" - Voilà, je ... Je connais cet homme. Je n'ai pas voulu te le dire parce qu'à l'époque, j'avais peur de ce que tu aurais pu penser de moi."

Julian cligna des yeux avant de jeter un œil au portrait d'Arthur Fleck affiché à la télé. Rose vit son regard se voiler un peu plus par l'angoisse mais il resta silencieux, respectueux du récit qu'elle continuait à lui narrer. Les questions viendraient sûrement plus tard, elle le savait.

" - Il était mon voisin d'immeuble avant ... tout ça. Un homme poli, gentil, serviable."

Elle ne savait pas vraiment pourquoi elle cherchait à lui rendre justice. Un vieux réflexe sûrement.

" - Et je ... Nous avons eu une relation amoureuse de quelques mois, avant qu'il ne vrille."

Elle avait presque avoué la fin de sa phrase dans un murmure, ses yeux baissés sur le bout de ses doigts alors qu'elle triturait un fil décousu de son chemisier. Julian garda à nouveau le silence, intégrant la nouvelle.

" - Mais je ... Julian, je ... J'étais bel et bien célibataire quand on s'est rencontrés. Je ne t'ai pas ...

- Rose. Ce n'est rien."

Elle retint sa respiration, se mordillant l'intérieur de la joue en scrutant le visage de son homme à la recherche d'un quelconque signe de colère ou de ressentiment. Mais elle ne vit rien de tout cela. Julian était certes, visiblement éprouvé par la nouvelle, mais il la regardait comme il l'avait toujours fait ... avec amour et respect.

" - Ce n'est rien." Répéta t-il. "Je me demande effectivement au bout de combien de temps tu me l'aurais dit si cela ne serait pas arrivé, mais je comprends tes raisons. Je ne comprends pas trop ce qu'une jeune femme comme toi pourrait faire avec un type comme lui, mais cela ne concerne que moi. C'est du passé, c'est tout ce qui compte. Tu peux me jurer qu'il n'y a plus rien entre vous aujourd'hui ?

- Non, bien sûr que non. Je ne me serais jamais engagée avec toi si c'était le cas. Nous avons rompus juste avant ses meurtres, puis il a été incarcéré.

- Alors c'est tout ce qui m'importe. Avec ton bonheur."

Il l'attira contre lui, ses bras musclés la ceinturant avec douceur contre son corps chaud. Rose avait soupiré de soulagement dans le cou du grand blond. Certes, elle avait menti sur le moment de sa rupture avec Arthur, mais ce n'était pas le plus important. À cet instant, Julian comprit un certain nombres de choses. Il assimila la raison des accès de mélancolie de sa compagne et pourquoi elle semblait parfois perdue dans ses propres pensées. Il caressa tendrement les cheveux de Rose en se jurant silencieusement de la protéger et de la rendre heureuse à tout prix. Lorsque son regard de bronze croisa celui d'émeraude à l'écran, Julian serra la mâchoire. Qu'avait-elle du vivre auprès de ce grand malade ?

03h30

Rose soupira, les yeux rivés sur les aiguilles de son réveil. Elle n'avait pas eu le courage d'éteindre la lampe de chevet, ses angoisses profiteraient de l'obscurité pour bondir sur elle. Autour de sa taille, le bras de Julian se voulait rassurant et protecteur. En vérité, elle avait l'impression d'étouffer. Les murs de leur chambre à coucher étaient trop oppressants, les draps trop suffocants. Tout ce qu'elle voulait c'était que quelqu'un lui retire l'énorme poids qu'elle avait sur la poitrine.

Merde. Arthur était en train de courir les rues de Gotham, à la recherche de je ne sais quoi. Peut-être d'elle ... Qu'allait-elle faire s'il la retrouvait ? Qu'allait-il lui faire ? Mais la pire des questions était probablement celle qui revenait régulièrement dans son esprit ... As-tu envie qu'il te retrouve ?  Rose était incapable de savoir ce qu'elle désirait au plus profond de son être.

Another LoveWhere stories live. Discover now