le suis, pourquoi tu me demandes ça ?

― Je peux le prendre ? m'interroge-t-il sans répondre à ma question.

J’accepte en souriant, mais repensant à ce que Peter m’a dit. James est soit disant sous mon charme, il ne m’a jamais clairement demandé si j’étais célibataire, je lui ai juste dit que je ne cherchais pas de relation, il s’en est fait la conclusion tout seul. Mais il vient clairement de douter. Je place Dorian dans ses bras. James a l’air d’être à l’aise et semble sincèrement heureux ce qui me surprend vraiment. Il regarde mon fils avec un grand sourire et place son doigt dans la minuscule main de mon bébé, qui le serre aussitôt.

― Donc tu es vraiment célibataire ? demande-t-il sans me regarder et laissant toute son attention sur Dorian.

― Je le suis, oui. Et tu ne m’as toujours pas répondu quand je t’ai demandé pourquoi ça t’intéresse. Tu ne cherches qu’une amie, non ?

J’espère avoir une réponse cette fois-ci et je ne sais pas si je dois avoir peur de ce qu’il pourrait dire. Comme je l’ai dit à Peter il me plait physiquement, mais je ne le connais pas suffisamment bien pour qu’il me plaise autrement. James me regarde et me fait un petit sourire, avant de poser une toute autre question à laquelle j’aurai dû m’attendre.

― Et son père ?

Donc il n’est pas décidé à répondre à ma question. Et celle-ci ne me plaît pas forcément, voir pas du tout. Je ne veux pas en parler, je ne suis pas prête, c’est toujours douloureux de devoir parler de Jason, de ne pas ressentir la culpabilité quand je repense à sa mort. Pourtant je me décide quand même à lui répondre en disant la vérité, sans pour autant en dire de trop.

― Il est décédé pendant mon premier mois de grossesse.

J’espère sincèrement qu’il ne va pas m’en demander plus, mais il relève soudain la tête alors qu’il était concentré sur Dorian, reportant son attention sur moi plutôt que mon fils alors que je baisse la mienne avant qu’il ne puisse ancrer son regard au mien et y déceler quoi que ce soit.

― Qu'est-ce qu'il lui est arrivé ?

Je n'ai pas envie de répondre à cette question. Je sens les larmes me monter aux yeux et j’ai peur de ne pas pouvoir les retenir si j’ouvre la bouche pour quoi que ce soit. Je préfère donc me lever sans lui répondre. James m’appelle, mais je me dirige sans un mot vers la cuisine, pour préparer le biberon de Dorian, heureusement il ne m'y suit pas. Quand je reviens m'asseoir près de lui avec le biberon dans la main il me fixe sans un mot. Je sais qu’il se doute de quelque chose, de tout ce qu’il pense il sera sûrement à côté de la plaque, mais ça n’empêche qu’il sait que quelque chose ne va pas. Ça se voit à son regard posé sur moi, à son silence pesant alors qu’il aime toujours insister. Je ne supporte pas cette tension et je préfère briser le silence plutôt que d’attendre qu’il ouvre la bouche et regretter qu’il me pose une autre question. Je tends le biberon dans sa direction et lui propose de lui donner.

― J'adorerais, répond-t-il avec un grand sourire.

Je lui donne et le regarde nourrir mon fils. Je suis en admiration devant ce moment, Dorian n'a pas l'air le moins du monde perturbé et fixe James sans le lâcher du regard. Ce dernier le fixe aussi et laisse passer quelques minutes avant de briser le silence.

― Tu m'expliqueras un jour ?

― Expliquer quoi ?

Je sais pertinemment ce qu’il veut mais je ne peux pas m’empêcher de lui demander. Il doit se douter que ce n’est sûrement pas une histoire habituelle, pas un décès commun.

― Ce qui est arrivé à son père. Tu as déménagé ici après ça pas vrai ? devine-t-il facilement.

Je ne suis pas surprise qu’il l’ait deviné, les calculs ne sont pas difficile à faire entre mon arrivé ici, la grossesse et la mort de Jason.

― Un mois après, oui.

― Dorian est un très beau bébé, il a ta bouche, dit-il pour changer la conversation.

Je sourie à sa remarque et le remercie, autant pour le compliment que pour avoir changé de sujet, ça je ne lui dis pas explicitement, mais je pense qu’il le comprend.

― J'ai toujours voulu avoir un bébé assez tôt, m’avoue-t-il ensuite, mais ma femme n'en a jamais voulu.

― Ta femme ?!

Je ne pensais pas m’exclamer aussi fort, la surprise m’a pris de court et je ne comprends pas. J’ai une étrange douleur qui vient me serrer l’estomac, mais que je préfère ignorer pour le moment. J’attends plutôt que James m’explique.

― Mon ex-femme, précise-t-il aussitôt voyant mon état. J'oublie toujours que tu es une des rares personnes qui ne sait rien de moi.

La douleur disparaît instantanément et un léger sourire vient s’installer sur mes lèvres sans même que je n’y pense. Les réactions de mon corps trahissent ce que mon cerveau refuse à accepter et je commence à avoir peur du moment où je serais contrainte d’accepter ce qui se passe.

― J'ai été marié deux ans, de mes vingt-trois à mes vingt-cinq ans, m’explique-t-il alors que je ne dis rien. On a divorcé parce que je voulais des enfants et pas elle.

― Je suis désolée pour toi.

― Ne le sois pas. Ce n’était pas fait pour durer. Et j'en deviens de plus en plus ravie.

Il m’annonce ça avec son petit sourire timide. Ce même sourire qui fait exploser le niveau de mes hormones. Je ne sais pas ce qu'il me prend, mais je me penche vers lui et dépose un baiser sur sa joue, un peu trop proche de ses lèvres même si ce n’était pas calculé. Définitivement la faute aux hormones. Il sourit encore plus franchement quand je me redresse, il lève ensuite doucement sa main pour la poser sur ma joue, je le laisse faire, son toucher ne me dérange pas, je reste relaxé et ne me tends pas un seul instant. James avance doucement mon visage vers lui et m’observe tout du long sans jamais me presser. Si je veux tout arrêter et me reculer je peux, il m’en laisse l’occasion, mais mon cerveau ne me laisse pas bouger. Nos visages sont à nouveau proches, cette position commence à devenir une habitude. Tout comme le fait d'être interrompu exactement au même moment, l'interphone retentit au moment où il comble les derniers centimètres entre nous.

Sauvé par le gong.

Debout (Spin Off Relève moi)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant