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~ — Père, mère !

   Ils se tournent vers moi. Je veux leur faire part de ma décision. Il faut qu'ils sachent.

— Je souhaite m'entretenir avec vous.

— Nous sommes occupés, Artémis. Revient plus tard. Répond Zeus sans m'accorder un regard au contraire de Léto.

— Nous devrions écouter ce qu'elle a à nous dire.

   Père défait son regard de sa feuille pour le tourner vers moi. Je crois qu'ils ont remarqué mes yeux rougis. Il m'indique de prendre place à la table.

— C'est au sujet d'Hadès.

— Je ne veux pas entendre parler de lui Artémis !

— Laisse-la, ne l'interromps pas.

   Merci mère. Heureusement que vous êtes là.

— Je ne supporte plus de voir les sentinelles ou mes proches mourir, souffrir les uns après les autres. Je suis venu vous dire au revoir.

    La mine horrifiée de mère et le poing de père qui tape contre la table me rendent triste.

— Il est hors de question que tu le rejoignes. Moi vivant, tu ne sauras jamais à ses côtés !

   Étant immortel... Il ne cessera jamais de me protéger de son frère.

— Père, ceci relève de ma décision et de mon avenir. Vous n'avez pas...

— Très juste Artémis, cela relève de ton avenir et l'avenir de ma fille est extrêmement important. À aucun prix, nous te laisserons entre ses mains. Tu m'entends ?

— Oui père. Mais je...

— S'il faut t'enfermer pour que tu ne deviennes pas une lâche alors nous le ferons. Apollon nous y aidera, tu peux en être certaine.

   Protéger ses proches, c'est être une lâche ? Je ne vois pas ceci de cette manière. En suis-je réellement une ? Moi qui suis une guerrière dans l'âme ? Une Déesse.

— Hadès cessera tout dès que je serais à ses côtés.

   Il tape une nouvelle fois du poing brisant le bois de la table. Il se lève en hurle presque.

— Cesse, dont tes inepties ! Je n'en ai que faire de ça ! Nous sommes tous prêts à nous battre pour toi ! Ne rends pas les efforts de tous et surtout la mort de nos alliés inutiles, comme si ça n'avait été que vain. Tu es une guerrière et une véritable tête de mule, je ne t'ai pas élevé comme ça ! Je ne veux plus jamais entendre que tu souhaites partir. Est-ce que c'est bien clair ?!

— Oui père.

   La tête baissée, je quitte le lieu. Il a raison, si je me livre à mon oncle, tout ce qu'on a fait, tout ceux qui sont décédés le seront pour rien.

   Je me dirige dans mes appartements. En chemin, je croise Sandro qui discutait avec Apollon.

— Que se passe-t-il ? M'interroge ce dernier. Pourquoi avez-vous pleuré ?

— Ce n'est rien.

   Je tente un sourire, malheureusement les deux hommes me connaissent assez pour voir que je ne suis pas bien.

— Artémis, ne nous mentez pas à nous. Me somme Sandro. Nous vous connaissons suffisamment pour décélérer ce sourire superficiel.

— Je suis épuisée, je vais me reposer.

    Je les dépasse pour rentrer dans ma chambre et m'allonger dans mon lit. Quelqu'un toque et je lui demande de partir, chose que la personne ne fait pas en rentrant.

   Une masse s'allonge à mes côtés et me tourne pour que je sois sur le dos. Des baisers se posent sur la peau de mon cou. Je refoule Sandro dont l'odeur et les actions n'appartiennent qu'à lui.

— Pas aujourd'hui. Je dis dans un murmure.

— Tu dois en effet être fatiguée pour refuser.

— Mmm.

— Je t'aime ma petite étoile.

   J'ouvre les yeux. Notre histoire ne date pas d'hier, mais tout de même. Nous faisons régulièrement nos affaires dans cette chambre. Que l'un de nous deux soit triste, énervé, joyeux ou je ne sais quelle autre émotion, ça ne nous empêche pas de faire nos petites affaires.

    Je lui ai proposé que l'on se tutoie dans nos moments intimes, mais en aucune façon nous n'avons abordé le sujet de l'amour. Un sujet assez sensible me ​​concernant.

— Je ne souhaite pas que tu répondes à mes sentiments. Je souhaite juste te rappeler que je suis à tes côtés, que tu peux tout me dire.

   Pourquoi je me souviens de ceci à ce moment précis ? Comment est-ce que j'ai pu penser une seule seconde me livrer à Hadès ? ~

   Il se trouve en face de moi et pourtant, je ne vois que les corps de mes alliés qui gisent au sol. Morts ou agonisants. J'ai envie de hurler. Hurler ma peine et surtout ma rage. Je ne sais pas comment il a fait pour tous les faire tomber d'un seul coup. Ils étaient debout et la seconde d'après à terre.

— Qu'as-tu fait ?! Qu'est-ce que tu as fait ?!!!

— Absolument rien, mais on dirait que mes sentinelles les ont massacrés.

   Je cherche immédiatement Diego, Apollon, Zeus et Aiden. Les deux frères sont au sol à respirer laborieusement à me regarder. Une douleur me comprime la poitrine. Je vois les deux derniers membres de ma famille allongés morts. Je ne peux m'empêcher de laisser mes larmes couler.

   Un rire moqueur et sinistre s'élève dans mes oreilles. Je dévisage de nouveau mon oncle qui prend un malin plaisir de se foutre littéralement de ma gueule et surtout celle d'Apollon et Zeus.

— Non mais regarde-moi ces deux vermines. Un coup et op ils sont morts.

— Je t'interdis de dire du mal d'eux ! Dis-je m'élançant dans sa direction.

   Il me repousse sans grand mal, en continuant à s'exprimer.

— Tu n'as plus personne. Plus aucune famille, à part moi. Rejoins-moi. Après tout, que comptes-tu faire à présent toute seule ? Plus les personnes n'aient en vie pour te protéger.

— Ferme-la ! Tu ne sauras jamais ma famille ! Tu m'entends !

   Entendre certains gémirent de douleur, particulièrement entendre les deux frères couiner rend ce moment épouvantable et extrêmement douloureux. De savoir que toutes ces personnes meurent par ma faute me révulse.

— Tu n'as pas le droit de retirer la vie de qui que ce soit pour ton égoïsme.

— Artémis... S'élève la voix agonisante d'une femme.

   Je regarde cette femme, cette femme qui m'a élevée pendant 18 années de sa vie, délaissant sa propre fille. Pourquoi ne m'a-t-elle pas dit lors de mon séjour sur Terre qu'elle était mère ? Pourquoi n'est-elle pas rentrée la voir ? Sa fille, qui doit avoir 25 ans, n'a pas grandi avec sa mère. Et elle, elle n'a pas eu le plaisir de voir sa fille grandir et tout ça pour quoi ? Pour une question de pouvoir ?

   Je tombe à genoux sur le sol poussiéreux. Pas un mot ne sort de ma bouche tremblotante.

≈≈≈

Académie OllphéistWhere stories live. Discover now