Acceptation [Rannett]

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Ils s'étaient ensuite promenés tranquillement, tous les deux, pendant que le blond racontait à son nouvel ami – on pouvait dire qu'il était devenu son ami, non ? – ses dernières aventures qui, comme toutes les autres précédentes, s'étaient terminées de façon désastreuse.

– Barbara doit me prendre pour un fou ! s'exclama-t-il en riant. À peine me voit-elle franchir les portes de l'église qu'elle lève les yeux au ciel et se précipite à mes côtés, prête à me soigner. Elle me répète sans arrêt que je devrais arrêter de me mettre en danger comme ça, mais je n'y peux rien si la chance n'est jamais de mon côté ! De toute façon, elle me connaît suffisamment pour savoir que je n'arrêterai pas mes expéditions, quand bien même je perdrais une jambe ou un bras.

– Bennett beaucoup aimer aventure, répondit le mi-homme en hochant la tête.

– Ça oui ! L'aventure, c'est comme mon oxygène. Tiens ! s'enjoua-t-il en se tournant vers le gris. Et si nous partions à l'aventure ensemble, un de ces jours ?

L'autre regarda en l'air avant d'acquiescer. Bennett avait l'air gentil, il était drôle et parlait beaucoup. Il avait surtout l'air peu dégourdi, et cela inquiétait un peu l'argenté de le savoir dans la forêt, tout seul, sans personne pour l'aider. D'après ses nombreux voyages, il ne lui arrivait jamais rien de bon... Qu'aurait-il fait si ce lapin ne l'avait pas conduit jusqu'à lui ?

– D'accord. Razor protéger Bennett malchanceux.

Le blond rit de gêne en se grattant l'arrière de la tête. Razor semblait avoir bien compris que partout où l'aventurier passait, il jouait avec le feu. C'était plutôt mignon que l'autre garçon veuille le protéger, mais Bennett craignait surtout qu'à vouloir jouer les gardes du corps, le gris ne s'ennuie de sa présence. Son sourire perdit un peu de son éclat à l'idée que, comme ses anciens compagnons, l'argenté finisse par le laisser tomber pour ne pas être impliqué dans ces histoires de chance et de malchance. C'était souvent de cette manière que les choses se déroulaient : les nouveaux amis de Bennett, qui n'avaient pas eu vent de sa réputation, finissaient par le laisser tomber à la première catastrophe, plus rarement à la seconde. Et bien que le blond ne le montrait jamais, ça lui faisait mal. Qui ne serait pas blessé de voir tous ceux qui lui sont cher leur tourner le dos, à cause de lui ? Bennett n'était pas plus fort que les autres ; il savait bien cacher sa peine, c'était tout.

En fait, ce n'était pas tout à fait vrai. Il avait quelques amis, qui se comptaient sur les doigts de la main, certes. Mais Aether, Barbara, Fischl, Oz, Catherine, ils étaient là pour lui. Bon, Aether était souvent embarqué dans les aventures les plus farfelues, Oz et Fischl n'étaient pas souvent de passage à Mondstadt, Barbara ne sortait pas de la cathédrale et Catherine restait à son poste de la guilde des aventuriers. Mais il savait qu'il pouvait compter sur eux, et qu'il pourrait toujours les trouver à leurs côtés. Parce que malgré sa malchance, ils étaient restés à ses côtés, l'avaient supporté, aidé le long de la pente abrupte de ses soucis. Et le blanc leur en était plus que reconnaissant.

Sa gorge se serra à l'idée que Razor, qu'il connaissait à peine et dont il commençait déjà à s'attacher, finirait peut-être par s'en aller, lui aussi. Il avait espoir que le gris devienne réellement son ami, mais savait qu'il ne devait jamais trop espérer. L'espoir faisait vivre, certes ; mais il détruisait chaque fois une petite partie de notre cœur, un petit morceau de notre âme.

Le trajet se finit dans une ambiance silencieuse. Razor avait remarqué le trouble de Bennett, mais ne savait pas quoi dire pour lui remonter le moral ou le rassurer. Il se contenta donc de se rapprocher de lui, laissant un petit espace entre leurs bras, afin de lui montrer sa présence, sans savoir si ce geste était vu comme rassurant ou non. Le blond le remarqua, ne fit pas de commentaires mais fut secrètement touché par l'initiative. Un léger sourire vint repeindre son visage, et il baissa la tête, observant ses pieds. Peut-être que Razor n'était pas comme les autres, finalement.