Conscient que le gris attendait toujours sa réponse, il acquiesça lentement. Une larme s'échappa du coin de son œil et vint arroser la couverture. Plongeon qui n'échappa pas au mi-loup.

- Je suis désolé... s'excusa le blond, la voix tremblante. Je voulais pas... Enfin, c'est que... J'ai tellement peu l'habitude que quelqu'un reste avec moi sans m'abandonner à cause de ma malchance que j'ai fini par m'attacher... Je voulais pas que tu le saches parce que je voulais pas que tu m'abandonnes... M-mais je suppose que c'est quelque chose qu'on peut difficilement cacher toute sa vie... Je- je te promets que ça va passer, j'ai j-juste besoin d'un... d-d'un peu de t-temps...

Quelques autres larmes ne tardèrent pas à suivre et à rejoindre la première. Razor comprit que Lisa avait vu juste concernant les inquiétudes du blond et sourit tristement en pensant à ce qu'avait pu endurer Bennett, ayant peur de faire une gaffe et d'être rejeté. À nouveau. Il tenait tant à lui, à leur amitié qu'il avait délaissé ses propres sentiments. Le gris se mordit la lèvre, se dit que c'était maintenant ou jamais, s'approcha sans faire de bruit, Bennett sanglotant toujours ; il posa délicatement ses mains en coupe sur les joues du blond, essuyant ses larmes au passage, lui sourit doucement - Bennett ne comprit pas vraiment ce qu'il se passait - et posa timidement ses lèvres sur celles, humides et salées, de l'aventurier.

Le blanc écarquilla les yeux, on-ne-peut-plus étonné par ce geste innatendu, et hoqueta sous la surprise. Razor avait fermé les siens, profitant de la chaleur qui se répandait dans chacune de ses veines sous l'exaltation de ce simple geste. Sa poitrine se gonfla, comme s'il reprenait de l'air après avoir été en longue apnée, et il s'appuya un peu plus contre le blond, écrasant leurs bouches comme si sa vie en dépendait.

Bennett ferma les yeux à son tour. Il n'était pas certain de ce qui était en train de se passer. Peut-être était-ce un rêve, il n'avait pas vraiment envie de savoir, en fait. Il voulait simplement profiter, il voulait entendre les palpitations de son cœur, il voulait sentir son estomac faire dix loopings dans son ventre. Il pouvait sentir la respiration du gris, et cela le fit frissonner.

Razor rompit leur baiser, laissant leurs visages à quelques centimètres l'un de l'autre, et leurs regards s'accrochèrent. Bennett l'interrogeait silencieusement, les joues plus rouges que jamais ; Razor doutait que les siennes soient en meilleur état. Ils reprirent sagement leur souffle - et leurs esprits - avant que le gris reprenne subitement la parole.

- Bennett.

Le susnommé déglutit et hocha la tête, articulant un simple « Mmh ».

- Razor est...

Il se tut, baissant le regard. Non, pas comme ça. Professeur Lisa essayait tant bien que mal de lui faire corriger cette conjugaison qu'il maîtrisait si mal. Il avait cette fâcheuse manie de parler de lui à la troisième personne. Mais une petite voix dans sa tête lui intima de faire un effort. Juste pour cette fois.

Il reprit une petite inspiration et planta à nouveau ses yeux dans ceux, verts, de Bennett.

- Je t'aime.

Le cœur de Bennett s'arrêta. Littéralement. Celui de Razor s'emballa. Il s'était trompé ! Il ne voulait pas dire ça, de base, parce qu'il existait plusieurs sortes d'amour et Bennett pourrait penser qu'il s'agissait d'un autre... Sur le moment, il avait pensé que c'était la meilleure chose à dire, mais maintenant qu'il y repensait, ça n'était pas bon.

- Veut dire... bégaya-t-il pour tenter de se rattraper. Je t'aime en romantique. Amour amoureux. Je suis amoureux. De toi.

- Oui, ça je crois... Que j'avais compris...

De nouvelles larmes naquirent aux coins de ses yeux et il s'empressa de les essuyer du revers de la main. C'était tellement... Irréel... Il n'y croyait pas. Enfin, il avait eu un ou deux petits moments d'espoir, mais il n'aurait jamais pensé...

- M-mais tu es sûr que c'est... Celui-là, d'amour ?

- Oui. Sûr.

Le blond ne put s'empêcher d'éclater à nouveau en sanglots, enfouissant sa tête dans le cou de son homologue. Le gris lui caressa affectueusement le dos, le serrant dans ses bras à l'en étouffer. Ça ne sembla pas gêner Bennett, bien au contraire.

- Pour de vrai, hein ? demanda-t-il enfin, d'une toute petite voix.

- Pour de vrai, affirma le mi-loup.

Pour appuyer ses propos, l'argenté l'embrassa à nouveau, baiser auquel Bennett répondit timidement. Le blond passa ses bras autour de la nuque du gris pendant que ceux de ce dernier entouraient ses hanches. C'était un baiser un peu brouillon, probablement parce que c'était leur premier ; leurs lèvres se mouvaient avec hésitation, les deux garçons ne savaient pas vraiment comment s'y prendre.

Finalement, tout s'était déroulé naturellement, instinctivement. Le premier contact de leurs deux langues avait un peu dérouté le plus petit, mais ça n'était pas si déplaisant, au final. Leur soirée s'était rythmée entre les câlins et les baisers de plus en plus confiants qu'ils s'échangeaient, entrecoupés de sourire tendres, de gentilles caresses et de mots réconfortants. Bennett ne s'était jamais senti aussi comblé et chéri de toute sa vie ; Razor avait découvert un tout nouveau sens du mot "famille" et était bien décidé à en prendre le plus grand soin jusqu'à sa mort. Ils s'étaient ensuite endormis dans les bras l'un de l'autre, leurs jambes et leurs bras entrelacés, souffles entremêlés.

Acceptation [Rannett]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant