-Pourquoi portez-vous des manches longues en été ?

Elle connaissait la réponse mais voulait l'entendre de sa bouche et tester son obéissance.

-Pour cacher des cicatrices, le long de mes avant bras.

Aucune hésitation dans sa voix.

-Pourquoi donc ? Être blessé fait partie des risques quand on est un Chevalier.

-C'est moi qui me les suis infligés lors d'une bataille, elles me rappellent de mauvais moment et attirent le regard des soldats.

-D'après votre réponse, vous ne vous considérez pas comme un soldat. Vous êtes d'ailleurs le seul à vous faire appeler Chevalier alors que ce titre n'existe plus dans mon armée.

-En effet, ils ne me considèrent pas comme l'un des leurs, un humain. De plus votre mère l'ancienne Reine s'est acharnée à me faire comprendre que je suis un Chevalier, votre Chevalier et rien d'autre.

L'image de ce jeune garçon en sang qu'elle avait cru être en premier lieu un petit elf lui revint en mémoire. Ce soir où Hayra était venue accueillir sa mère qui rentrait d'une longue expédition et lors de laquelle elle était tombée sur ce jeune garçon au regard froid profondément enfoui dans les bras d'un soldat. De son perchoir, il semblait intouchable, inatteignable, indestructible et incroyablement puissant. Quand ses yeux gris, légèrement teintés de rouge, croisèrent les siens, Hayra avait frissonné. Ce frisson restera à jamais gravé dans sa mémoire, dans sa chair et même au plus profond de ses os.

-Mère vous a donc bien élevé...? Quel type d'éducation avez-vous reçu ?

Il sembla enfin gêné et peina à formuler une réponse.

-Euh...Je..ne sais pas... Comment pourrais-je qualifier cela ?

Un coup de canne, des insultes, des cris permanents, des entraînements à l'épée sous la pluie, la neige ou le soleil, des montagnes de livres, d'histoire, de sciences, de stratégie, de géographie et bien plus, des pleurs, ses pleurs, ses larmes.

Tout ce qui avait constitué son éducation vint le frapper de plein fouet. Il ne savait tout simplement pas quoi répondre, il aimerait trouver un bon moment, un joyeux souvenir mais rien ne lui vint. Et il savait pertinemment qu'il ne pouvait pas dévoiler à sa Majesté de quoi était réellement constituer son éducation. De plus, il était reconnaissant envers la regrettée Reine de l'avoir sorti de ce précédent enfer que constituait l'orphelinat.

Mais n'était ce pas pire...?

Toutes ces insultes, toutes ces menaces, tout ces hurlements à la moindre erreur et ce manque cruel de compliments quand il réussissait enfin.

N'était ce pas un enfer différent mais d'autant plus douloureux voir pire ?

-Chevalier Marlone ? Il releva ses yeux qu'il avait baissé sans s'en rendre compte. Êtes vous encore avec moi ?

Il revint le plus vite et le plus fort possible à la réalité.

-Oui, veuillez m'excuser... Mon éducation a été compliquée et longue. Comme vous le savez je suis un orphelin...Je ne savais que très légèrement lire et à peine écrire mon propre prénom... Mais sa Majesté l'ancienne Reine m'a tout appris et à persévérer pour que je puisse me tenir ici devant vous et tenir une conversation correcte. Je lui en suis éternellement reconnaissant.

Elle sourit.

En appuyant sur le fait que sa mère l'avait aidé et sur sa reconnaissance, il a pu flatter l'égo de Hayra. Pas de chance elle avait subit le même genre d'éducation et savait parfaitement de quoi il en retournait.

Un simple Oracle [EN PAUSE]Where stories live. Discover now