II. Le château et la princesse.

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Ce grand saut lui avait ouvert les yeux sur deux choses :

la première, c'est que les adultes avaient tort ; la peur préserve seulement de faire ses propres expériences.

la deuxième, c'est qu'on ne peut pas voler, sauf par la pensée.

Alors elle rêva, c'était sa façon à elle de déployer ses ailes invisibles qui commençaient à s'engourdir dans son esprit.


Le problème dans son monde colorié aux pastelles grasses et à l'acrylique, c'est que les adultes aiment tout gribouiller au crayon à papier gris.


Tout d'abord, on l'empêcha de devenir en se racontant. Le crayon griffonnait des grondements dans le ciel orageux de ses parents lorsque la petite fille parlait de ce qu'elle aimait, faisait à l'école ou voulait devenir.

« Tout le monde s'en fiche, alors tais-toi donc ! Tu parles trop ! »

Ensuite, ils s'acharnèrent à tâcher son rire en dessinant un doigt sur leurs lèvres et des gros yeux noirs dès qu'un éclat de joie sortait de la bouche de la petite fille. Comme ensorcelée par un charme maléfique, son rictus s'évanouissait et les larmes la gagnait une fois le soir venu.

Après, ils la gardèrent enfermée dans une grande maison qui poussait des hurlements affreux. La petite fille s'imaginait dans la nuit qu'il s'agissait du manoir hanté d'un princesse. Le parquet qui grinçait, devenait en réalité les ricanements des fantômes qui rodaient dans les longs couloirs. Ces derniers, d'ailleurs, s'amusaient à s'allonger sans arrêt pour perdre la petite princesse lorsqu'elle tentait de s'échapper. Les murs, quant à eux, avaient des yeux et des oreilles, alors il fallait être bien silencieux. Les escaliers s'amusaient parfois à manger les pieds des petites filles un peu trop joueuses, c'est pour ça qu'elle se dépêchait de monter ou de descendre quand ils appelaient le monstre aux gros yeux.


Ainsi, elle était devenue sans le savoir la prisonnière d'un palais où bien d'autres avant elle avaient péris. Sans jamais voir le monde, elle était enfermée sous clefs dans cette immense bâtisse qui gardaient les pires secrets, ceux des adultes, sans que jamais personne ne pipe mot.

Elle continuait cependant à aller dans ce jardin aux mille et une couleurs, à s'envoler par la pensée en se jetant de la vieille balançoire turquoise. Mais surtout, à l'abris des yeux et des oreilles des grandes personnes, la petite fille cachait derrière ses yeux un grand secret : elle se voyait voler pour de vrai. Elle ne retombait plus sur le sol lorsqu'elle fermait les paupières, partant dans un endroit magique.

Déployant de grandes ailes blanches et volant avec les oiseaux. Loin des adultes et de leur monde en noir et gris, où personne ne riait, personne ne se racontait, personne n'écoutait, sauf lorsqu'ils font les gros yeux et qu'ils crient.

La fille au cœur de verre.Where stories live. Discover now